Depuis septembre 2019, Monsieur Jean-François Casabonne-Masonnave est le directeur du Bureau Français de Taïpei (BFT). Il est le représentant de la France à Taïwan et défend les intérêts des ressortissants français sur l’île. Pour notre deuxième rencontre avec les acteurs qui font le Taïwan d’aujourd’hui, nous avons eu l’honneur de pouvoir discuter avec lui et d’échanger sur ses missions et sur la communauté française présente à Taïwan.
Bonjour M. Casabonne-Masonnave, je vous remercie d’avoir accepté cette interview avec nous. Pouvez-vous, vous présenter pour nos internautes ?
Je suis Jean-François Casabonne Masonnave, et j’exerce les fonctions de Directeur du Bureau français de Taipei (BFT) depuis septembre 2019. Diplomate de carrière, juriste de formation, j’ai été auparavant en poste en Asie (Vietnam, Indonésie et Japon), mais aussi en Tunisie et au Canada où j’ai occupé les fonctions de Consul Général à Toronto. La moitié de ma carrière s’est, comme il est habituel, déroulée au ministère, essentiellement des fonctions juridiques pour les postes les plus récents.
Vous êtes depuis 2019, le Directeur du Bureau Français de Taipei, qu’est-ce que le BFT et quel est son rôle ?
Le Bureau français de Taipei a pour mission de faciliter et de promouvoir la coopération et les échanges bilatéraux, en particulier dans les domaines économique, culturel, éducatif et scientifique. Il comprend ainsi un service de presse et communication, un service économique, un service de coopération et d’action culturelle, et une section consulaire au service de nos concitoyens,. Il regroupe également l’antenne locale de Business France, qui encourage les investissements taïwanais en France et accompagne nos entreprises à l’export sur le marché Taïwanais, un représentant d’Atout France pour promouvoir le tourisme en France, ainsi qu’une antenne Campus France, pour encourager et accompagner les étudiants taïwanais qui souhaitent poursuivre leurs études en France.
Et plus particulièrement quel est votre rôle au sein de cet organisme, en tant que directeur ?
En tant que Directeur, je suis à la tête de l’ « équipe de France » à Taïwan ! Je coordonne l’action des différents services du BFT au service des intérêts de nos ressortissants et des intérêts français. A cette fin, je travaille étroitement avec les représentants de la communauté française : les élus consulaires, la très dynamique Association des Français de Taipei qui mène une action exemplaire, et la dynamique communauté d’affaires, présente dans tous les secteurs d’activité, et regroupée en particulier au sein de la chambre de commerce française (CCIFT) et de la French Tech Taiwan (FTT). Pour être concret, nous avons par exemple soutenu les parents d’élèves français dans leur projet de création d’une nouvelle école française, la seconde à Taïwan, qui fera sa première rentrée en septembre, auprès des pouvoirs publics taïwanais et français, et du secteur privé pour la levée de fonds.
Taiwan est souvent citée en modèle dans la lutte contre la COVID-19, comment avez-vous vécu cette période de l’intérieur ?
La communauté française, et moi-même, avons eu le sentiment, dès le début de la crise, d’avoir la chance d’habiter un havre. Non seulement il n’y a jamais eu de confinement, mais le nombre de victimes est (de loin) le plus faible des sociétés développées, et les libertés individuelles ont été jalousement préservées. Taïwan a remarquablement contenu l’épidémie. La sortie de crise est peut-être plus lente qu’ailleurs, mais le bilan global, dû à une mobilisation « à tous les étages », fondé sur les cruels enseignements de l’épidémie de SRAS en 2003, est remarquable.
Quelles sont vos priorités et sur quels axes espérez-vous agir pour mieux faire connaître Taiwan en France ?
Ma mission est le développement de nos coopérations, et la protection des intérêts français à Taïwan ! Mais cela passe évidemment par une meilleure connaissance mutuelle.
Certains aspects de notre pays sont bien connus et très appréciés ici : la culture, la mode, la gastronomie, nos ressources touristiques, etc. Je pourrais aussi y ajouter la part que notre pays porte dans la communauté internationale et au sein de l’Union européenne en faveur de la paix et de la stabilité. Mais d’autres aspects doivent être développés. L’enseignement supérieur est une priorité pour nous : nous partons de bonnes bases avec 1.500 étudiants taiwanais en France chaque année hors Covid, mais nous devons faire mieux, en particulier dans les domaines scientifiques et l’ingénierie. L’innovation est également un champ de coopération essentiel, car nos priorités en la matière sont identiques, et nos atouts complémentaires. Et nous devons convaincre les taïwanais d’investir davantage en France, car ils sont en retard sur ce point !
