Taïwan face aux défis hydriques du changement climatique

Taïwan peut faire face à une crise hydrique aggravée par le climat. Solutions, enjeux et avenir pour l’eau à Taïwan.

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Chaque année le 22 mars, la Journée mondiale de l’eau est l’occasion d’attirer l’attention sur les enjeux cruciaux liés à l’eau douce. En 2025, le thème retenu par les Nations unies est la préservation des glaciers, des réservoirs naturels qui abritent près de 70 % de l’eau douce de la planète. La fonte accélérée de ces glaciers, sous l’effet du réchauffement climatique, provoque d’abord des crues et inondations, puis, à plus long terme, une pénurie d’eau durable. Partout dans le monde, des milliards de personnes sont déjà confrontées à une insuffisance d’eau potable, un phénomène exacerbé par la disparition progressive de ces « châteaux d’eau » glaciaires. Sans les glaciers pour alimenter rivières et nappes souterraines, de nombreuses régions – des bassins de l’Himalaya aux Andes, en passant par l’Afrique de l’Est – voient leurs sources se tarir, mettant en péril l’agriculture, la santé et l’accès élémentaire à l’eau.

Face à ce constat mondial alarmant, Taïwan apparaît comme un cas emblématique des défis hydriques posés par le changement climatique. L’île subtropicale, pourtant arrosée de pluies abondantes chaque année, se retrouve de plus en plus souvent en situation de stress hydrique. Dans cet article, nous dresserons un état des lieux des problématiques liées à l’eau à Taïwan – entre sécheresses inédites, gestion complexe des ressources et vulnérabilité climatique – et nous évoquerons les conséquences concrètes pour la population ainsi que les solutions envisagées, du niveau gouvernemental jusqu’au geste individuel.

Un enjeu mondial : la fonte des glaces menace l’eau douce

Avant de zoomer sur Taïwan, il convient de replacer la question de l’eau dans son contexte planétaire. La thématique 2025 de l’ONU, axée sur les glaciers, souligne le rôle vital de ces derniers dans le cycle de l’eau. Lorsque les glaciers fondent rapidement, ils libèrent d’énormes volumes d’eau douce en un temps bref, provoquant des catastrophes naturelles (inondations soudaines, glissements de terrain). Mais une fois ces stocks millénaires épuisés ou réduits, c’est le scénario inverse qui se produit : les rivières s’assèchent en été, les sols s’aridifient et les populations en aval subissent des sécheresses prolongées. À l’échelle globale, le recul des glaces perturbe donc gravement l’équilibre hydrologique.

On estime que 70 % de l’eau douce mondiale est retenue dans les glaciers et calottes polaires. Leur disparition progressive, à cause du réchauffement climatique, menace d’entraîner une véritable crise mondiale de l’eau. De nombreuses grandes rivières – comme le Gange, le Yangtsé ou l’Amazone – sont en partie alimentées par la fonte des neiges et glaces en montagne. Si cette source venait à diminuer drastiquement, l’irrigation agricole, l’hydroélectricité, et l’approvisionnement en eau potable de centaines de millions de personnes seraient compromis. La Journée mondiale de l’eau 2025 vise ainsi à alerter sur ce danger silencieux qu’est la fonte des glaciers, et à encourager les nations à prendre des mesures pour préserver ces réservoirs naturels et mieux gérer la ressource en eau.

Le paradoxe de l’eau à Taïwan : abondance de pluies mais pénuries fréquentes

Taïwan, île montagneuse d’Asie de l’Est située sous les tropiques, illustre bien la complexité des défis hydriques actuels. Paradoxalement, l’île reçoit en moyenne chaque année environ 2 500 mm de précipitations – soit plus de deux fois la moyenne mondiale –, ce qui représente un volume total d’environ 90 milliards de mètres cubes d’eau de pluie. Sur le papier, cette dotation naturelle pourrait laisser penser que l’eau douce y abonde largement. Pourtant, Taïwan fait partie des régions du monde développées les plus exposées au stress hydrique et aux coupures d’eau. Comment expliquer ce paradoxe ?

