Aujourd’hui, Insidetaïwan.net part à la rencontre de Marc Guyon représentant les Français à Hong Kong et Macao en tant que Conseillers des Français de l’étranger. Très investi dans la défense et le soutien des expatriés français en Asie, il a notamment fondé le Club France International pour permettre aux expatriés de se connecter et de développer leur business.
Marc Guyon souhaite également par l’intermédiaire de ce club permettre le développement de relations culturelles, sportives et des relations amicales entre expatriés. a commencé sa carrière professionnelle en tant que contrôleur financier, tout en entraînant à temps partiel les arts martiaux et en s’engageant dans des compétitions de MMA amateurs et professionnels.
Véritable touche à tout il s’est également présenté aux élections législatives de 2022 pour la 11è circonscription des français de l’étranger. Election lors de laquelle il a obtenu plus de 10% des votes. Entrepreneur, homme politique, sportif de haut niveau, éducateur, père de famille… Il est très investi et nous le remercions de nous avoir consacré son temps.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots pour nos internautes ?
Je suis né à Marseille, de parents originaires du Vietnam, avec également des origines chinoises et françaises. J’ai 38 ans, marié avec une Hong-Kongaise ; nous avons deux enfants de 5 et 7 ans qui s’appellent François et Louis.
Contrôleur de gestion de formation (Master Management Financier International à l’IAE d’Aix-en-Provence), après quelques années d’expérience j’ai décidé de me consacrer à ma passion en 2015 afin de créer mon premier club sportif tout en devenant compétiteur professionnel de MMA (arts martiaux mixtes).
J’ai également toujours été très engagé dans le milieu associatif, dans le sport en France puis dans les associations de Français de l’étranger, notamment en tant que président d’une association française à Hong Kong (UFE) pendant 6 ans et membre du conseil d’administration de l’UFE Monde. Afin de créer un réseau complémentaire, plus sélectif et spécialisé, je suis aujourd’hui en train de développer le CFI (Club France International), dans le cadre duquel nous organisons une soirée le samedi 3 décembre 2022 à Taipei et le dimanche 4 à Kaohsiung.
Je suis par ailleurs engagé politiquement, en tant que conseiller des Français de l’étranger à Hong Kong et Macao, et j’ai été candidat Reconquête à l’élection législative pour notre circonscription (Asie, Océanie, Europe orientale) en 2022 pour laquelle les électeurs m’ont placé en 3ème position, juste derrière le duel Ensemble-NUPES.
Vous résidez hors de France depuis de nombreuses années maintenant, quels sont les défis auxquels vous avez dû faire face ?
Certains défis comme la recherche d’un emploi, d’un logement, de bons plans, d’informations utiles, etc… sont classiques.
Ceux qui me touchent particulièrement sont par exemple le besoin de maintenir un lien avec la France et suivre l’actualité française pour ne pas se sentir déconnectés de notre pays. Je trouve aussi que se créer un bon réseau de confiance à l’étranger n’est jamais acquis, autant sur le plan personnel que professionnel. Beaucoup de nos amis et contacts ne restent à l’étranger que quelques années, il faut sans cesse recréer des relations et rencontrer des personnes sur lesquelles pouvoir compter. C’est la raison d’être du nouveau club que je suis en train de lancer.
Vous habitez Hong-Kong, qu’est-ce que vous aimez tant dans ce territoire ?
Je dis souvent que Hong Kong est le centre de l’Asie, et par conséquent le centre du monde car désormais les plus grands enjeux de notre monde sont en Asie. Tout se passe ici, la ville est très internationale, on y rencontre le monde entier et des profils très intéressants.
On peut facilement voyager partout en Asie depuis Hong Kong ; sauf pendant le Covid ou c’était très difficile, mais je sens que cette fois nous en sortons vraiment.
J’y apprécie plus particulièrement deux choses qui me sont essentielles et qui manquent cruellement à la France : d’une part l’ordre et la sécurité, et d’autre part la compétitivité économique.
Vous avez de nombreuses casquettes, en plus d’être un entrepreneur, vous êtes Conseiller des Français de l’étranger pour Hong Kong et Macao… Quel est votre rôle ?
Le rôle du conseiller des Français de l’étranger est d’être un élu local, de proximité, qui défend les intérêts des Français de sa circonscription et représente cette communauté auprès des institutions comme le consulat et le reste de l’administration française.
Par exemple, nous participons aux commissions de bourses scolaires, et différentes réunions sur le thème de la sécurité et des affaires sociales pour les Français de l’étranger. Comme tous les élus en France, nous participons au devoir de mémoire, comme récemment la commémoration de l’armistice. Nous servons également de relais afin de transmettre des informations importantes et d’utilité publique aux Français, ou à l’inverse relayer auprès du consulat et au gouvernement français les préoccupations et les problématiques de nos compatriotes à l’étranger.
