Juliette Fehrenbach, danseuse classique et professeure de ballet, a posé ses valises à Taïwan en 2023 pour y vivre sa passion. Après une carrière en France et en Allemagne, elle découvre la scène locale et partage le style français du ballet. Entre représentations et enseignement, elle nous parle de son parcours, des défis et de l’avenir de la danse classique à Taïwan.
Bonjour Juliette ! Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis danseuse classique depuis maintenant plus de 13 ans et professeur de danse, je suis arrivée à Taïwan en avril 2023 avec le permis vacances travail. Je viens de Paris où j’ai fait toutes mes études de danse avant de commencer ma carrière de danseuse en France et en Allemagne, maintenant à Taïwan.

Comment as-tu découvert Taïwan et qu’est-ce qui t’a poussée à t’y installer en tant qu’expatriée ?
J’ai connu Taïwan grâce à un couple d’amis que j’ai rencontrés en France, ils se sont réinstallés à Taïwan et je leur ai rendu visite en 2016. C’était mon tout premier voyage en Asie, j’étais complètement dépaysée ! Je ne pensais pas y vivre un jour, c’est pendant la période du Covid que j’ai senti ce besoin d’opérer un changement dans ma vie après avoir vécu en Allemagne pendant 7 ans, l’appel de l’aventure était trop fort pour l’ignorer.
Qu’est-ce qui te passionne dans la danse classique ?
Je pense que c’est cette quête du mouvement idéal, l’esthétique en général, la discipline qu’elle requiert et qui pousse à se dépasser. Rien n’est jamais acquis en danse classique, et le côté éphémère de cet art est aussi assez unique.

Comment as-tu commencé et quelle place occupe-t-elle dans ta vie ?
Ma maman m’a mise à la danse quand j’étais petite, ça me plaisait alors j’ai continué. Ma professeure a trouvé que j’avais les qualités pour devenir danseuse et m’a présentée au conservatoire de région de Paris, maintenant CRR de Paris. Après 4 ans de danse études j’ai intégré le Conservatoire National supérieur de musique et de danse de Paris, le CNSMDP où j’ai poursuivi ma scolarité pendant 5 ans, j’en suis sortie diplômée en 2012 puis j’ai commencé ma carrière de danseuse en Allemagne.
C’est très prenant car dès l’âge de 11 ans je passais la moitié de la journée à danser, je prenais également des cours de danse en plus le weekend et parfois des cours particuliers aussi pour travailler plus en profondeur et me préparer aux examens ou concours. C’est une enfance et adolescence un peu à part je pense mais quand on est passionné on n’y pense pas. La danse occupe en effet une grande partie de ma vie mais j’ai trouvé mon équilibre à côté.
Comment décrirais-tu la scène de la danse classique à Taïwan ?
Elle est beaucoup moins présente qu’en Europe, il n’y a pas de compagnie nationale juste quelques petites troupes de ballet sans soutien financier de l’état. J’ai eu la chance de pouvoir intégrer l’une d’elle en arrivant à Taïwan et de pouvoir danser des rôles de soliste, la charge de travail était par contre très élevée car nous étions peu de danseuses, nous dansions donc beaucoup.
J’ai également eu l’opportunité de partager mon expérience ainsi que le style français du ballet avec mes collègues taïwanaises en donnant les cours de danse du matin de temps en temps. C’était la première fois que je donnais des cours de danse à des pros et ça m’a beaucoup plu.

Quelle est sa place par rapport à d’autres danses (Breaking Street, Salon…) ?
J’ai l’impression que la danse est très populaire à Taïwan, il suffit de se balader vers Xinyi, Yuanshan, Chiang Kai Shek on peut y voir de nombreux groupes de danseurs répéter que ce soit de la danse Kpop , du hip hop, break ou autre. La danse classique est plutôt populaire pour les enfants je pense, il y a peu de spectacles de danse classique à Taïwan mais les grands galas avec les stars du ballet internationales affichent complet chaque année.
Existe-il des différences marquantes par rapport à la France ?
Oui bien sûr en termes d’éducation et de structure ainsi que du soutien du gouvernement.
Qu’est-ce qui t’a motivée à devenir professeure de danse classique ?
C’est intéressant car il y a quelques années je ne me voyais pas du tout enseigner la danse ! Je voulais juste danser, déjà parce que c’est ce qui me passionne et aussi car la carrière de danseuse est extrêmement courte, en moyenne une vingtaine d’années seulement.
Je dirais qu’une de mes motivations en venant à Taïwan était de promouvoir la danse classique car elle est quand même peu répandue au niveau professionnel. Les circonstances ont fait que j’ai commencé à donner de plus en plus de cours et ça a commencé à me plaire.