D’abord, la répartition saisonnière et géographique des pluies à Taïwan est très inégale. Près de 78 % des précipitations tombent entre mai et octobre, durant la saison de la mousson d’été et le passage des typhons. À l’inverse, la période allant de l’automne à la fin de l’hiver (novembre à avril) est une longue saison sèche, avec très peu de pluies. Cette alternance marquée signifie qu’il faut stocker l’eau abondante de l’été pour subvenir aux besoins de la saison sèche. Or, c’est là qu’intervient le second facteur : la géographie et l’hydrographie de l’île compliquent fortement la conservation de l’eau. Taïwan est un territoire très montagneux : les pluies torrentielles dévalent les pentes escarpées en provoquant des crues éclair, puis s’écoulent rapidement vers l’océan Pacifique par de courts fleuves côtiers. Une partie des eaux de pluie pénètre certes dans les sols et alimente les rivières, mais une proportion importante est perdue en ruissellement vers la mer faute de retenues naturelles suffisantes.

Le gouvernement taïwanais a bien construit une soixantaine de réservoirs artificiels (barrages) à travers l’île pour emmagasiner l’eau douce, mais ceux-ci ont une capacité limitée et sont confrontés à des problèmes de sédimentation. Au fil des ans, l’érosion des montagnes charge les rivières en limon et en sable qui finissent par s’accumuler au fond des barrages, réduisant leur volume utile. Par ailleurs, l’urbanisation rapide et l’imperméabilisation des sols limitent l’infiltration de l’eau dans les nappes phréatiques. En conséquence, malgré de fortes pluies annuelles, la quantité d’eau effectivement disponible par habitant à Taïwan est relativement faible – on parle souvent d’une disponibilité par habitant bien inférieure à la moyenne asiatique.

Cette combinaison de saisons contrastées, de relief accidenté et d’infrastructures de stockage insuffisantes rend Taïwan particulièrement vulnérable aux aléas climatiques. Les années où la saison des pluies est moins intense que d’ordinaire, l’île subit presque immédiatement des pénuries d’eau. Et avec le changement climatique en cours, ces situations autrefois exceptionnelles tendent à devenir plus fréquentes.

Sécheresses à répétition et changement climatique : un état des lieux à Taïwan

Depuis quelques années, Taïwan a connu plusieurs épisodes de sécheresse historique qui ont mis en lumière sa vulnérabilité. L’exemple le plus marquant reste la saison 2020-2021, durant laquelle l’île a traversé sa pire sécheresse depuis plus de 50 ans. Fait sans précédent, aucun typhon ne s’est abattu sur Taïwan en 2020, une première depuis 56 ans selon les climatologues. Or, les typhons – ces puissantes tempêtes tropicales – jouent un rôle crucial dans le régime hydrique taïwanais : ils apportent en été d’énormes quantités de pluies qui remplissent les réservoirs. En leur absence, les niveaux d’eau ont chuté dramatiquement. À l’automne 2020, la plupart des principaux réservoirs du centre et du sud de Taïwan étaient tombés sous les 30 % de leur capacité de remplissage, alors qu’ils devraient normalement être pleins à l’approche de la saison sèche hivernale. La situation a été aggravée par des précipitations hivernales exceptionnellement faibles début 2021.

Au printemps 2021, les autorités ont tiré la sonnette d’alarme : certains barrages étaient presque à sec. Le réservoir de Baoshan – qui alimente en eau la ville de Hsinchu et son parc scientifique – n’était plus qu’à 19 % de son niveau, frôlant l’épuisement. Plus au sud, le gigantesque réservoir de Tsengwen (le plus grand de Taïwan, dans le sud-ouest de l’île) est lui aussi descendu à un niveau critique. Des médias locaux évoquaient une situation potentiellement pire que toutes les sécheresses connues depuis 75 ans dans cette région. Sans une gestion rigoureuse, l’approvisionnement en eau de plusieurs millions d’habitants se trouvait menacé.

Un autre épisode préoccupant s’est produit récemment, début 2023, dans le sud de Taïwan. Après un automne 2022 et un hiver 2022-2023 très pauvres en pluies, le sud de l’île a connu une sévère sécheresse. À Alishan, une région montagneuse du sud prisée pour ses forêts de bambous, il n’est tombé que 226,5 mm de pluie entre janvier et avril 2023, soit moitié moins que l’année précédente sur la même période (d’après le Bureau central de météorologie de Taïwan). Les communautés autochtones locales, comme le peuple Tsou qui vit de la culture traditionnelle du bambou, ont vu leurs récoltes chuter drastiquement en raison du manque de pluie – certains chefs de village rapportent une baisse de deux tiers de la récolte de pousses de bambou par rapport à 2022. Là encore, le réservoir de Tsengwen a frôlé le point mort, ne représentant plus qu’une fraction de sa capacité normale en eau disponible.