Enfin, ce rôle est aussi politique car les conseillers des Français de l’étranger sont des grands électeurs pour les élections sénatoriales ; leur vote a un impact direct sur la politique nationale au Sénat, mais aussi de manière générale car je pense que les élus locaux doivent s’impliquer dans la politique nationale et s’engager pour les autres élections : législatives, européennes, et présidentielle.
Beaucoup de Français de l’étranger s’abstiennent et se désintéressent de la politique ; je pense que les conseillers des Français de l’étranger ont la responsabilité d’aider leurs compatriotes à se tenir informés et à s’intéresser à la politique française. Sans cela, si l’abstention reste trop importante à l’étranger, nous risquons de voir un jour la disparition des élus des Français de l’étranger. Il ne faut pas oublier que, sauf erreur de ma part, la France est le seul pays au monde à avoir des élus locaux représentant ses expatriés auprès des consulats, ambassades, et autres institutions ; ce qui est acquis ne l’est pas forcément pour toujours.
Dans quels domaines pensez-vous que les Français résidant hors de France ont plus de difficultés que ceux résidants sur le territoire français ?
Vivre à l’étranger demande beaucoup de sacrifices, c’est souvent un choix assumé en connaissance de cause, mais il faut rappeler que bien souvent :
- La sécurité de l’emploi n’est pas la même qu’en France. Il est également plus difficile de préparer sa retraite mais aussi de vivre sa retraite hors de France, surtout dans un contexte de versement des pensions en euros, aujourd’hui à un taux de change très bas dans plusieurs pays.
- La santé est également un sujet important, en particulier la gestion des cas graves qui pourraient nécessiter un rapatriement. Certains Français sont morts à l’étranger parce qu’ils n’ont pas pu être rapatriés à temps en métropole.
- Vivre à l’étranger signifie aussi subir un ou plusieurs chocs culturels, dans le pays d’accueil pour commencer, mais aussi parfois lors du retour en France, que ce soit définitivement ou en vacances. Par exemple, il faut se rappeler que les magasins ferment tôt et ferment le dimanche. Autre exemple, il faut retrouver ou apprendre les bons réflexes pour éviter de se faire voler ou agresser, même dans des quartiers autrefois sans danger, car on a perdu l’habitude de faire attention à ces problèmes en vivant en Asie.
- N’oublions pas non plus la stigmatisation fréquente des Français de l’étranger qui sont souvent accusés d’être des exilés fiscaux, ce qui est évidemment le cas de seulement une petite minorité. La grande majorité des expatriés fuient les charges excessives sur les salaires français qui plombent leur pouvoir d’achat, ainsi que l’insécurité car ils veulent tout simplement vivre en paix.
Voir l’état terrible de la France depuis l’étranger, cela me fait du mal. J’estime aussi que c’est l’une des difficultés de la vie d’expatrié ; nous voyons la France avec plus de recul en comparant d’une part avec ce qui existe dans le reste du monde, et d’autre part avec ce qu’était la situation il y a quelques années. Il me semble que nos compatriotes sur le sol national ont moins de difficultés à accepter la dégradation économique et sociale et le déclassement international de la France parce qu’ils s’en rendent moins compte. C’est l’histoire bien connue mais très parlante de la grenouille immergée dans de l’eau froide que l’on fait bouillir petit à petit… elle ne s’en rend pas compte et finit par mourir, faute d’avoir réagi à temps.
Vous vous êtes présenté aux dernières élections législatives, pourquoi avez-vous souhaité vous lancer dans cette élection ?
C’est une question sur laquelle on pourrait écrire des pages et discuter des heures ; je répondrais tout simplement que c’est dans la continuité logique de mon engagement pour la France, et que j’ai découvert que l’engagement associatif parfois ne suffit pas ; certains problèmes sont résolus de manière plus efficace au niveau politique.
Vous avez obtenu un score d’un peu plus de 10%, est-ce un combat que vous allez poursuivre et sous quelles formes allez-vous faire entendre votre voix ?
Ce score, qui est le 3ème meilleur score de notre circonscription, me met dans une situation de responsabilité envers ceux qui m’ont accordé leur confiance. Aujourd’hui encore, je reçois régulièrement des messages de Français me remerciant pour mon travail et mes prises de position parce qu’ils ne peuvent pas le faire publiquement à leur niveau. Ils sont très nombreux à soutenir mon engagement et me demander de le poursuivre.