Comment as-tu commencé à enseigner à Taïwan ?
Depuis mon arrivée à Taïwan la directrice de la compagnie où je dansais m’a proposé de donner le cours afin de partager le style français avec mes collègues taïwanaises, j’ai aussi proposé en ECA au LIFT d’intégrer la danse classique et je donne des cours dans un studio de danse à Xinyi ainsi que des cours particuliers. Je suis dans le processus de préparer un nouveau cours mélangeant la barre au sol et le Pilates que je pratique depuis des années pour travailler les muscles profonds, c’est excellent pour les danseurs mais aussi pour tout le monde.
Plus je donne des cours plus ça me plaît et j’apprécie par-dessous tout voir les progrès de mes élèves et les encourager, c’est un beau sentiment d’accomplissement et de fierté.
Quelles sont les principales différences que tu observes entre les danseurs taïwanais et français dans leur approche de la danse classique ?
Les formations proposées dans les universités de Taïwan pour la danse sont multidisciplinaires et les étudiants font plus de danse contemporaine que classique d’après ce que j’ai pu comprendre, ils apprennent aussi la danse chinoise.
En France la danse classique fait partie de notre culture et d’ailleurs tous les noms de pas de danse sont français ! Le style français en danse se caractérise par la rapidité et précision du bas de jambe et aussi par ses épaulements, une façon d’orienter le haut du corps. C’est ce que j’essaie de partager dans mes cours à Taïwan. J’ai constaté que les danseurs taïwanais travaillent très durs et sont très motivés.

Quels sont les défis et les joies d’enseigner la danse classique à Taïwan ?
Je dirais la barrière de la langue quand je dois enseigner à des élèves dont le français ou l’anglais ne sont pas les langues natales. J’ai eu l’occasion de faire un workshop avec les élèves d’une école élémentaire à Taipei et j’ai beaucoup aimé leur apprendre quelques pas de danse, ils avaient l’air de bien s’amuser et étaient très appliqués !
Une de mes grandes joies également est d’entendre de la part de mes collègues danseuses qu’elles apprécient particulièrement mon cours et qu’il leur apporte beaucoup. Elles s’appliquent vraiment bien et ça me fait plaisir de partager mon expérience de danseuse en Europe avec elles.
Comment adaptes-tu ta pédagogie à ton public ?
J’ai différents types d’élèves, il faut donc adapter suivant la motivation, l’âge et le niveau je dirais. Je veux casser les stéréotypes de la prof de danse hyper stricte et exigeante, je veux que les élèves prennent du plaisir pendant le cours et se sentent encouragés. La danse classique requiert néanmoins de la discipline mais je pense qu’on peut l’allier au fun !
As-tu des souvenirs marquants ou des anecdotes liés à ton expérience de professeure de danse à Taïwan ?
Je me souviens être très stressée avant de donner mon tout premier cours de danse à Taïwan, ma directrice m’avait proposé de donner le cours du matin à mes collègues et je venais à peine de rejoindre la compagnie ! Ça s’est néanmoins très bien passé et évidemment avec l’expérience j’ai pris confiance. Je suis vraiment sortie de ma zone de confort et c’est aussi le but de vivre dans un pays aussi différent, d’expérimenter et de tenter de nouveaux défis.
Comment vois-tu l’évolution de la danse classique à Taïwan ?
C’est une excellente question, je pense que pour qu’il y ait une réelle évolution et engouement pour la danse classique le soutien du gouvernement est indispensable. D’après ce qu’on m’a dit les compagnies de danse classique ici ne reçoivent pas de soutien financier de l’État et survivent grâce à des sponsors privés. Il y a néanmoins quelques troupes de danse internationales qui viennent faire des représentations à Taïwan et le public est présent, ce serait donc bien que le ministère de la culture privilégie également les artistes et troupes locales.

Penses-tu qu’elle gagne en popularité ou en reconnaissance ?
Je ne suis à Taïwan que depuis moins de deux ans c’est donc difficile à dire. Mais j’ai constaté qu’il y avait beaucoup d’écoles de danse à Taipei notamment, surtout pour les enfants et cette année pas mal de troupes de danse étrangères donnent des spectacles au National Theater ainsi qu’à Kaohsiung, c’est donc qu’il y a un intérêt de la part du public et que les places de spectacle se vendent. Il y a également un gala de danse international chaque année qui affiche complet, et le public est conquis.
Si tu devais donner un conseil à quelqu’un qui rêve de devenir danseur classique ou de s’expatrier pour vivre sa passion, que lui dirais-tu ?
Je lui dirais de poursuivre son rêve, travailler dur mais intelligemment c’est à dire ne pas trop pousser son corps sinon risque de blessure. Travailler sur son mental est très important également, bien s’entourer et faire attention à bien manger et s’hydrater. L’expatriation n’est pas toujours facile mais c’est aussi une chance extraordinaire de se faire des amis de nationalités différentes, de découvrir d’autres cultures et de grandir en tant que personne.

Et pour finir quels sont tes trois lieux préférés à Taïwan ?
Ce n’est pas facile de répondre à cette question car Taïwan a beaucoup d’endroits incroyables et la plupart sont assez connus je pense ! En général je suis très fan des marchés de nuit, notamment celui de Nanjichang qui est plutôt local et pas trop touristique. En termes de paysages Yangminshan a beaucoup à offrir, que ce soit les Grasslands, le village américain ou encore les jardins de fleurs en été. Plus récemment j’ai enfin visité Taichung et j’ai eu un coup de cœur pour cette ville ! Le climat y est plus clément qu’à Taipei, il y a un cours d’eau qui traverse la ville et j’ai beaucoup aimé l’atmosphère tranquille de la ville ainsi que l’adorable Shenji New Village.
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🩰 Pour le moment, Juliette propose surtout des cours particuliers de danse classique 🎭 ainsi qu’un nouveau cours de Barre au sol/Pilates 🧘♀️. Il n’est pas impossible qu’elle organise des ateliers de danse en français dans le futur ! ✨ Alors n’hésitez pas à la contacter pour avoir des nouvelles !
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