Ces sécheresses à répétition ne sont pas de simples anomalies isolées, mais semblent s’inscrire dans une tendance liée au dérèglement du climat. Les scientifiques taïwanais observent déjà des changements : les températures moyennes augmentent, les vagues de chaleur s’intensifient et la distribution des pluies évolue. Les projections climatiques pour Taïwan indiquent que les événements extrêmes gagneront en fréquence et en intensité. Paradoxalement, il est possible que les typhons touchant directement l’île deviennent moins nombreux à l’avenir (certains modèles prévoient une baisse d’environ 50 % du nombre de typhons frappant Taïwan d’ici la fin du siècle), mais ceux qui surviendront pourraient être plus violents, apportant davantage de pluie en un seul épisode. Moins de typhons au total signifie potentiellement moins d’eau cumulée sur l’année, malgré des déluges ponctuels plus forts. Ainsi, sans adaptation, Taïwan pourrait voir sa pluviométrie annuelle globale diminuer sur le long terme, rendant les pénuries d’eau de plus en plus courantes.

Enfin, il faut noter que le réchauffement climatique global affecte Taïwan de multiples autres façons liées à l’eau : la hausse du niveau de la mer menace d’intrusion d’eau salée les aquifères côtiers, et la chaleur extrême augmente l’évaporation des réservoirs. Tous ces facteurs combinés dessinent un avenir où l’eau pourrait devenir une ressource encore plus précieuse et disputée sur l’île.

Conséquences pour la population, l’agriculture et l’industrie taïwanaises

Les crises de l’eau à Taïwan ont des impacts concrets et parfois douloureux sur la vie quotidienne, l’économie et l’environnement. L’ensemble de la société taïwanaise est concerné, des agriculteurs aux ingénieurs en passant par les foyers urbains. Voici un tour d’horizon des principales conséquences observées lors des récentes sécheresses :

