Cette année, plus de 50 pays abritant la moitié de la population de la planète doivent organiser des élections nationales. De l’Inde au Mexique, du Royaume-Uni à la Russie, les résultats de ces élections permettront de tester les forces des démocraties face aux fake news et autres désinformations.
Taïwan, un exemple à suivre ?
Lors des élections du 13 janvier, beaucoup craignaient que la Chine utilise la désinformation pour influencer le vote à Taïwan. En luttant contre la désinformation, qu’elle soit chinoise ou nationale, Taïwan montre la voie aux autres démocraties qui vont organiser des élections cette année. À Taïwan, une réponse rapide a été mise en place face à la propagation de fausses informations. Des équipes spécialisées dans la vérification des faits ont immédiatement réfuté les rumeurs, tandis que la Commission électorale centrale a organisé une conférence de presse pour réfuter fermement les allégations d’irrégularités lors des élections.
Des influenceurs tels que @FroggyChiu, qui compte plus de 600 000 abonnés, ont également diffusé des vidéos explicatives sur YouTube, expliquant comment les votes sont comptabilisés.
Dans une vidéo très partagée, une femme qui enregistre les votes écrit accidentellement un dans la colonne du mauvais candidat. Le constat était clair : l’élection manquait de crédibilité. Les résultats étaient faux. Cependant, les vérificateurs de faits ont découvert que la vidéo avait été éditée de manière sélective. Les électeurs du bureau de vote ont repéré l’erreur de la femme et les agents électoraux ont rapidement corrigé le décompte, selon MyGoPen, un chatbot taïwanais indépendant de vérification des faits. Ce n’est qu’une parmi des dizaines de vidéos que les vérificateurs de faits ont dû examiner.
« Je pense que certaines personnes y ont cru sincèrement et, lorsque les résultats des élections ont été publiés, elles ont pensé qu’il y avait quelque chose de louche », a déclaré Eve Chiu (邱家宜), rédactrice en chef du FactCheck Center de Taïwan, une organisation journalistique à but non lucratif.
Les partisans de Ko Wen-je (柯文哲), président du Parti populaire de Taïwan et candidat à la présidence, ont massivement diffusé des vidéos sur TikTok, largement relayées par la suite sur Facebook. Avant l’annonce des résultats de l’élection, de nombreux observateurs envisageaient la possibilité que Ko soit battu dans la course, en raison de l’attention considérable qu’il avait suscité en ligne, malgré le soutien notamment de nombreux jeunes.
Les habitants de Taïwan ont refusé d’adopter une législation plus stricte obligeant les plateformes de médias sociaux à surveiller leurs sites. En 2022, une proposition en ce sens a été retirée suite à des préoccupations concernant la liberté d’expression.
La désinformation, l’affaire de tous
La Chine a ciblé Taïwan avec un flux de désinformation avant les élections, comme l’a montré une étude de DoubleThink Lab. Une grande partie de cette désinformation visait à saper la confiance dans le parti démocrate progressiste sortant et à le présenter comme belliqueux et susceptible de déclencher une guerre que Taïwan ne peut pas gagner. D’autres récits visaient le soutien de Washington à Taipei, affirmant que les États-Unis étaient un partenaire indigne de confiance, uniquement intéressé par les exportations de semi-conducteurs de Taïwan, et qui ne le soutiendrait pas en cas de guerre avec la Chine.
Si Taïwan a pu réagir efficacement à la désinformation chinoise, c’est en partie parce que la menace y est perçue avec le plus grand sérieux, explique Kenton Thibaut, chercheur résident et expert en désinformation chinoise au Digital Forensic Research Lab de l’Atlantic Council.
Au lieu d’opter pour une approche fragmentaire, Taïwan a adopté une approche complexe, qualifiée de « réponse de l’ensemble de la société » par M. Thibaut. Cela implique le gouvernement, des groupes indépendants de vérification des faits et même des citoyens pour lutter contre la désinformation et la propagande, au lieu de se concentrer uniquement sur l’éducation aux médias ou de compter exclusivement sur le gouvernement pour vérifier les fausses rumeurs.
Le représentant aux États-Unis, Alexander Yui, a déclaré que le gouvernement avait appris qu’il devait identifier et démystifier les fausses informations le plus rapidement possible afin de contrer les faux récits. « Il faut les repérer tôt, comme une tumeur ou un cancer. Coupez-la avant qu’elle ne se propage », a déclaré M. Yui à propos de la désinformation étrangère.
La désinformation, une lutte sans fin
Des groupes de la société civile comme MyGoPen et le Taiwan FactCheck Center, qui a reçu un million de dollars de financement de Google, se sont concentrés sur la sensibilisation du public en démystifiant les rumeurs rapportées par les membres du public. L‘éducation aux médias sur les fausses nouvelles et l’environnement numérique progresse, mais lentement, affirment ceux qui sont en première ligne.
« C’est comme dans le passé, lorsque tout le monde jetait les bouteilles et les canettes à la poubelle et qu’aujourd’hui on les trie, cela s’est fait grâce à une période d’éducation de la société », a déclaré M. Chiu. Tout le monde doit lentement développer cette conscience, et cela prend du temps.
Bien que les élections se soient déroulées sans crise majeure, le défi existe toujours. En effet les efforts chinois de désinformation sont devenus de plus en plus localisés et sophistiqués, comme l’a montré l’analyse post-électorale de DoubleThink Lab.
Article traduit de l’anglais du Taipei Times
Article original publié le 29 Janvier
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