J’ai aussi la responsabilité de poursuivre ce combat parce que ce score me place comme le premier représentant politique de droite de notre circonscription, mais également, sauf erreur de ma part, de l’ensemble des Français de l’étranger. Je n’ai pas le droit de laisser tomber ceux qui attendent beaucoup de moi et surtout qui attendent un renouveau à droite chez les Français de l’étranger.
Ce combat continue sous de nombreuses formes, dans les réseaux sociaux et les médias, ce qui est classique, mais aussi beaucoup sur le terrain. Je crois au contact réel et aux échanges naturels. Cela est d’autant plus important car je représente désormais un camp qui suscite beaucoup de préjugés. Je reçois régulièrement des insultes et de l’agressivité de la part de gens qui ne me connaissent pas et ont simplement entendu parler de moi ; cependant ils comprennent vite le décalage entre l’image publique, les rumeurs, et ce que je suis dans la réalité lorsqu’ils me rencontrent vraiment en personne.
Comment proposez-vous d’améliorer la vie des Français expatriés en Asie notamment ?
Il faut à la fois un engagement politique et un engagement apolitique.
Avec le Club France International, je souhaite intervenir sur des sujets apolitiques, transpartisans et d’intérêt général, par exemple aider les Français à se créer un réseau, trouver un emploi, créer une entreprise, s’informer, se partager des bons plans, etc… tous ces sujets qui dépassent les clivages politiques.
Avec mon engagement politique, je me positionne sur des sujets nationaux comme l’ordre et la sécurité en France, mais aussi sur les sujets importants pour les Français de l’étranger comme la fiscalité et l’éducation. Je souhaite aller au-delà de ce que tout le monde fait sur ces sujets : évidemment je souhaite par exemple la suppression de la CSG-CRDS qui concerne les Français installés en Asie mais pas ceux installés dans l’Union Européenne ; évidemment je souhaite aussi davantage de moyens pour l’enseignement français à l’étranger ainsi que le réseau consulaire ; mais au-delà de ces sujets que tous les élus défendent bien (de toutes étiquettes politiques) je souhaite aussi un retour aux discussions politiques et à l’intérêt des Français de l’étranger pour le sort de leur pays, qui reste la France, car en réalité l’état de la France a un impact sur nos vies en Asie.
Là encore, on pourrait en parler toute la soirée, et j’invite tous les Français qui le souhaitent à me contacter et débattre sur ce sujet (y compris à Taïwan lors de mon prochain passage ce weekend, les 3 (Taïpei) et 4 décembre (Kaohsiung) 2022).
Vous êtes le fondateur et président du Club France International, quel est son objectif ?
Le CFI est, contrairement à beaucoup d’associations existantes, un réseau privé, dans le sens où on le rejoint sur invitation et pas simplement en payant une cotisation. L’objectif du CFI n’est pas de faire du chiffre, le maximum de membres possibles, le maximum d’événements possibles, mais d’avoir un impact réel pour ses membres, tout en ayant une dimension d’intérêt général.
Par exemple, nous allons soutenir nos membres dans leurs projets en fonction de leurs attentes du club (réseautage, recherche d’emploi, de clients ou fournisseurs, bons plans, etc…) mais aussi nous engager pour tout ce qui sert la France depuis l’étranger.
Nous faisons la promotion de notre culture et notre art de vivre (comme le font déjà beaucoup de structures existantes), mais aussi nous alertons sur les problèmes de la France grâce au recul que nous avons en vivant à l’étranger. Par exemple nous pouvons comparer les politiques appliquées dans nos pays d’expatriation respectifs et se demander si certaines idées pourraient être adaptées à la France, tout en respectant le principe de non-ingérence dans la politique locale de notre pays d’accueil. Et nous nous soucions uniquement du sort de la France et de l’Union Européenne.
Nous sommes « apolitiques » dans le sens transpartisans, liés à aucun parti politique, aucune religion, mais nous ne sommes pas neutres. Cela signifie que nous avons clairement à cœur la défense de la France, celle que nous aimons et que nous souhaitons retrouver temporairement (en vacances) ou définitivement lors d’un retour en France.
Comme d’autres réseaux, sa vocation est internationale mais aussi en métropole, afin d’accompagner les anciens Français de l’étranger et faciliter leur adaptation ou réadaptation au système français, avec ses qualités et ses défauts. Cela est d’autant plus vrai que nous défendons des valeurs plutôt patriotes. Notre objectif est de soutenir les particuliers, mais aussi les entreprises créées par des Français à l’étranger, afin de trouver des clients, des fournisseurs, des investisseurs, ou tout simplement se développer ou se relocaliser en France.
