Après que la République Populaire de Chine ait remplacé Taïwan à l’ONU en 1971, Pékin augmente son influence et Taïwan doit faire des concessions importantes pour participer à des événements internationaux. Taipei Chinois (chinois simplifié : 中国台北), une de ces concessions, est le nom utilisé par Taïwan quand elle participe à des organisations internationales à cause de la non-reconnaissance du pays par la Chine.
Taipei Chinois pour participer aux Jeux Olympiques
En 1979, le CIO décide que le Comité olympique de Pékin devient le Comité olympique chinois et un autre nom doit être trouvé pour le Comité olympique de Taïwan. Les dirigeants de Taïwan, à cause d’un nationalisme chinois exacerbé à l’époque, insistent sur le fait que la notion de Chine doit apparaître dans le nom utilisé par l’île pour prendre part aux compétitions. Abandonnant la chance de pouvoir s’appeler Taïwan, notamment aux JO de Montréal en 1976, même si aux JO de Tokyo en 1964 le nom Taïwan était utilisé.
Un argument en faveur de l’intégration du mot « chinois » dans le nom à choisir est le fait que le Comité Olympique de la République de Chine comprend Taïwan, Penghu, Kinmen et Matsu et qu’utiliser seulement le mot de Taïwan ne valorise pas l’ensemble du territoire. Enfin les élites taiwanaises de l’époque affirmaient que les habitants de l’île étaient avant tout chinois et non taïwanais.
Le Kuomintang rejette la dénomination « Taïwan, Chine » car elle insinue que Taïwan n’est qu’une province de la Chine. La Chine refuse toute dénomination qui impliquerait une reconnaissance d’une indépendance de facto de Taïwan, par l’intermédiaire de son nom (comme République de Formose, Taïwan…). Finalement un compromis est trouvé par les deux parties, autour de Taipei Chinois, un terme neutre, aux limites géographiques vagues.
En novembre 1979 à Nagoya, le CIO et les autres fédérations internationales de sports, adoptent une résolution selon laquelle le Comité olympique de Taïwan est reconnu sous l’appellation Comité olympique de Taipei Chinois. Cependant, en désaccord avec ses élites sur cette résolution, le Comité National Olympique de Taïwan la conteste et boycotte les JO d’hiver et d’été de 1980.
Le nom Taipei Chinois est, en fin de compte, officiellement accepté par le gouvernement et le comité national olympique de Taïwan en 1981. Un drapeau portant l’emblème de son comité olympique sur un fond blanc devient le drapeau olympique de Taipei Chinois, la même année. L’accord est signé le 23 mars à Lausanne par Shen Chia-ming, président du Comité Olympique de Taipei Chinois, et Juan Antonio Samaranch, président du CIO. Et depuis les JO d’hiver de 1984, Taïwan participe aux compétitions internationales (JO, Jeux Paralympiques, Jeux Mondiaux, Ligue mondiale de Baseball…) avec ce nom et ce drapeau.
Dans quelles organisations retrouve-t-on le nom de Taipei Chinois ?
Taipei chinois est très souvent utilisé dans les contextes apolitiques quand l’île possède un siège. La Chine a réussi à convaincre les organisations politiques, religieuses et civiques de désigner Taiwan par Taipei Chinois. Le FMI, la Banque Mondiale, Le conseil International pour la Science, la Coopération Economique pour l’Asie-Pacifique, l’OMS sont parmi les nombreuses organisations internationales qui utilisent le nom « Taipei chinois » en lieu et place de Taïwan.
Les concours de beauté comme Miss Monde, Miss Univers et les autres autorisent Taïwan à participer à condition que le nom représenté soit « Taipei Chinois ». Quand quelque fois, un organisateur de concours international accepte que les concurrentes concourent sous la bannière de Taïwan, il finit toujours par faire marche arrière sous pression de la Chine et d’obliger les participantes à utiliser la bannière « Taipei Chinois » comme ce fut le cas pour le concours Miss Terre de 2005.
Depuis les Jeux olympiques d’été de 2004, un mouvement à Taïwan s’est engagé afin de changer les références de tous les médias pour appeler l’équipe Taipei Chinois, l’équipe taïwanaise. La Taiwan Television (TTV) est un des premiers médias à le faire. Cependant de nombreux médias utilisent encore les termes Zhonghua Team pour Taïwan et Zhongguo Team pour la Chine.
D’autres appellations dans d’autres organisations
Même si Taipei Chinois est le nom le plus couramment utilisé dans les instances internationales, il existe d’autre dénominations pour désigner Taïwan.
- Territoire douanier distinct de Taïwan, Penghu, Kinmen et Matsu
L’Organisation Mondiale du Commerce utilise officiellement le terme de Territoire douanier distinct de Taïwan, Pengdu, Kinmen et Matsu même si dans les documents officiels on peut retrouver Taipei Chinois.
- Taïwan, province de la Chine
La plupart des organisations internationales dans lesquelles la Chine a un siège ne reconnaissent pas Taïwan. Ainsi quand l’ONU fait référence à Taïwan elle la désigne sous le nom de Taïwan, province de la Chine. Il en va de même des Organisations qui sont des émanations de l’ONU ou des organisations qui en suivent les recommandations. nt participe ne reconnaissent pas en général Taïwan ou ne permettent pas son adhésion.
- Chine/République de Chine
Certaines organisations non gouvernementales dans lesquelles la Chine n’est pas représentée (Mouvement Scout) ou des organisation interdites en Chine (Franc-Maçonnerie) continuent à utiliser le terme « Chine » ou « République de Chine ».
On peut également noter que les pays qui maintiennent des relations diplomatiques avec Taïwan, en particulier les plus anciens alliés diplomatiques, désignent également Taïwan sous le nom de Chine. Par exemple, durant les funérailles du pape Jean-Paul II, l’ancien président de Taïwan Chen Shui-bian a été installé au premier rang avec les représentants du Brésil et du Cameroun notamment.
- Chine-Taipei
L’Union Astronomique Internationale désigne, quant à elle, Taïwan sous le nom de « Chine-Taipei ». Il est à noter que la Chine et Hong Kong sont appelés « Chine-Nanjing » et « Chine-Hong Kong ».
Paradoxalement l’utilisation du nom Taipei Chinois ou d’une autre appellation, donne à certaines personnes à penser que Taipei est un pays à part entière et indépendant, ce qui, à l’origine était l’opposé de ce que souhaitait la Chine.