  • Restrictions d’eau pour les habitants : En période de pénurie, les autorités ont été contraintes d’instaurer des rationnements d’eau drastiques. Par exemple, au plus fort de la sécheresse de 2021, plus d’un million de Taïwanais ont subi des coupures d’eau deux jours par semaine. Concrètement, dans plusieurs villes (notamment Taichung, Miaoli ou Hsinchu), l’eau courante était totalement interrompue certains jours selon un calendrier tournant, obligeant les habitants à stocker de l’eau à l’avance pour leurs besoins essentiels. Les fontaines publiques furent coupées, le lavage des voitures interdit, et des messages de sensibilisation incitaient chacun à économiser l’eau au maximum (prendre des douches courtes, éviter de laisser couler l’eau inutilement, etc.). Ces restrictions, inédites à cette échelle depuis des décennies, ont profondément marqué les esprits et rappelé que l’accès à l’eau potable n’est jamais acquis, même dans une société moderne.
  • Agriculture en souffrance : L’agriculture taïwanaise, notamment la culture du riz, dépend fortement de l’irrigation pendant la saison sèche. Lors des pénuries, le gouvernement a dû prendre des mesures radicales pour préserver l’eau. Dès fin 2020 et début 2021, l’irrigation a été suspendue sur 74 000 hectares de rizières, soit environ 25 % des terres irriguées de l’île – un record en vingt ans. Des milliers d’agriculteurs ont vu leurs champs laissés en jachère forcée, avec des pertes financières importantes à la clé. L’État a débloqué des compensations financières pour indemniser en partie les riziculteurs, mais celles-ci ne suffisent pas toujours à combler le manque à gagner et l’angoisse de perdre sa récolte. Outre le riz, d’autres productions sont touchées : dans le sud, le bambou (dont les jeunes pousses sont un aliment prisé) a dépéri par manque de pluie, poussant certains agriculteurs autochtones à envisager des cultures de remplacement comme le café. Les éleveurs de poissons d’étang, très nombreux dans certaines régions côtières, ont aussi souffert lorsque les ressources en eau douce pour renouveler et oxygéner leurs bassins se sont raréfiées. L’impact sur la sécurité alimentaire locale et les revenus ruraux est donc considérable.
  • Industrie sous pression : Taïwan est un acteur industriel majeur, en particulier dans le secteur des semi-conducteurs et de la high-tech. Or, la fabrication des puces électroniques nécessite d’énormes quantités d’eau ultra-pure pour le nettoyage des galettes de silicium. En temps normal, le géant taïwanais TSMC (Taiwan Semiconductor Manufacturing Company) consomme à lui seul plus de 150 000 tonnes d’eau par jour dans ses usines – l’équivalent du contenu d’une soixantaine de piscines olympiques chaque jour ! En période de sécheresse, cette demande industrielle devient difficile à satisfaire. Lors de la crise de 2021, afin d’éviter que les lignes de production ne s’arrêtent (ce qui aurait aggravé la pénurie mondiale de puces électroniques), des mesures exceptionnelles ont été prises. L’armée de l’air a procédé à des ensemencements de nuages pour tenter de faire pleuvoir artificiellement. Des centaines de camions-citernes ont été mobilisés chaque jour pour acheminer de l’eau vers les usines depuis d’autres régions moins affectées. Certaines entreprises high-tech ont même acheté de l’eau initialement allouée à l’irrigation agricole, exacerbant les tensions avec le monde agricole. Grâce à ces efforts, l’industrie a pu continuer de tourner, mais au prix de coûts logistiques élevés et d’une pression accentuée sur les autres usagers de l’eau. Cet épisode a mis en lumière la dépendance critique de l’économie taïwanaise vis-à-vis de la ressource en eau, et la nécessité d’une meilleure gestion intersectorielle en cas de crise.
  • Environnement et qualité de vie : Les pénuries d’eau entraînent également des effets en chaîne sur l’environnement et la vie quotidienne. Les cours d’eau à sec mettent en danger certaines espèces aquatiques et affaiblissent les écosystèmes des rivières et zones humides. L’assèchement des sols peut favoriser les incendies de forêt en saison chaude, un risque à ne pas négliger. Pour la population, au-delà des restrictions, la diminution des réserves peut aussi affecter la qualité de l’eau distribuée (les concentrations en polluants peuvent augmenter dans les retenues d’eau stagnantes). Les habitants rapportent par ailleurs un stress psychologique accru durant ces périodes : l’inquiétude de manquer d’eau au quotidien ou de voir les factures augmenter incite à changer ses habitudes et peut altérer le confort de vie (imaginez devoir réduire drastiquement les lessives, la vaisselle, l’hygiène domestique). Ainsi, la sécheresse ne se résume pas qu’à un chiffre de pluviométrie en baisse : c’est une réalité tangible qui perturbe la société dans son ensemble.

En somme, les récentes crises hydriques ont agi comme un révélateur des fragilités de Taïwan face au manque d’eau. Elles soulignent l’urgence d’agir à tous les niveaux pour renforcer la résilience de l’île, car les coûts économiques, sociaux et environnementaux de l’inaction seraient immenses.

Des pistes de solutions face à la crise de l’eau

Conscient de la gravité du problème, Taïwan cherche activement des solutions pour mieux gérer ses ressources en eau et anticiper les effets du changement climatique. Ces solutions se déclinent tant au niveau des politiques publiques et des infrastructures qu’au niveau individuel et communautaire.

Au niveau gouvernemental et politique

Sur le plan politique, les autorités taïwanaises ont commencé à déployer un arsenal de mesures pour atténuer la vulnérabilité hydrique du pays. Tout d’abord, d’importants investissements sont consentis dans les infrastructures hydrauliques. La construction de nouveaux réservoirs et la modernisation des barrages existants sont à l’étude pour augmenter la capacité de stockage d’eau pendant la saison des pluies. Parallèlement, des travaux de désensablement sont entrepris dans certains réservoirs envasés afin de restaurer du volume de stockage.