Est-ce que les Français résidant hors de France collaborent entre eux plus facilement et comment se manifeste cette entraide ?
Il existe tout naturellement un sentiment d’entraide qui se crée, comme pour toutes les nationalités d’expatriés dans le monde. Cette entraide se manifeste par la création de nombreuses associations, mais aussi de nombreuses initiatives isolées. Par exemple, beaucoup de Français sont à l’initiative de créations de groupes dans les réseaux sociaux (qui fonctionnent d’ailleurs parfois mieux que des associations structurées) ; d’autres créent des affaires qui proposent des services spécifiques pour les expatriés, et certains créent même des médias spécifiques aux expatriés, qui leur permet de faire du journalisme local et indépendant. Tout cela est excellent et explique en partie pourquoi tant de Français sont heureux à l’étranger.
On pourrait peut-être regretter que les Français soient souvent divisés, entre plusieurs groupes qui ne s’entendent pas toujours ; mais je trouve que ces différences constituent plutôt des richesses. Il vaut mieux plusieurs petites communautés qui vivent bien séparément et entretiennent des relations cordiales, plutôt qu’une unanimité de façade cachant beaucoup de tensions.
Enfin, même si les Français collaborent entre eux parfois facilement car on a tout naturellement tendance à faire confiance à un autre Français, il ne faut pas oublier que certains Français en profitent. Je sais par exemple que certains Français en Thaïlande abusent de cette confiance et sont à l’origine d’escroqueries, notamment dans le domaine de l’immobilier et la gestion de patrimoine. C’est pourquoi je souhaite créer à travers le CFI un réseau de confiance, dans lequel on vérifie le sérieux de chaque candidat avant de l’accepter et de le recommander aux autres membres.
La CoVID-19 a durement touché les pays d’Asie et chacun d’entre eux a traité l’épidémie différemment, comment l’Asie se relève-t-elle de votre point de vue ?
L’Asie a été trop stricte dès le début, cela lui a permis de garder le virus à distance lorsqu’il était moins contagieux, mais ensuite nous avons bien vu les limites de cette politique. J’ai été moi-même durement impacté : j’ai perdu quasiment tout mon business avec ces restrictions. En effet le sport de combat a été parmi les industries les plus gravement touchées. Il faisait partie des activités considérées comme non essentielles et nécessitant un contact physique rapproché, donc une cible privilégiée des restrictions sanitaires.
Cependant je pense que l’Asie se relève bien et de plus en plus vite ; j’ai pu beaucoup voyager récemment et j’ai bien senti que tout redémarre. De plus, je pense que les asiatiques sont avant tout pragmatiques. Ce qu’il faut faire pour faire tourner l’économie et gagner de l’argent, ils le feront. Ils sont capables de se rendre compte (tôt ou tard) quand ils vont droit dans le mur, puis de changer de trajectoire, ce qui n’est pas forcément le cas en Europe.
Vous êtes un patriote et aimez la France… comment faîtes vous pour faire rayonner la France à l’étranger ?
Il y a d’abord les activités que « tout le monde » fait et que j’ai fait de nombreuses années avec l’UFE, par exemple les activités conviviales dans lesquelles on mange, boit et parle français, les événements culturels français, la francophonie, l’aide aux entrepreneurs français en France (pour trouver des clients ou fournisseurs à l’étranger) ou au contraire à l’étranger (pour développer leur business et développer l’entraide entre entrepreneurs français dans le monde), etc…
C’est justement à la suite de ces expériences associatives que je me suis rendu compte qu’il manque beaucoup de choses dans de nombreux domaines, et je souhaite désormais me consacrer à ceux-ci. Par exemple, la plupart des organisations ciblent les Français et font de l’entre-soi ; ou au contraire elles se consacrent aux populations locales pour leur enseigner le français ou leur faire découvrir l’art de vivre à la française.
Or, je souhaite créer davantage de connexions entre les Français et les « locaux », pour faire rayonner la France en lui donnant une bonne image auprès de ceux-ci. Je fais probablement cela aussi parce que mon épouse est une Chinoise de Hong Kong, et qu’il y a de plus en plus de couples binationaux dans le monde. Le profil des Français de l’étranger change, les associations et autres organisations doivent aussi s’adapter. C’est sans doute aussi en lien avec mes valeurs que je qualifie de patriotiques ; je pense que chaque population doit s’intégrer et s’adapter localement là où elle vit.