En matière culturelle, nos coopérations sont anciennes et les échanges humains denses et très fructueux, même si la pandémie a ralenti cet élan. De nouveaux champs d’action sont d’ores et déjà l’objet de nouveaux projets, dans le domaine des valeurs communes et des libertés publiques, ou encore dans celui des industries culturelles et créatives, comme le cinéma et la réalité virtuelle.
Dans quels domaines, la France et Taïwan peuvent-ils collaborer pour renforcer leurs liens ?
J’en ai parlé : la coopération et les échanges universitaires, ainsi que les secteurs de l’innovation, des start-up, et des nouvelles technologies offrent de très nombreuses opportunités de coopération et de développement. De même, la lutte contre le changement climatique, une menace pour nous tous, et la protection de l’environnement (transition énergétique, développement durable) sont des secteurs à très fort potentiel.
Pouvez vous nous faire un état des lieux des Français présents à Taïwan ?
Taïwan accueille une importante communauté française, évaluée à 4 000 personnes. En 2021, 2190 Français étaient inscrits au registre à Taïwan. La population est jeune et très présente dans les métiers de l’enseignement, de la culture et dans le domaine universitaire et de la recherche. Elle l’est un peu moins dans le commerce et l’industrie (mais bien davantage que les autres européens) mais les créations d’entreprises par des Français ne cessent d’augmenter. Les étudiants français représentent une part non négligeable de la communauté française, à laquelle ils apportent un indéniable surcroît de visibilité.
Quelle est l’image de la France auprès des Taïwanais ?
Les Taïwanais ont une excellente image de la France. Ils associent notre pays à ses secteurs traditionnels d’excellence, à savoir la culture, la gastronomie, les arts. C’est aussi pour beaucoup de Taïwanais le pays des droits de l’Homme et des Lumières. A la tête du BFT, je m’appuie sur cette image très positive de la France pour promouvoir des aspects moins connus de notre pays : ses atouts scientifiques et technologiques, son savoir-faire industriel, son rayonnement mesurable dans les classements internationaux, etc.
Taïwan fait, régulièrement partie des destinations préférées auprès des expatriés. Comment valoriser l’île auprès des français, tant étudiants qu’entrepreneurs ?
Encore une fois, ma mission n’est pas de valoriser l’île auprès des Français, mais de valoriser la France auprès des Taïwanais ! Cependant, la qualité de vie ici, et la bienveillance de l’accueil des taïwanais font déjà beaucoup, comme vous le soulignez. Le représentant taïwanais en France, qui justement compte parmi ses objectifs l’attractivité de Taïwan auprès des Français, pourra mieux vous en parler. Je constate néanmoins un intérêt croissant pour Taïwan de la part des Français qui sont toujours plus nombreux à vouloir venir sur l’île.
Le gouvernement taïwanais a fait de la lutte contre le réchauffement climatique une priorité, Taïwan est connue pour être une démocratie digitale… est-ce qu’il y a des initiatives qui vous plaisent et qui pourraient nous servir de modèle ?
Le changement climatique est un défi commun. Nous travaillons déjà sur un large éventail de questions: énergie, changement climatique, économie verte, recherche. Nous avons une forte coopération sur l’énergie éolienne offshore. Les entreprises françaises contribuent à l’énergie verte à Taiwan, par exemple des projets en faveur de l’hydrogène vert.
Et pour finir, selon vous, quelles sont les 3 raisons qui font que Taïwan est une destination parfaite pour les français ?
Là encore, c’est une question à poser au représentant taïwanais en France ! Je pense néanmoins qu’il lui sera difficile de n’en choisir que trois… Ce que je peux vous dire, c’est que la communauté française est heureuse à Taïwan et qu’elle s’y sent bien. A titre très personnel, je citerai le thé taïwanais Oolong, l’hospitalité des habitants et la beauté des paysages de l’île parmi les raisons de s’y rendre.
Pour plus d’informations suivez le lien vers le site du Bureau Français de Taïpei : BFT