Alors que Taïwan renforce sa résilience économique face aux tensions croissantes avec Pékin, le Bitcoin refait surface dans le débat public comme une solution stratégique. Longtemps perçu avec méfiance, il est aujourd’hui considéré par certains députés taïwanais comme un outil possible de protection financière en cas de crise majeure ou d’embargo chinois.
Le scénario du pire : embargo et effondrement monétaire
Pékin considère toujours Taïwan comme une province sécessionniste. Si un blocus total venait à être imposé par la Chine, l’économie taïwanaise s’effondrerait en quelques jours, entraînant une chute brutale du dollar taïwanais et une possible hyperinflation.
Même si Taïwan possède près de 300 milliards de dollars américains en réserves de change, ces fonds seraient à la merci des sanctions occidentales. L’exemple russe le démontre : la moitié des réserves de la Banque centrale de Russie a été gelée en 2022.
En cas de fuite, il est presque impossible d’emporter des biens de valeur, sauf si votre richesse est stockée en bitcoins, accessibles via une simple phrase de 12 mots. Voilà pourquoi le Bitcoin apparaît comme une valeur refuge capable de contourner les restrictions et de garantir une certaine continuité économique.
Des voix politiques s’élèvent à Taïwan
Le député Ko Ju-Chun appelle le gouvernement à intégrer le Bitcoin dans les réserves de change officielles du pays :
« Le Bitcoin existe depuis 15 ans, son offre est fixe, il est décentralisé, résistant à la censure, et ne peut pas être soumis à embargo. »
Il s’appuie sur l’exemple des États-Unis où plusieurs États, dont le New Hampshire, autorisent l’investissement d’une partie des fonds publics en Bitcoin. D’autres États américains pourraient suivre prochainement.
Même l’ancien Premier ministre Chen Chong soutient cette idée :
« Le Bitcoin, même s’il n’est pas une monnaie au sens classique, agit comme un or numérique, une protection contre l’inflation. »
Du côté des milieux économiques, Huang Zhifeng, président de l’Association du commerce extérieur, estime lui aussi que :
« La décentralisation du Bitcoin est un avantage dans une région aussi instable que Taïwan. »
Le Bitcoin : nouvelle monnaie de réserve ?
L’ambition de certains stratèges est claire : ne pas tout miser sur le dollar américain. Le jour où les États-Unis décideront eux-mêmes d’utiliser le Bitcoin pour réduire leur déficit, le reste du monde pourrait suivre, poussant à redéfinir la monnaie de réserve internationale.
En tant qu’actif apatride, inaltérable et limité, le Bitcoin pourrait occuper une place centrale dans les réserves financières mondiales.
Pour l’instant, il ne s’agit pas de tout miser sur le Bitcoin, mais d’envisager une diversification prudente. Comme le dit le député Ko Ju-Chun :
« Il suffit de placer une petite partie de nos réserves. Le Bitcoin est peut-être l’or de l’ère numérique. »
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