C’est une idée très importante, car nous pouvons constater que les sentiments de fierté nationale et de protectionnisme gagnent du terrain partout dans le monde. Je trouverais bizarre que les Hongkongais en France créent des associations et des écoles dans lesquelles ils feraient de l’entre-soi et vivraient surtout à la chinoise partout en France en imposant leurs règles et leur culture ; auquel cas s’il y avait un camp politique qui dénoncerait cela en premier, c’est bien le mien.
Je pense donc qu’il faut créer des passerelles pour que nous, Français qui sommes des étrangers où nous nous trouvons, vivions en harmonie et en partenariat avec les locaux, tout comme nous voulons que les étrangers en fassent de même en France. Être patriote et ambassadeur de son pays à l’étranger c’est le faire rayonner et le faire aimer, ce n’est pas s’imposer de manière agressive comme certains étrangers le font en France. Il faut être patriote tout en respectant le pays d’accueil.
Un autre exemple, je souhaite faire rayonner la France auprès des… Français ! Je rencontre malheureusement beaucoup de Français qui se disent « exilés » car ils ne reconnaissent plus la France qu’ils aiment. Beaucoup aussi ne votent plus parce qu’ils sont déçus de la France et me disent qu’ils vivent bien à l’étranger, loin de la France et parfois même loin des autres Français expatriés. Certains m’ont dit que la France est dans une situation irréversible et que tout espoir est perdu, donc ils ne votent plus car cela ne sert à rien. Cela m’a choqué. J’aimerais que cela change.
Vous faites bien de parler de mon score de 10% des voix exprimées à l’élection législative, mais combien est-ce en % des inscrits ? Très peu. Il y a donc un gros travail à faire pour inciter les Français à s’intéresser à la vie démocratique, et à aller voter. Faire rayonner la France à l’étranger, c’est aussi rappeler nos valeurs à nos compatriotes et les aider à recréer un lien avec la France. Je m’y engage et souhaite m’y consacrer pleinement, c’est aussi cela, mon interprétation du patriotisme français à l’étranger.
Est-il plus difficile d’être patriote de nos jours et hors des frontières de la France ?
En lien avec la question précédente, je dirais qu’il est au contraire plus facile d’être patriote de nos jours en étant expatrié, car nous observons tous les jours le grand déclassement de notre pays et nous voyons comment le monde évolue en dehors de nos frontières ; tout cela nous donne envie de faire ce que nous pouvons pour participer au redressement de la France.
Il ne faut pas oublier que notre patrie est la France et que concrètement nous sommes tous expatriés, dans le sens où nous vivons en dehors (ex) de notre patrie. Nous ne sommes pas, à quelques exceptions près, des immigrés qui abandonnent la nationalité française pour devenir citoyens de notre pays d’accueil. Nous sommes des étrangers dans notre pays d’accueil et nous souhaitons le rester, tout en respectant les règles et coutumes locales (ce que nous souhaitons également de la part des étrangers en France).
Même les exceptions comme les binationaux, par exemple, restent normalement profondément français et fiers de l’être, et ne viennent pas en Asie pour changer de nationalité sur le papier et profiter d’aides sociales (qui n’existent pas en Asie de toutes façons). En ce qui me concerne, je suis Français et pas Chinois, ni Japonais, ni Thaïlandais, et je ne souhaite jamais le devenir. Je suis fier d’être un expatrié en Asie, qui garde son identité française et sa nationalité française tout en respectant le pays d’accueil et toutes ses règles.
Je m’applique à moi-même ce que je souhaite que les étrangers fassent en France. En conséquence, il devient de plus en plus facile d’être patriote car nous sommes capables de résider en dehors de la France tout en restant connectés avec l’actualité française et en nous battant pour les intérêts de la France que nous aimons.
N’oublions pas que le général De Gaulle s’était lui-même expatrié temporairement afin de mieux préparer son combat pour revenir et sauver la France ; évidemment c’est une comparaison extrême et je ne dis pas que les expatriés sont tous des De Gaulle ; je dis juste qu’il est tout à fait cohérent d’être patriote et vivre à l’étranger, surtout si depuis l’étranger on s’engage à servir les intérêts français et qu’on se bat, à notre niveau, pour que la France reste (ou redevienne) la France.
Un dernier mot pour les français de Taïwan ?
Je serai de passage à Taipei samedi 3 décembre et à Kaohsiung le dimanche 4 décembre, j’espère bien rencontrer et échanger avec les Français qui sont disponibles et qui le souhaitent ! Plus d’informations sur cette page.
Si vous souhaitez contacter Marc Guyon pour en savoir plus sur ses propositions ou tout simplement suivre son actualité voici les liens à suivre :
Et pour en savoir plus sur les actions de la France à Taïwan, découvrez notre interview de Jean-François Casabonne Masonnave, le directeur du Bureau Français de Taipei.