En janvier 1975, près de trente ans après la capitulation du Japon, un homme rentre à Taïwan après avoir survécu seul dans la jungle indonésienne. Cet ancien soldat de l’armée impériale japonaise, appelé Lee Kuang-hui (李光輝) par les Taïwanais mais connu sous le nom japonais de Nakamura Teruo, était issu du peuple autochtone Amis. Enrôlé de force dans une unité de volontaires Takasago – composée de Taïwanais indigènes – il avait été envoyé sur l’île de Morotai en 1944, où il perdit contact avec son unité lors de l’arrivée des troupes alliées. Déclaré mort par l’armée japonaise, Nakamura choisit de se terrer dans la forêt pendant des décennies, ignorant que la guerre était finie. Son retour tardif illustre le destin extraordinaire de certains des soldats taïwanais au service du Japon pendant la période coloniale. Qui étaient ces hommes originaires de Taïwan ayant combattu sous l’uniforme japonais, et quelles furent leur place et leur expérience au sein de l’armée impériale entre 1895 et 1945 ?
Contexte colonial et prémices de l’engagement militaire (1895‑1937)
En 1895, à l’issue de la première guerre sino-japonaise, la dynastie Qing céda Taïwan à l’Empire du Japon par le traité de Shimonoseki. Taïwan devint la première colonie japonaise, administrée par un Gouverneur-Général à Taihoku (Taipei). Durant les premières décennies de la domination coloniale, les Japonais mirent en place un pouvoir autoritaire et une politique d’assimilation culturelle, tout en exploitant économiquement l’île. Toutefois, les Taïwanais étaient exclus de l’appareil militaire japonais : aucun service militaire n’était imposé dans les « territoires extérieurs » de l’Empire (tels que Taïwan ou la Corée), et la conscription ne s’y appliquait pas. L’armée impériale comptait alors suffisamment de soldats japonais de métropole, et la méfiance envers les colonisés était forte. Jusqu’aux années 1930, la participation des Taïwanais à l’effort militaire japonais se limita donc à quelques rôles indirects, par exemple des auxiliaires locaux ou interprètes.
Cette situation commença à évoluer avec le déclenchement de la guerre sino-japonaise en 1937. Le conflit s’enlisant en Chine, Tokyo eut besoin de davantage de ressources humaines. Dès l’automne 1937, le gouverneur Kobayashi proposa d’utiliser la main-d’œuvre taïwanaise pour soutenir l’effort de guerre. Faute de pouvoir les incorporer comme soldats réguliers, l’armée recruta des auxiliaires civils, appelés gunshu (軍属) ou « militaires appartenés », chargés de tâches logistiques. Un premier contingent d’environ mille Taïwanais fut ainsi mobilisé fin 1937 pour servir de porteurs, conducteurs, cuisiniers ou ouvriers d’intendance sur le front en Chine. Au fil de la guerre, ce nombre ne cessa d’augmenter. Les Taïwanais recrutés n’étaient pas des combattants et n’avaient pas de statut militaire officiel : ils accompagnaient les troupes en tant que personnel de soutien. Néanmoins, cette mobilisation initiale marqua l’amorce de la participation taïwanaise à l’armée japonaise.
Afin de préparer le terrain à un éventuel engagement plus massif des colonisés, le pouvoir japonais intensifia dans les années 1940 sa politique d’assimilation impériale (皇民化運動, kōminka). On encouragea les Taïwanais à adopter les usages japonais (langue, noms, religion shintō) et à jurer fidélité à l’empereur. Les autorités utilisèrent aussi la propagande et la pression sociale : la presse et l’administration valorisaient le service militaire, créant l’idée que refuser de s’enrôler n’était « pas digne d’un homme ». Pour attirer des volontaires, on vanta les soldes élevées offertes aux recrues taïwanaises, nettement supérieures aux revenus locaux de l’époque. Cette campagne d’endoctrinement porta ses fruits lorsque la guerre du Pacifique éclata en 1941, amenant Tokyo à envisager d’élargir la participation des Taïwanais.
