Dans le paysage politique de Taïwan des années 1970 et 1980, un mouvement singulier a émergé, changeant à jamais le visage de la démocratie taïwanaise. Ce mouvement, connu sous le nom de Tangwai (黨外 ), qui se traduit littéralement par « en dehors du parti », s’est développé en réaction à la domination du Kuomintang (KMT), le parti au pouvoir. Durant cette période, le KMT exerçait un contrôle autoritaire sur le gouvernement, et les partis d’opposition étaient officiellement interdits. Le mouvement Tangwai, constitué principalement de personnalités se déclarant indépendantes, est devenu une force significative dans la lutte pour la démocratisation de Taïwan.
Naissance et évolution du mouvement Tangwai
Au milieu des années 1970, une vague de mécontentement politique a commencé à balayer Taïwan. Plusieurs figures de proue, dont Kang Ning-hsiang et Huang Hsin-chieh, ainsi que des professeurs d’université et des intellectuels, ont exprimé leur insatisfaction envers le régime en place. Ces personnes, n’étant affiliées à aucun parti politique officiel, ont formé un mouvement disparate appelé Tangwai.
Ils organisaient des manifestations et exigeaient ouvertement des changements politiques. En 1973, le gouvernement a commencé à réprimer ce mouvement naissant, arrêtant des leaders et licenciant des universitaires. Cependant, certains éléments au sein du gouvernement, notamment Chiang Ching-kuo, semblaient ouverts à l’idée d’une dissidence politique tolérée.
Lutte politique et représentation au Yuan législatif:
Alors que le mouvement Tangwai gagnait en popularité, ses membres cherchaient des moyens de s’impliquer plus activement dans le processus politique. Cependant, le Yuan législatif était largement contrôlé par le KMT, avec la majorité des sièges occupés par des représentants de la Chine continentale.
Malgré ces contraintes, les membres de Tangwai ont vu une opportunité d’utiliser le Yuan législatif comme un forum pour exprimer leurs opinions et contester le KMT. Aux élections de 1975-1976, ils ont tenté de se présenter et ont exigé davantage de changements dans le système politique. Bien que limités dans leur capacité à accéder au pouvoir, leur participation aux élections et leur présence au Yuan législatif ont été cruciales pour donner de la visibilité à leurs revendications.
Confrontations et transition vers un parti politique établi
L’incident de Kaohsiung en 1979 marque un tournant majeur pour le mouvement Tangwai. Les tensions entre les autorités et les Tangwai ont atteint leur paroxysme lors de ce rassemblement, qui a entraîné des affrontements violents. Suite à cet incident, le mouvement a subi une répression accrue. Cependant, durant les années 1980, le mouvement a continué à vivre grâce à différentes formes de manifestations organisées par des citoyens ordinaires et des groupes sociaux, comme l’Église presbytérienne de Taïwan, qui étaient étroitement liés à plusieurs membres du Tangwai. L’Église a joué un rôle central en défendant les droits de l’homme et en soutenant le mouvement.
Parallèlement, le gouvernement a entrepris certaines initiatives pour contrer l’influence du Tangwai en s’ouvrant davantage aux Taïwanais sans affiliations politiques radicales. Cela s’est traduit par le recrutement d’intellectuels pour travailler au sein du KMT, ainsi que par une orientation vers le service social dans le travail local du parti.
Cependant, le Tangwai était résolu à établir un réel changement politique. En 1986, les membres du mouvement Tangwai ont franchi une étape cruciale en formant le Parti démocrate progressiste (DPP). Bien que sa création ait été illégale à l’époque, le KMT n’a pas pris de mesures significatives contre le DPP. Le DPP a finalement été légalisé en 1991.
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2 Responses
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