Taïwan explore également des sources non conventionnelles d’approvisionnement en eau. Ainsi, une usine de dessalement d’eau de mer a été mise en service dans la région de Hsinchu pour alimenter le pôle technologique en cas de besoin. D’autres unités de dessalement mobiles ou de plus petite échelle sont envisagées, en particulier pour les zones côtières arides du sud. De même, la réutilisation des eaux usées traitées gagne du terrain : les eaux industrielles ou domestiques, une fois épurées, peuvent servir à l’irrigation ou à certains usages industriels. Les grands industriels comme TSMC améliorent leurs processus pour recycler une plus grande fraction de l’eau utilisée dans leurs usines (déjà plus de 85 % de l’eau est recyclée dans certaines installations high-tech, et l’objectif est d’approcher autant que possible du zéro rejet).

En période de crise, le gouvernement a montré qu’il pouvait prendre des mesures d’urgence. On l’a vu, un pipeline d’urgence a été construit en quelques semaines en 2021 pour transférer de l’eau depuis la région relativement épargnée de Taoyuan vers la ville de Hsinchu assoiffée. Ce genre de transfert inter-régional pourrait être systématisé à l’avenir pour équilibrer les ressources en cas de déséquilibre géographique des précipitations. De plus, les autorités travaillent à améliorer le réseau de distribution pour réduire les fuites d’eau dans les conduites, car une part non négligeable de l’eau traitée peut se perdre par vieillissement des canalisations.

Sur le plan législatif et réglementaire, Taïwan renforce la planification et la gestion de la ressource. Un Comité national de l’eau a été mis en place pour coordonner les efforts entre ministères (agriculture, économie, environnement) et entre les gouvernements locaux. Des plans de contingence définissent à l’avance les priorités en cas de pénurie (par exemple, réduction d’abord pour certains usages industriels ou agricoles moins essentiels afin de garantir l’eau potable aux populations). La tarification de l’eau fait également débat : traditionnellement basse à Taïwan, elle pourrait être ajustée en période de rareté pour décourager le gaspillage tout en subventionnant un volume de base pour les besoins vitaux.

Enfin, Taïwan s’inscrit dans une logique de coopération régionale et internationale sur ces sujets. Bien que l’île ne soit pas membre de l’ONU, elle participe à des forums techniques sur la gestion de l’eau et le climat. Des partenariats sont noués avec des pays pionniers en technologies de l’eau : par exemple, des échanges avec Israël (leader en irrigation goutte-à-goutte et dessalement) ou avec l’Australie (qui a une expérience de la gestion de sécheresses extrêmes) permettent de partager des solutions adaptées. La recherche scientifique locale est encouragée, via Academia Sinica et les universités, pour affiner les projections climatiques régionales et développer des techniques innovantes (comme des matériaux moins gourmands en eau, des cultures agricoles résistantes à la sécheresse, etc.). Sur le front de la lutte climatique globale, Taïwan a également annoncé son ambition d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, contribuant ainsi à l’effort mondial pour limiter le réchauffement et, indirectement, freiner la fonte des glaciers et les dérèglements du cycle de l’eau.

Au niveau individuel et communautaire

Au-delà des politiques publiques, la solution passe aussi par une évolution des comportements et des initiatives au niveau individuel. Chaque citoyen taïwanais est encouragé à devenir un acteur de la préservation de l’eau au quotidien. Des campagnes de sensibilisation rappellent les gestes simples qui, multipliés par des millions de personnes, font la différence : réduire le débit lors des douches, réutiliser l’eau de lavage des légumes pour arroser les plantes, réparer sans tarder les robinets qui fuient, installer des chasses d’eau à double débit, etc. Dans les écoles, on enseigne dès le plus jeune âge l’importance de l’eau et les réalités du changement climatique, afin de créer une culture de la sobriété hydrique chez les nouvelles générations.

De plus en plus de foyers et d’immeubles s’équipent de systèmes de collecte des eaux de pluie. Ces citernes domestiques permettent de récupérer l’eau tombée sur les toits pendant la saison humide, pour la stocker et l’utiliser ensuite pour les toilettes, le nettoyage ou l’arrosage. Ce type d’initiative décentralisée, encouragée par certaines subventions locales, augmente la résilience au niveau du quartier et réduit la demande sur le réseau public en cas de sécheresse. Dans les zones rurales, des associations paysannes expérimentent des techniques traditionnelles de conservation de l’eau : création de bassins de retenue au fil des ruisseaux, paillage des cultures pour maintenir l’humidité du sol, ajustement des calendriers de plantation pour mieux coller au nouveau régime des pluies, etc.