De l’auxiliaire au volontaire : l’engagement croissant (1937‑1944)
Avec l’extension du conflit en Asie-Pacifique, la mobilisation des Taïwanais prit de l’ampleur. Entre 1937 et 1945, environ 207 000 habitants de Taïwan servirent directement ou indirectement l’effort de guerre japonais, que ce soit comme soldats, auxiliaires ou travailleurs militarisés. Parmi eux, la grande majorité ne furent pas des combattants réguliers, mais des personnels d’appui. En effet, jusqu’en 1942, les Taïwanais incorporés dans l’armée impériale conservèrent le statut d’auxiliaires civils. On les envoyait sur les arrières fronts pour transporter le matériel, construire des routes, cultiver la terre dans les zones occupées ou remplir d’autres fonctions logistiques. Ainsi, des unités agricoles furent créées pour exploiter les ressources des colonies du Sud-Est asiatique au profit de l’armée. D’autres Taïwanais servaient dans les services de santé en tant que médecins ou infirmières auxiliaires, ou encore comme personnels des bases navales et de l’intendance. Dans l’ensemble, jusqu’au tournant de 1942, le soldat taïwanais restait cantonné à un rôle subalterne au sein de la machine de guerre nippone, reflétant la défiance persistante du commandement japonais à son égard.
Cependant, les revers militaires subis par le Japon à partir de 1942 incitèrent celui-ci à intégrer plus directement les colonisés dans l’effort de guerre. En avril 1942, l’armée impériale introduisit à Taïwan (ainsi qu’en Corée) un système de « volontaires spéciaux » (tokubetsu shiganhei), permettant aux jeunes hommes taïwanais de s’engager comme soldats réguliers sur une base volontaire. L’annonce de cette possibilité suscita un enthousiasme considérable : à chaque cycle de recrutement, des dizaines de milliers de candidats taïwanais se présentèrent spontanément pour seulement quelques centaines de places disponibles. Entre 1942 et 1945, l’armée de terre impériale n’accepta qu’environ 5 500 Taïwanais dans ses rangs, et la marine impériale environ 11 000 – des chiffres dérisoires au regard des centaines de milliers de volontaires inscrits. Cette sélection drastique s’expliquait en partie par le maintien d’un certain racisme institutionnel : peu de Taïwanais étaient jugés dignes de devenir de véritables « soldats impériaux », et beaucoup furent redirigés vers des unités de travail auxiliaire faute d’être choisis. Néanmoins, pour les milliers de jeunes finalement incorporés comme volontaires spéciaux, c’était une occasion inédite de porter l’uniforme japonais et de combattre pour l’empereur, ce qui conférait prestige et avantages matériels.

Parmi ces volontaires taïwanais figuraient notamment des lycéens et étudiants mobilisés via leurs écoles. Dès octobre 1943, des cérémonies publiques de « départ des étudiants au front » furent organisées à Taïwan, reflétant l’embrigadement patriotique de la jeunesse. L’endoctrinement imposé aux jeunes Taïwanais depuis 1937 – cours d’éducation impériale, entraînements paramilitaires et serments de loyauté – les avait préparés à accepter le sacrifice. Teng Sheng (鄧盛), un Taïwanais de 22 ans en 1943, raconte ainsi comment il fut convoqué par l’administration coloniale et envoyé « dans le Sud » comme technicien agricole au service de l’armée. Fils unique d’une famille dont il était le soutien, il hésitait à partir, mais « mon éducation m’avait inculqué de mettre le pays en premier, que mon corps devait servir l’empereur. J’y croyais dur comme fer et, même si je ne voulais pas y aller, je sentais que je le devais. Je n’ai pas songé à fuir mon devoir ». Sous la contrainte du devoir et de l’idéologie, Teng quitta Taïwan pour les îles occupées au sud, laissant derrière lui sa jeune épouse et ses parents âgés. Des témoignages comme le sien révèlent le mélange de résignation, de ferveur patriotique imposée et d’absence de choix qui caractérisait l’engagement de nombreux « volontaires » taïwanais.
