L’industrie du cinéma taïwanais a subi une transformation dans les années 1980 en réponse à la popularité croissante du cinéma de Hong Kong. Une nouvelle vague de réalisateurs a émergé qui a réalisé des films d’art et d’essai tournés vers le social. Ces films ont mis au centre des préoccupations les failles de la société et da la culture taïwanaises. Plaçant ainsi le cinéma taïwanais sur la carte mondiale du 7ème art.
Afin de dynamiser l’industrie, la Central Motion Picture Corporation (CMPC) a lancé un projet de soutien aux nouveaux réalisateurs taïwanais. Cela a commencé par le rajeunissement du cinéma taïwanais qui s’est développé sous le nom de Nouvelle Vague. En hommage à la Nouvelle vague française. Les films New Wave étaient connus pour leur représentation réaliste de la vie, ce qui contrastait avec les mélodrames ou les scènes d’actions exacerbées qui étaient plus courants dans les décennies précédentes.
Hou Hsiao-Hsien, leader de la nouvelle vague taïwanaise
L’une des figures les plus importantes de la Nouvelle Vague est bien sûr Hou Hsiao-Hsien. Le style de Hou est généralement très simple, utilisant de longues prises avec un minimum de mouvement de caméra. Se concentrant sur des événements dramatiques de l’histoire. Et leurs effets sur la vie de petits groupes de personnages. Il encourage ses acteurs à improviser et à réagir de manière instinctive et le plus naturellement possible sous l’œil de sa caméra qui se veut la plus discrète possible.
Son film, A City of Sadness (1989), est un drame historique qui se déroule à la fin des années 1940 pendant la «Terreur blanche». Le film est centré sur une famille touchée par l’affrontement entre les Taïwanais locaux et le gouvernement nationaliste chinois nouvellement arrivé après la Seconde Guerre mondiale. C’était révolutionnaire car c’était le premier film à traiter ouvertement d’événements qui ont eu des effets catastrophiques sur des milliers de Taïwanais. Ce film a été le premier film en langue chinoise à remporter le prix du Lion d’or au Festival du film de Venise.
Edouard Yang, à l’origine de la nouvelle vague
Une autre figure clé de la Nouvelle Vague est Edward Yang, l’un des quatre réalisateurs impliqués dans le film In Our Time (1982), qui est le premier film soutenu par le CMPC sous le label Nouvelle Vague. L’un des premiers chefs-d’œuvre de Yang a été son film Taipei Story de 1985, pour lequel il a choisi le cinéaste Hou Hsiao-Hsien comme personnage principal. Le film est un regard sans concession sur la classe moyenne de Taiwan.
Les films de Yang se concentrent souvent sur le conflit entre les valeurs modernes et traditionnelles. Il considére ses films comme de l’art. Et ne les créé pas pour des raisons commerciales. Outre son film Yi Yi (2000), une grande partie de son travail est difficile à trouver car il est peu distribué en dehors de l’île. Et il s’oppose à la distribution commerciale en raison de sa position sur le mercantilisme et la cupidité dans les arts. Mais un film comme A Bright Summer Day est connu de nombreux cinéphiles.
Ang Lee, de la nouvelle vague aux blockbusters internationaux
Ang Lee est le réalisateur le plus reconnu de la deuxième vague. Il est né en 1954 à Chaochou à Pintung de parents chinois. Il s’est intéressé à l’art du jeu d’acteur dés son plus jeune âge. Et après le service militaire obligatoire, il est allé en Amérique pour étudier le théâtre et la mise en scène.
Sa femme, une biologiste moléculaire, est devenue soutien de famille et l’a soutenu afin qu’il puisse poursuivre sa passion pour le cinéma. En 1990, Lee a soumis deux scénarios Pushing Hands et The Wedding Banquet, qui se concentraient sur la vie des Américains d’origine chinoise.
En 1995, il retourne à Taiwan pour tourner Eat Drink Man Woman, puis plus tard cette année-là, il tourne en Angleterre Sense and Sensibility. Ce film devient son premier film à obtenir une renommée internationale.
En 2000, Crouching Tiger, Hidden Dragon lui vaut sa première nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur, qu’il remporte ensuite pour Brokeback Mountain en 2005. Ang Lee est connu pour son travail très diversifié mais aussi pour ses thèmes récurrents d’aliénation, de marginalisation et de répression. Son travail porte également l’opposition entre la modernité et les traditions.
Tsai Ming Liang, l’iconoclaste de la nouvelle vague
Tsai Ming Liang, bien que moins connu internationalement, est l’un des réalisateurs les plus importants de la nouvelle vague. Il est d’origine ethnique chinoise, mais est née en Malaisie. Et déménage à Taipei, à l’âge de 20 ans. Il affirme que cela a eu un impact énorme sur son esprit et sa psyché, ce qui a très certainement influencé son travail.
Son film Vive L’Amour (1994) a peu de dialogues pour refléter son thème de l’aliénation urbaine. Il suit trois personnes qui, à travers différents événements, et qui se retrouvent dans le même appartement à Taipei. L’aliénation urbaine et le peu de dialogue deviennent sa marque de fabrique. Les films de Tsai ont remporté de nombreux prix dans des festivals de cinéma. Et ont été acclamés dans le monde entier.
Les autres réalisateurs clés de la Nouvelle Vague taïwanaise sont Chen Kunhou, Te-Chen Tao, I-Chen Ko et Yi Chang. En 1990, les cinéastes de la Nouvelle Vague cèdent la place à ce qu’on appelle la Deuxième Nouvelle Vague. Celle-ci était moins axée sur le réalisme mais étaient toujours engagée à dépeindre une perspective uniquement taïwanaise.
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