Le rôle des ONG et organisations communautaires est également crucial. Des groupes comme l’Union pour la protection de l’eau de Taïwan ou Greenpeace Taiwan travaillent à la fois à informer le grand public et à interpeller les décideurs. Ils organisent des ateliers, des conférences locales, distribuent des guides pratiques sur l’économie d’eau et mobilisent les médias sur les enjeux environnementaux. Ces organisations offrent aussi une voix aux populations les plus touchées – agriculteurs, villages autochtones, quartiers défavorisés – pour que les solutions adoptées soient équitables et tiennent compte des besoins de chacun. Par exemple, il est important que les restrictions ne pénalisent pas injustement les petits agriculteurs par rapport aux industriels, ou les familles par rapport aux grands consommateurs commerciaux.

Enfin, l’expérience des sécheresses récentes a paradoxalement renforcé la solidarité entre Taïwanais. Dans les moments critiques, on a vu des voisins s’entraider pour partager des réserves d’eau, des campagnes de dons de bouteilles d’eau pour les villages les plus touchés, ou encore des communautés monter des tours de garde pour prévenir les feux de forêts en période de grande sécheresse. Cette résilience communautaire est un atout précieux face aux crises à venir.

Vers une gestion durable de l’eau à Taïwan

L’histoire récente de Taïwan montre à quel point l’eau conditionne la prospérité et le bien-être d’une nation. Si l’île a su relever d’immenses défis technologiques et économiques par le passé, le défi hydrique qui l’attend en cette époque de changement climatique est tout aussi crucial. La Journée mondiale de l’eau 2025 nous rappelle que la sécurité de l’eau est un enjeu mondial autant que local. À Taïwan, il s’agit non seulement de faire face aux urgences (sécheresses exceptionnelles, fonte des glaces lointaines qui modifie le climat régional), mais aussi de repenser en profondeur la relation à l’eau : mieux la économiser, mieux la stocker et mieux la partager.

Les efforts engagés – qu’il s’agisse d’infrastructures, de lois, de technologies ou de sensibilisation – sont encourageants, mais doivent se poursuivre et s’amplifier. La population, les experts, les agriculteurs, les industriels et les responsables politiques taïwanais semblent de plus en plus conscients de naviguer vers un nouveau normal climatique où chaque goutte compte. En innovant et en collaborant, Taïwan peut devenir un modèle de gestion durable de l’eau pour les autres régions du monde confrontées à des défis similaires.

En cette Journée mondiale de l’eau, le message est clair : qu’il s’agisse de glaciers à l’autre bout du monde ou des réservoirs de Taïwan, la protection de l’eau est l’affaire de tous. Préserver nos ressources hydriques aujourd’hui, c’est préserver la vie et l’avenir de nos sociétés pour demain.

Sources et références

  • World Vision France – « Journée mondiale de l’eau 2025 : la préservation des glaciers » (article explicatif sur le thème 2025 et le rôle des glaciers dans les ressources en eau).
  • Courrier International – « Une sécheresse historique à Taïwan menace d’aggraver la pénurie de puces » (20 avril 2021, reprenant des données du Wall Street Journal sur l’ampleur de la sécheresse 2020-2021 et l’impact sur l’industrie).
  • Reporterre – « À Taïwan, la sécheresse menace la production de puces électroniques » (7 avril 2021, par Adrien Simorre, décrivant en détail la sécheresse de 2020-2021 : absence de typhons, réservoirs à sec, mesures d’urgence, citation d’experts locaux).
  • GoodPlanet Mag (AFP) – « À Taïwan, la sécheresse menace les cultures de bambou » (11 juin 2023, reportage AFP soulignant les effets de la sécheresse dans le sud de Taïwan en 2023 sur les communautés autochtones et le réservoir de Tsengwen).
  • Wikipedia – « Climate change in Taiwan – Water resources » (résumé des projections scientifiques sur l’impact du changement climatique à Taïwan : baisse du nombre de typhons, précipitations plus irrégulières, risques accrus de sécheresse).
  • Greenpeace Taiwan – Rapport sur l’élévation du niveau de la mer et les risques climatiques (août 2020, mentionnant la vulnérabilité de 70 % de la population taïwanaise face à la montée des eaux et soulignant l’urgence d’actions climatiques locales).


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À propos de l'auteur

  • Luc

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