Un cas particulier d’enrôlement volontaire concerne les Taïwanais d’origine autochtone (aborigènes austronésiens). Considérés par les Japonais comme des montagnards courageux et dotés d’aptitudes naturelles pour la vie dans la jungle, ces indigènes furent recrutés dans des unités spéciales appelées « volontaires Takasago ». À partir de 1942, l’administration coloniale organisa sept vagues de recrutement parmi les différentes tribus autochtones de l’île. La première vague incorpora 500 hommes choisis comme éclaireurs et auxiliaires de combat en milieu tropical. Déployés aux Philippines et en Nouvelle-Guinée, ils devaient initialement servir de porteurs, mais leur habileté à se déplacer et à survivre dans la jungle – pisteurs silencieux, tireurs d’élite, capables d’ouvrir des chemins dans la végétation épaisse – les fit vite reclassifier en tant qu’unités combattantes d’appui. Au total, plus de 2 000 autochtones taïwanais auraient servi dans les volontaires Takasago durant la guerre. L’histoire de Nakamura Teruo (Suniuo) évoquée en introduction est représentative du sort de ces hommes : envoyés en première ligne dans des conditions extrêmes, certains combattirent jusqu’au bout, au point de devenir les derniers soldats japonais à déposer les armes bien après 1945.
La conscription de 1945 : Taïwan dans la tourmente finale
Malgré l’apport des volontaires, les défaites successives de 1944 poussèrent Tokyo à franchir le pas d’une conscription généralisée à Taïwan. En janvier 1945, pour la première fois, les autorités coloniales instaurèrent officiellement le service militaire obligatoire sur l’île. Ironie de l’histoire, ce n’est qu’à cette occasion, dans les derniers mois de la guerre, que l’empereur accorda aux Taïwanais le statut de citoyens impériaux à part entière, via un édit leur conférant théoriquement les mêmes droits et devoirs qu’aux Japonais de souche. En pratique, des milliers de jeunes Taïwanais nés vers 1925 furent déclarés conscrits et appelés sous les drapeaux du Japon en 1945. Beaucoup furent intégrés dans des unités de défense locale sur le sol taïwanais en prévision d’un éventuel débarquement allié. On forma également en mars 1945 un corps de volontaires nationaux (國民義勇隊) incluant même des civils âgés, des femmes et des adolescents, destiné à la défense désespérée de l’île en cas d’invasion. La totalité de la société taïwanaise fut ainsi mobilisée dans un ultime effort de guerre, illustrant la doctrine japonaise du « 100 millions de morts pour l’empereur » (les Japonais comptant sacrifier toute leur population plutôt que de capituler).
En réalité, peu de conscrits taïwanais eurent l’occasion de combattre véritablement. Si certains furent expédiés en renfort sur des fronts extérieurs en 1945, la plupart restèrent cantonnés à Taïwan, occupés à construire des fortifications, à s’entraîner ou à participer à la défense antiaérienne. Les Alliés ne lancèrent finalement aucune invasion terrestre de l’île, bien que Taïwan subît de lourds bombardements américains en 1944-45. En août 1945, la capitulation du Japon mit fin soudainement à la mobilisation : les conscrits taïwanais furent démobilisés sans avoir pu « s’illustrer » au combat, et l’administration coloniale japonaise se retira. Néanmoins, durant les huit années de guerre du Pacifique (1937-1945), des dizaines de milliers de Taïwanais avaient été dispersés sur divers théâtres d’opérations en Asie, que ce soit comme travailleurs militarisés, comme volontaires ou comme conscrits tardifs. Cette diaspora involontaire allait compliquer le rapatriement et le bilan humain après-guerre.
