Depuis plusieurs années, une guerre silencieuse, mais terriblement efficace, se joue sur tous les continents, dans tous les domaines : la guerre de l’information orchestrée par Pékin. Au cœur de cette stratégie : l’effacement progressif de Taïwan de l’espace médiatique, culturel, diplomatique et technologique mondial. Ce combat ne se fait pas par des bombes, mais par des clics, des contrats et des pressions politiques. Et ce qui dérange profondément les autorités chinoises, ce n’est pas seulement la démocratie taïwanaise ou son succès économique : c’est son existence même, libre, indépendante et prospère, qui contredit le récit officiel de l’unité nationale imposée par Pékin. Nous parlons ici de la guerre de l’information que mène Pékin à Taïwan mais surtout dans le monde entier.
Une stratégie de propagande globale et méthodique
Pékin ne recule devant aucun moyen pour redéfinir la réalité selon ses intérêts. Dans les musées et galeries d’art européens, on ne parle plus de « Taïwan » ou du « Tibet », mais de « Province chinoise » ou « Région autonome », comme si l’histoire et les peuples concernés n’avaient jamais existé. Cette réécriture géopolitique de la culture se poursuit en ligne : sur de nombreux sites internationaux, Taïwan a disparu des options de géolocalisation, remplacée par « Taiwan, province de Chine », en violation flagrante de la réalité diplomatique de fait.
Mais le plus inquiétant est la manipulation directe des opinions publiques : des influenceurs du monde entier sont payés pour ne mettre en avant que les « réussites » chinoises, évitant soigneusement les sujets sensibles. Plus grave encore, des influenceurs taïwanais sur TikTok et YouTube sont rémunérés pour propager des fausses informations, dévaloriser leur propre pays, ou se moquer de ceux qui osent encore parler d’indépendance. La désinformation devient ainsi une arme, subtile mais puissante, pour affaiblir la confiance dans la démocratie taïwanaise, à l’intérieur comme à l’extérieur.
La volonté d’effacement de Taïwan sur la scène internationale se manifeste également par la manipulation délibérée de la Résolution 2758 de l’ONU, utilisée à tort pour faire croire à la communauté mondiale qu’elle tranche la question du statut de Taïwan en la reconnaissant comme une province de la Chine, alors qu’en réalité, cette résolution ne mentionne jamais Taïwan et ne se prononce nullement sur son statut.
Une pression politique omniprésente et sans limites
Le gouvernement chinois exerce également une pression diplomatique constante. Il interdit à Taïwan de siéger dans les grandes organisations internationales comme l’OMS, même en temps de pandémie mondiale, mettant en danger des millions de vies simplement pour des raisons idéologiques. Il presse des États comme l’Afrique du Sud de renommer son bureau de représentation taïwanais, réduisant symboliquement l’île à une entité commerciale sans légitimité politique.
Dans le domaine du sport, les médias du monde entier sont priés de parler de « Chinese Taipei » et non de « Taiwan », même lors des Jeux olympiques. Et lorsque des journaux osent ne serait-ce que relater les faits objectivement, Pékin exige des réécritures pour les conformer à sa propre vision du monde. Ceux qui résistent sont blacklistés, harcelés, ou tout simplement interdits d’accès.
Et que dire des condamnations arbitraires d’intellectuels, de journalistes, ou d’éditeurs, parfois pour de simples mots ou prises de position sur Taïwan ? Ou des vidéos d’opérations militaires d’invasion diffusées en ligne comme des démonstrations de force ? Même les frontières physiques ne sont plus un frein, avec la colonisation progressive de terres au Bhoutan en dépit du droit international. Ces actes sont autant de signes d’un impérialisme informationnel et territorial qui avance masqué. Sans compter les îlots artificiels en mer des Philippines pour gagner du terrain… rien ne dit que Pékin ne fera pas la même chose sur les îles entre le continent et Taïwan…
Un appel à la vigilance citoyenne et au courage démocratique
Face à cette guerre silencieuse, notre responsabilité collective est immense. En tant que citoyens éclairés, nous avons le devoir de faire preuve de discernement, de ne pas céder à la propagande simpliste, ni aux récits uniques imposés par des régimes autoritaires. Refuser l’argent pour déformer la vérité, c’est résister. Refuser de relayer des discours fabriqués, c’est se battre pour la liberté.
Les valeurs démocratiques ne sont rien quand tout va bien. Elles prennent tout leur sens quand le monde devient complexe, quand la peur gagne du terrain, quand la vérité est manipulée. Si nous renonçons à les défendre par confort ou par intérêt, alors ce ne sont plus des convictions : ce ne sont que des paravents pour masquer notre lâcheté.
Taïwan n’est pas un simple point sur une carte : c’est un symbole du courage démocratique, de la liberté d’expression et de la résistance pacifique. Et c’est à nous, partout dans le monde, de ne pas le laisser disparaître sous les coups d’une stratégie d’effacement méticuleuse.
La vigilance est un devoir. Le silence, une complicité.
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