À quelques jours de sa sortie en salles, Inside Taïwan a découvert En garde(刺心切骨) en avant-première. Ce premier long-métrage de Nelicia Low est à la fois tendu et profondément intime. Cette œuvre utilise l’escrime comme point d’ancrage pour explorer les zones d’ombre de la relation fraternelle. Ancré à Taïwan, le film brouille les frontières entre admiration, loyauté et manipulation, et installe d’emblée un climat troublant, où l’amour devient aussi fragile que dangereux. En garde est attendue au cinéma le 31 décembre prochain.
Un drame psychologique tourné à Taïwan
Présenté comme un drame de 106 minutes, En garde est le premier long-métrage de la réalisatrice singapourienne Nelicia Low. Le film est dans un univers et un style cinématographique très taïwanais, tant par son lieu de tournage que par l’événement réel qui a inspiré son récit.
L’histoire suit Jie, jeune prodige de l’escrime, dont la carrière prometteuse est bouleversée par la libération de son frère aîné Han, incarcéré pendant sept ans pour la mort accidentelle d’un adversaire lors d’une compétition.
Dans l’ombre, Han accompagne Jie dans son entraînement, l’aidant à viser une qualification aux championnats nationaux. Mais très vite, la relation fraternelle se fissure, laissant place au doute, à la méfiance et à une inquiétante ambiguïté.
Une réalisatrice entre sport et cinéma
Avant de passer derrière la caméra, Nelicia Low a représenté Singapour comme escrimeuse au niveau national pendant cinq ans. Cette double identité, sportive et cinéaste, a profondément inspiré En garde. L’escrime n’y est jamais un simple décor : elle devient un langage, un prolongement des tensions intérieures des personnages, un espace où s’expriment autant la discipline que la violence contenue.
Formée à la réalisation à l’Université de Columbia à New York, la cinéaste s’est d’abord fait remarquer avec son court-métrage Freeze, déjà centré sur des relations fraternelles complexes. Avec En garde, elle poursuit ce thème intime et fragile, en déplaçant le récit vers un territoire plus sombre, où l’amour se mêle à la manipulation psychologique.
Taïwan comme ancrage narratif et émotionnel
Le choix de situer le film à Taïwan est profondément lié à l’origine du projet. Nelicia Low s’inspire d’un fait divers survenu à Taipei, qui a marqué l’opinion publique et interrogé la notion de responsabilité familiale face à l’inacceptable. Ce contexte taïwanais donne au film une résonance particulière, entre réalité sociale et fiction introspective.
La ville devient un espace mental autant que géographique, où se confrontent mémoire, culpabilité et fantasme. Cette dimension est renforcée par une mise en scène qui mélange réalisme et imaginaire, notamment dans les scènes liées à l’enfance et aux souvenirs des deux frères.
Mon avis après l’avant-première
J’ai beaucoup aimé En garde parce que le film parle avant tout des relations fraternelles. Ayant trois frères, ce thème m’a particulièrement touchée. Le film montre des liens familiaux tumultueux, parfois difficiles, mais très sincères et profondément humains. J’ai aussi apprécié le côté ambigu du récit. On ne connaît jamais totalement la vérité, et le film laisse au spectateur la liberté d’interpréter les intentions et les silences des personnages.
Au début, j’ai eu un peu de mal à comprendre le personnage de la mère, mais cette incompréhension fait finalement sens et révèle une relation très complexe avec le fils aîné. J’ai également trouvé intéressant la manière dont l’aspect LGBTQ+ est intégré naturellement au film. Ce n’est ni le sujet principal ni un problème en soi, mais une touche bienveillante et subtile, qui apporte une vraie ouverture d’esprit.
L’ambiance du film oscille entre des moments assez glauques et malaisants et d’autres plus calmes, presque heureux. Ce mélange peut déstabiliser, mais il permet surtout de s’immerger pleinement dans l’histoire. L’escrime est très bien mise en valeur, non pas comme une fin en soi, mais comme le lien qui unit les deux frères.
Enfin, le personnage du grand frère reste très mystérieux, on ne sait jamais vraiment qui il est, ni ce qu’il pense, et le film laisse à chacun la liberté de construire sa propre interprétation. C’est précisément pour cela que, pour pleinement comprendre En garde, le mieux est encore d’aller le découvrir en salles le 31 décembre.
Mon Avis : 🩷🩷🩷🩷
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