Pour récapituler l’ampleur de cette mobilisation, le tableau ci-dessous présente les chiffres estimés des Taïwanais ayant servi l’armée japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale :
Catégorie de personnels taïwanais | Période | Nombre estimé |
---|---|---|
Auxiliaires non-combattants (gunshu) recrutés (militaires, ouvriers, etc.) | 1937‑1945 | ≈ 126 750 |
Soldats réguliers (volontaires spéciaux et conscrits) | 1942‑1945 | ≈ 80 433 |
Total (toutes catégories confondues) | 1937‑1945 | ≈ 207 183 |
Pertes humaines (tués ou disparus) | – | ≈ 30 304 (≈ 15 %) |
Source : Statistiques officielles du Ministère japonais de la Santé (données publiées en 1973).
Ces chiffres montrent qu’environ 15 % des Taïwanais mobilisés périrent pendant le conflit, soit plus de 30 000 morts ou disparus. Le tribut payé par Taïwan fut donc élevé, malgré le fait que peu de ses ressortissants aient combattu en première ligne. Le sort de ces hommes à la fin de la guerre allait devenir un enjeu délicat, tant sur le plan humain que politique.
L’après-guerre : bilan humain et héritage politique
En septembre 1945, Taïwan fut rétrocédée, au peuple Taïwanais (selon les idéaux de l’ONU de l’époque) et ce fut le gouvernement nationaliste de Tchang Kaï-chek qui géra la rétrocession, en tant que territoire des Alliés occupant l’ex-colonie japonaise. Les anciens soldats taïwanais de l’armée japonaise se retrouvèrent dès lors dans une position précaire. Aux yeux des Chinois du Kuomintang, vainqueurs du Japon, ces hommes pouvaient apparaître comme des collaborateurs de l’ennemi. Toutefois, le nouveau régime dut composer avec la réalité que ces Taïwanais avaient été des sujets japonais par obligation légale. En conséquence, les autorités nationalistes n’engagèrent pas de poursuites judiciaires systématiques contre eux pour trahison : une interprétation juridique officielle stipula que, leurs actes ayant été commis sous nationalité japonaise, ils ne pouvaient être traités comme des traîtres chinois. La plupart des vétérans rentrèrent simplement dans leurs foyers, souvent en silence, et reprirent une vie civile tant bien que mal. Néanmoins, leur expérience demeura longtemps taboue et ignorée dans l’historiographie officielle. Pendant des décennies, les anciens combattants taïwanais de l’empire japonais restèrent sans statut ni reconnaissance dans la société insulaire, leurs droits et leur histoire étant largement passés sous silence par le pouvoir nationaliste.
Le bilan humain de cet épisode est lourd. Outre les milliers de morts, un grand nombre de Taïwanais revinrent blessés ou mutilés du conflit. D’autres ne revinrent pas tout de suite : plus de 90 000 se trouvaient encore dispersés en Asie du Sud-Est en 1945 (pris dans les redditions japonaises en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines, etc.), et durent être rapatriés progressivement. En Chine continentale, des dizaines de milliers de Taïwanais qui avaient été envoyés comme support logistique suivirent le sort des troupes japonaises en capitulant sur place. Certains anciens soldats taïwanais furent également rattrapés par la justice internationale : au moins 173 d’entre eux furent inculpés comme criminels de guerre de classe B ou C par les tribunaux alliés, principalement pour des exactions commises en tant que gardiens de camps de prisonniers de guerre ou interprètes de l’armée japonaise. Parmi eux, 26 furent condamnés à mort et exécutés (ils furent plus tard honorés au Yasukuni-jinja au Japon aux côtés des soldats japonais tombés au combat). La majorité des autres écopèrent de peines de prison. Ces procédures illustrent tragiquement la situation ambiguë de ces Taïwanais, à la fois victimes et acteurs d’une guerre qui n’était pas la leur.

