Pendant l’occupation japonaise de Taïwan de 1895 à 1945, des milliers de femmes taiwanaises ont été enrôlées de force dans le système de réconfort, une forme de travail forcé dans les bordels militaires japonais. Ces femmes, appelées les « femmes de réconfort », ont subi des abus sexuels, physiques et psychologiques pendant leur travail forcé. Cependant, l’histoire des femmes de réconfort taiwanaises est souvent méconnue et leur souffrance a longtemps été ignorée. Ce n’est que récemment que des efforts ont été déployés pour reconnaître leur expérience et lutter pour leur justice et leur réparation.
Victimes méconnues de l’occupation japonaise
Les femmes de réconfort taïwanaises étaient souvent recrutées par des agents japonais, qui utilisaient des méthodes trompeuses et coercitives pour les enrôler. Certaines femmes ont été kidnappées et emmenées dans les bordels militaires, tandis que d’autres ont été piégées par de fausses offres d’emploi ou de mariage. Les femmes de réconfort étaient souvent très jeunes, parfois âgées de seulement 12 ou 13 ans.
Une fois enrôlées, ces femmes étaient forcées de travailler dans des conditions extrêmes. Elles étaient confinées dans des bordels militaires où elles devaient fournir des services sexuels à des dizaines de soldats japonais chaque jour. Elles étaient souvent soumises à des viols collectifs, à des maladies sexuellement transmissibles et à des avortements forcés. Celles qui refusaient de se conformer aux demandes des soldats japonais étaient battues ou punies sévèrement.
Les femmes de réconfort taïwanaises ont travaillé dans ces conditions pendant des années, certaines jusqu’à la fin de la guerre en 1945. Beaucoup ont perdu leur santé mentale et physique, tandis que d’autres ont perdu la vie en raison de la maltraitance ou de maladies contractées dans les bordels militaires. Elles ont subi des abus inhumains et ont été privées de leur liberté, de leur dignité et de leur humanité. La reconnaissance de leur souffrance et la poursuite de la justice pour les victimes restent des enjeux cruciaux pour de nombreuses personnes et organisations taïwanaises.
Lutte pour la reconnaissance et les réparations
Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les femmes de réconfort taiwanaises ont lutté pour obtenir justice et réparation pour les abus qu’elles ont subis pendant leur travail forcé. Cependant, de nombreuses femmes ont eu du mal à parler de leur expérience en raison de la stigmatisation sociale, de la honte et de la discrimination.
Malgré ces obstacles, elles ont mené de nombreuses manifestations et rassemblements pour attirer l’attention sur leur situation et demander des excuses et des réparations du gouvernement japonais. Certaines ont même déposé des plaintes en justice pour demander des compensations financières. Le gouvernement taïwanais a également mis en place des mesures pour reconnaître et honorer ces femmes taiwanaises. En 1995, le gouvernement taïwanais a érigé un monument commémoratif, en reconnaissance de leur souffrance et de leur sacrifice.
En 2011, le gouvernement taïwanais a créé la Fondation pour la réparation des femmes de réconfort, qui fournit une aide financière et une assistance médicale aux survivantes. Cette fondation vise également à promouvoir l’éducation et la recherche sur l’histoire des femmes de réconfort, ainsi que la promotion des droits des femmes.
En 2018, le gouvernement taïwanais a annoncé la création d’un parc commémoratif national pour honorer les femmes de réconfort, ainsi que la construction d’un musée et d’un centre de recherche sur leur histoire. Le parc commémoratif est prévu pour être construit à Taipei, tandis que le musée et le centre de recherche sont prévus pour être construits à Tainan, la ville où beaucoup de femmes ont été enrôlées de force dans ce système.
Mesures mises en place pour honorer leur mémoire
Malgré les efforts pour reconnaître la souffrance des femmes de réconfort taiwanaises, de nombreux obstacles restent à surmonter pour garantir la justice et la réparation pour ces victimes.
Tout d’abord, le nombre de femmes de réconfort taiwanaises ayant survécu à cette époque est très limité. Beaucoup de ces femmes sont décédées sans avoir pu raconter leur histoire ou sans avoir reçu d’indemnisation. Il est donc difficile de mesurer l’ampleur des abus et de trouver des moyens de compenser adéquatement ces femmes.
De plus, la stigmatisation et la honte entourant le travail forcé dans les bordels militaires ont empêché de nombreuses femmes de parler de leur expérience pendant de nombreuses années. Cela a rendu difficile la reconnaissance et la poursuite de la justice pour ces victimes, car de nombreux cas n’ont jamais été signalés ou ont été enterrés dans le silence.
En outre, la reconnaissance de la culpabilité japonaise est un sujet de débat, car le gouvernement japonais n’a pas encore fourni d’excuses officielles ou de réparations financières aux femmes ou aux autres victimes sexuelles. Certains groupes continuent de demander que le gouvernement japonais fournisse une réparation adéquate et reconnaisse sa responsabilité dans ces abus.
Enfin, les efforts de reconnaissance et de réparation pour ces femmes sont également entravés par les relations politiques complexes entre Taïwan et le Japon. Les relations entre les deux pays sont souvent tendues en raison de questions historiques et territoriales, ce qui rend difficile la résolution des problèmes liés à la reconnaissance et à la réparation des femmes de réconfort taiwanaises.
Informations Pratiques : AMA MUSEUM (阿嬤家 和平與女性人權館)
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