Installée à Taïwan depuis quatre ans, Noémie incarne une génération curieuse, engagée et créative. Originaire du sud-ouest de la France, elle conjugue passion pour les langues, amour du mandarin et projets artistiques en tout genre. Entre enseignement du français, balades à scooter dans les montagnes et podcasts éducatifs, elle a trouvé à Taichung un véritable équilibre de vie. Rencontre avec une expatriée française à Taïwan !
Bonjour Noémie, peux-tu te présenter pour nos lecteurs ?
Salut ! Je m’appelle Noémie, je viens de la Dordogne, pour vous situer, c’est dans le sud-ouest de la France et je vis à Taïwan depuis quatre ans. J’ai un parcours universitaire en études chinoises, et du fait de mon expérience d’assistanat de français de 2017 à 2018 à l’université de Chengchi, je me suis petit à petit orientée vers l’enseignement du français langue étrangère à Taiwan. Je suis passionnée par les langues, les cultures asiatiques, et tout ce qui touche à la création, que ce soit dans l’art, la pédagogie, l’écriture, les podcasts, la danse etc…

Qu’est-ce qui t’a fait venir vivre à Taïwan ?
Au départ, je suis venue à Taïwan dans le cadre du programme du CIEP (Centre international d’études pédagogiques). C’était en 2017, et j’y ai passé une belle année . Très vite, je suis tombée amoureuse de l’île : la langue, la nourriture, les paysage… Tout m’a donné envie d’y revenir un jour. Ce n’était pas un choix anodin : je suis passionnée par le mandarin depuis l’enfance, et j’avais envie de vivre cette langue au quotidien, de l’entendre, de la parler, de la ressentir.
En master, je m’étais spécialisée en littérature taïwanaise aborigène, un sujet encore trop peu exploré, mais qui m’a profondément marquée. Alors venir ici, c’était aussi me rapprocher de mes recherches, leur donner une réalité concrète, humaine. Et puis… j’ai aussi rencontré quelqu’un. Un Taïwanais. Une belle histoire, un peu comme un fil rouge qui m’a liée à ce pays de manière encore plus intime. Mais bon, ça, c’est une autre histoire !
Après cette première année (2017-2018), je suis rentrée en France avec Taïwan en tête. Et en 2021, malgré la pandémie, j’ai décidé de revenir. J’ai débarqué en visa vacances travail à Taïwan en pleine crise du COVID, passée par deux semaines de quarantaine stricte dans un hôtel. C’était long, un peu déroutant, mais je savais pourquoi j’étais là. J’avais besoin de retrouver cette île qui m’avait tant marquée, de me donner une nouvelle chance d’y construire quelque chose.
Quelles sont les principales difficultés que tu as rencontrées depuis ton arrivée ?
Je dirais que l’une des plus grandes difficultés rencontrées, ce sont les périodes d’instabilité financière et professionnelle, surtout quand on travaille dans certaines écoles privées à Taichung. Le marché de l’enseignement du français reste assez restreint ici, surtout en comparaison avec celui de l’anglais ou du japonais, qui sont beaucoup plus demandés.
Parfois, j’ai même l’impression que mon parcours me porte davantage vers l’enseignement du chinois, que je connais en profondeur grâce à mes études universitaires. Mais à Taïwan, l’enseignement des langues est souvent réservé aux locuteurs natifs ( je veux dire si tu es anglais alors tu peux enseigner l’anglais et la loi stipule qu’il faut être de langue maternelle pour pouvoir l’enseigner…cela m’a mis un frein sans doute sur le moment ) . Cependant je connais aussi des taïwanais qui enseigne et ne sont pas natifs, peut-être ai-je besoin d’une aide concernant ce domaine ?
De plus quand je dépendais d’une carte de séjour à renouveler chaque année avec une autorisation de travailler, c’était un stress supplémentaire. Vivre et travailler à l’étranger, c’est aussi apprendre à composer avec des règles administratives parfois contraignantes pour les étrangers, surtout en ce qui concerne les visas ou les statuts professionnels.

Peux-tu nous décrire ton quotidien à Taichung ?
Mon quotidien à Taichung est assez rythmé, mais aussi très libre. Je donne des cours de français à différents moments de la semaines souvent en soirée. Entre deux cours, je travaille souvent sur des supports pédagogiques ou des contenus créatifs — des podcasts, des illustrations, des vidéos… J’ai besoin de varier les activités pour rester inspirée. Je participe parfois à des repas du groupe francophones de Taichung ou encore je vais voir des amies et on discute autour d’un repas ou d’un café.
Récemment, je passe le permis de conduire pour la voiture, j’ai enfin réussi à passer mon code de la route en mandarin ! Il faut avoir une note de 85 et j’ai eu 95… maintenant il me reste à passer l’examen de conduite car je veux aller plus loin et pouvoir me déplacer où je veux sur Taiwan et ailleurs !