Sur le plan politique et légal, la question de l’indemnisation des Taïwanais ayant servi le Japon empoisonna les relations nippo-taïwanaises pendant des années. En 1952, le traité de Taipei entre le Japon et la République de Chine entérina la renonciation de Tchang Kaï-chek à toute réparation de guerre envers le Japon. S’appuyant sur ce traité, Tokyo refusa obstinément pendant plus de trois décennies d’indemniser individuellement les anciens soldats coloniaux. Des vétérans taïwanais menés par Teng Sheng s’organisèrent cependant pour réclamer justice. Teng lui-même, qui avait perdu un bras, un œil et l’audition d’une oreille sous l’uniforme japonais, se rendit au Japon en 1979 pour porter l’affaire devant les tribunaux. Après de longs combats juridiques et médiatiques, le gouvernement japonais finit par céder en partie : en septembre 1987, une loi spéciale accorda le versement d’une compensation forfaitaire de 2 millions de yens à chaque ancien combattant taïwanais grièvement blessé, ainsi qu’aux familles des soldats taïwanais tombés au combat. Ce geste tardif restait modeste : il ne représentait qu’une fraction des pensions et primes dont bénéficiaient les vétérans japonais eux-mêmes, qui percevaient en outre des allocations annuelles. Beaucoup de survivants taïwanais – notamment ceux revenus indemnes – ne reçurent aucune réparation financière pour leurs services passés.
Aujourd’hui, l’histoire des soldats taïwanais de l’armée impériale japonaise demeure un héritage sensible et complexe. Longtemps occultée par la narrative officielle du Kuomintang puis par les tensions entre Taïwan, la Chine et le Japon, cette page d’histoire refait surface à mesure que la liberté d’expression permet d’en discuter ouvertement. Des associations d’anciens combattants et des historiens taïwanais œuvrent pour préserver la mémoire de ces hommes pris dans le tourbillon de l’Histoire, souvent contre leur gré. Le cas de Nakamura Teruo (Suniuo), dernier « soldat japonais » sorti de la jungle en 1975, ou celui de Teng Sheng, mutilé de guerre devenu porte-parole des oubliés, rappellent à la société taïwanaise les destins individuels bouleversés par la colonisation et la guerre. À travers leurs témoignages et la reconnaissance progressive de leur sort, les soldats taïwanais de l’armée japonaise sont passés du statut de victimes oubliées à celui de témoins d’une époque tourmentée, contribuant à une meilleure compréhension de l’histoire singulière de Taïwan au XXème siècle.

📰 En savoir ➕ 📰
Pour #approfondir et #compléter votre lecture, nous vous recommandons de découvrir les articles suivants :
- ⏯ Les femmes de réconfort Lire l’article en cliquant sur le lien suivant.
- ⏯ La forteresse de Dawulun Lire l’article en cliquant sur le lien suivant.
- ⏯ Les filles adoptives de Taïwan Lire l’article en cliquant sur le lien suivant.
🤝 Programme d’affiliation 🤝
📌 Certains liens de cet article, ainsi que certaines images, renvoient vers des liens sponsorisés, permettant à Insidetaiwan.net de toucher une commission en cas d’achat, sans aucun coût supplémentaire pour vous. 💰 Cela nous aide à financer le magazine et à continuer à vous offrir un contenu indépendant et de qualité. 📖✨
💞 Soutenez-nous 💞
- ⏯ Nous soutenir #financièrement
- ⏯ S’inscrire à nos #Newsletters
- ⏯ Nous suivre sur nos #réseaux sociaux
- ⏯ Devenir #partenaire
- ⏯ Proposer des #articles et du #contenu
- ⏯ Découvrir nos offres #professionnelles (Publicités, Conseils…)
Pour découvrir nos offres rendez-vous sur la page dédiée (Nous soutenir) ou contactez-nous pour collaborer avec nous.