Taichung est une ville agréable à vivre : il y a de la verdure, des cafés sympas, un bon équilibre entre modernité et tranquillité. J’aime beaucoup le fait qu’on puisse facilement aller se balader en montagne ou dans des parcs sans avoir à sortir de la ville.
En général, je me déplace en scooter, ce qui me donne une certaine liberté dans mon emploi du temps. J’essaie aussi de prendre du temps pour moi : je vais à mon cours de cérémonie du thé une fois par semaine, je dessine, j’écris, et je vais marcher dès que j’en ressens le besoin. C’est une routine un peu mouvante, mais elle me ressemble.
Depuis combien de temps apprends-tu le chinois, et comment vis-tu ton rapport à cette langue ?
J’ai commencé à apprendre le chinois en autodidacte vers l’âge de neuf ans, donc ça fait déjà pas mal d’années que cette langue m’accompagne ! Aujourd’hui, je le parle couramment, mais j’ai toujours le sentiment qu’il me reste toujours des choses à découvrir. Le chinois, c’est un peu comme un ami de longue date : il fait partie de mon identité, et il m’ouvre énormément de portes, ici à Taïwan comme ailleurs.
Le chinois, c’est un peu comme un ami de longue date : il fait partie de mon identité
Noémie
Tu enseignes le français à Taïwan : à quel public t’adresses-tu et quelles sont les particularités de cet enseignement ?
J’enseigne le français pour les 0 à 70 ans ! Le plus grand défi, c’est de rendre le français vivant et accessible dans un contexte où la langue n’est pas très présente au quotidien. Il faut être très créative pour adapter les méthodes, varier les supports, et garder les élèves motivés. J’essaie d’intégrer un maximum d’éléments culturels, ludiques et interactifs dans mes cours. Bientôt je vais faire une petite conférence pour présenter la Dordogne auprès des Taïwanais dans la librairie française de Taichung ( oui, il y’a aussi une librairie française, elle s’appelle Langue de Bois 跳書小樹屋 ! Je vous la conseille fortement ! )
Quelles sont les autres activités que tu exerces à Taïwan en dehors de l’enseignement ?
En dehors de l’enseignement, je développe plusieurs projets créatifs qui me tiennent à cœur. Je conçois des supports pédagogiques personnalisés, je crée quelques illustrations que je propose en stickers sur LINE — souvent bilingues, pour mêler humour et apprentissage. J’ai aussi une chaîne appelée Mandarin Taiwan Express où j’enregistre parfois des podcasts, et il m’arrive de réaliser des petites vidéos éducatives.
Je prends chaque semaine des cours de cérémonie du thé, un moment précieux pour moi, à la fois apaisant et profondément culturel. Je continue aussi à dessiner et à écrire dès que possible, que ce soit pour le plaisir ou dans le cadre de projets plus concrets. J’ai par exemple publié un petit livre d’une vingtaine de pages sur l’Histoire de Taïwan, disponible sur Amazon Kindle.
Et puis parfois, tout simplement, je vais marcher ou faire du scooter dans la montagne à Dakeng (大坑), tout près de chez moi. C’est un endroit que j’aime beaucoup, parfait pour me ressourcer.

Peux-tu nous parler un peu plus de Taichung ?
Taichung est une ville que j’ai appris à vraiment apprécier avec le temps. Elle est souvent moins connue que Taipei, mais elle a un charme particulier. Ce que j’aime ici, c’est le rythme de vie : on sent moins la pression des grandes villes, tout en ayant accès à tout ce dont on a besoin. Il y a de nombreux cafés, des marchés de nuit animés, des lieux culturels comme le National Taichung Theater, et beaucoup d’espaces verts. On peut très vite se retrouver en pleine nature, que ce soit à Dakeng, dans les collines environnantes, ou même dans certains parcs très agréables en centre-ville.
Le climat est plus doux que dans le nord, il y a plus de soleil, et les gens sont en général très accueillants. La ville est assez étendue, donc on a souvent besoin d’un scooter pour se déplacer facilement, mais cela fait aussi partie du quotidien ici. Il y a aussi un côté artistique discret mais bien présent, avec des petits ateliers, des marchés créatifs, et des coins alternatifs comme Shen Ji New Village.
Ce n’est peut-être pas une ville « touristique » au sens classique, mais c’est une ville où il fait bon vivre, et où on peut vraiment prendre le temps de s’installer et de créer ses repères. Pour moi, c’est un peu mon équilibre entre urbanité et nature.

Quelle place occupe selon toi la communauté française à Taichung ?
La communauté française n’est pas très grande, mais elle est soudée. Il existe un groupe Line des Francophones de Taichung et parfois des événements ont lieu comme le concours de chanson francophones ou encore des repas et des échanges linguistiques entre les Français et les Taiwanais de Taichung. Si quelqu’un a une interrogation, il peut aussi en discuter sur le groupe.
Quels sont tes projets pour les mois ou années à venir ?
J’ai plusieurs projets en tête, certains déjà en cours, d’autres encore à l’état d’idée. Mais j’aimerais vraiment pouvoir développer ma page Instagram et enseigner davantage le mandarin aux francophones.
Et si tu devais nous recommander trois lieux que tu aimes particulièrement à Taichung, lesquels choisirais-tu ?
Difficile de choisir, mais je dirais :
- La piste cyclable verte de Houli : un bain de verdure et de retraçage historique
- Le chemin de randonnée Guanyin à Dakeng
- Guguan avec ses jolis petits villages aborigènes
Retrouvez tous les projets de Noémie :
- La chaîne YouTube de Noémie
- La Chaîne d’apprentissage du mandarin : Mandarin Taiwan Express
- Le compte Instagram Mandarin Taiwan Express
- Les stickers Line de Noémie

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