Il y a fort, fort longtemps, l’île de Taïwan était peuplée de léopards, bisons et rhinocéros. Conte de fée ou réalité ? Des fossiles de léopards ont été retrouvés au sein de Kenting National Park, des vestiges de bisons à Hsinchu. Dans les eaux envionnant Penghu, ce sont les traces de rhinocéros, éléphants asiatiques, ours bruns et ratons-laveurs qui ont été découvertes.
Ces espèces semblent appartenir à un passé lointain, tellement il est difficile de les imaginer arpenter nos plaines et forêts. D’autres espèces, récemment considérées disparues ou en danger d’instinction, sont mises à l’avant ces dernières années. Quelles sont-elles ? Et quels sont les dispositifs environnementaux visant à leur protection ?
Le Livre Rouge
Actuellement, 17% des 617 espèces animales terrestres de Taïwan sont classées comme étant en danger critique d’extinction, en danger ou quasi-menacées.
Le Livre Rouge peut être défini comme un registre des espèces sauvages menacées. La classification du Livre Rouge est dérivée de normes d’évaluation définies par la communauté scientifique. Ainsi, chaque espèce est placée dans une catégorie, confirmant le degré de menaces pesant sur ces êtres vivants, ainsi que la probabilité d’extinction.
Le Livre Rouge est mis à jour tous les cinq ans, afin de suivre l’évolution des menace pesant sur les espèces à un niveau global.
L’ebook* comprenant la liste complète des espèces terrestres menacées peut être téléchargé en cliquant sur le lien suivant.
Retrouvez sur le lien suivant, la dernière liste publiée par le Bureau des Forêts.
Elle comprend les espèces menacées, espèces rares et précieuses et autres espèces sauvages méritant d’être conservées.
Espèces menacées : lesquelles et pourquoi
Parmi les 617 espèces évaluées, environ 105 sont classées comme étant en danger critique d’extinction, en danger ou quasi-menacées, dont 12 espèces de mammifères, 52 espèces d’oiseaux, 5 espèces de reptiles, 11 espèces d’amphibiens et 25 espèces de poissons d’eau douce.
La loutre d’Eurasie, la roussette (chauve-souris) des Ryukyu, la salamandre de Nanhu, le chat-léopard ou encore la panthère nébuleuse de Taïwan font partie des exemples les plus cités.
Les raisons pour lesquelles ces espèces sont en danger d’extinction varient. Par exemple, le cobia japonais (poisson) est associé à la surpêche ; le déclin des populations de roussettes (chauves-souris) et mauremys sinensis (tortues dorées) est lié à la réduction de leur habitat et de leur aire de répartition ; et le faisan à collier est en danger d’extinction en raison de l’hybridation avec des espèces exotiques. En outre, des espèces telles que la salamandre de Nanhu, qui sont déjà rares ou dont l’habitat est réduit, sont encore plus vulnérables aux menaces connues ou inconnues, qui entraînent un déclin des populations.
Les ours sont régulièrement retrouvés dans des pièges destinés à d’autres animaux, tandis que les pangolins sont souvent les victimes de chiens errants.
La situation générale des oiseaux domestiques, quant à elle, s’est améliorée. Cette analyse s’explique par le fait que les forêts sont mieux protégées et que la chasse humaine a diminué. Il y a de l’espoir, et, par le passé, le gouvernement a réussi à réintroduire certaines espèces avec un certain succès.
L’exemple de la réintroduction du cerf Sika
Le cerf Sika vivait dans les plaines et les collines à basse et moyenne altitude il y a 300 à 400 ans. Le nombre de cerfs a fortement diminué à partir de cette époque. En raison du développement de l’habitat humain, l’espace nécessaire aux cerfs sauvages a grandement réduit.
Selon une étude menée par l’écologiste américain Dale R. McCullough en 1973, le cerf de Virginie à l’état sauvage pourrait avoir disparu depuis 1969. Après cette date, on ne l’aurait rencontré que dans les zoos et les élevages privés. C’est à cette époque qu’un mouvement s’est penché sur la population des cervidés de manière globale.
Lorsque l’UICN (International Union for Conservation of Nature) a réalisé une étude sur les espèces de cervidés menacées en 1974, elle a classé le cerf de Taïwan parmi les espèces les plus menacées. Elle estimait que, bien qu’il y ait encore beaucoup de cerfs dans les zoos et les élevages, ces cerfs domestiqués avaient perdu leurs caractéristiques innées et leur instinct de survie et étaient si différents des cerfs sauvages qu’il était urgent d’oragniser un programme d’élevage et de réintroduction.
Le programme de réhabilitation a débuté en 1984, dans le but de rendre les cerfs à la nature. Une période de préparation de sept ans, une période de libération de deux ans et une période de suivi ont été planifiées. Vingt-deux cerfs (5 mâles et 17 femelles) du zoo de Yuanshan à Taipei ont été sélectionnés comme noyau du troupeau, et ont été transférés dans une étable au sommet du parc national de Kenting deux ans après le début du programme.
Cinq ans plus tard, le troupeau comptait 36 têtes.
Si l’on se base sur la vitesse de reproduction naturelle des troupeaux de cerfs, le nombre total de têtes devrait être de 100 000 en 2006. Seulement, le nombre de cerfs Sika à Kenting n’était que de 341-481 à la période donnée. L’écart entre les deux est dû aux perturbations humaines et aux maladies, qui ont causé la mort d’un grand nombre de ces animaux.
En raison du développement de l’habitat, de l’aménagement des routes, et de l’augmentation du nombre de résidents et de chiens, la réintroduction s’est averée plus difficile que prévue.
Les aboiements et la chasse par les chiens errants ou domestiques ont semé la panique parmi les biches et les faons le long des routes. Cette pression a créé un barrage invisible empêchant les cerfs de se déplacer dans une autre zone, nécessaire à la croissance du groupe. Une fois que l’espace vital est limité et que la source de nourriture est appauvrie, la capacité de reproduction et l’état nutritionnel des cerfs s’en trouvent affectés.
En outre, l’élevage dans des zones montagneuses peu profondes a trop bien marché. La densité animale devenant trop élevée, la prolifération de bactéries pathogènes est un risque, augmentant ainsi le risque d’épidémies. Notons que la chasse du cerf Sika reste illégale.
Les prochains projets de réintroduction et leurs enjeux
La panthère nébuleuse de Taïwan, qui parcourait autrefois les montagnes à 1 500 mètres d’altitude, est une sous-espèce endémique de Taïwan. En dehors de quelques photos de basse qualité, elle n’a pas été observée à l’état sauvage au cours des 50 dernières années.
La roussette taïwanaise (grande chauve-souris frugivore), qui vivait à l’origine sur Green Island, est également une sous-espèce unique de Taïwan. Elle a été inscrite sur la liste des espèces menacées d’extinction en 1989, et il n’y a aujourd’hui plus aucune trace de cette espèce dans la nature.
L’idée est de réintroduire ces deux espèces à partir des spécimens existants dans d’autres pays. Mais, il y aurait deux risque : si il y avait toujours quelques spécimens d’origine, quelles seraient les conséquences de la coexistence entre animaux natifs et introduits ?
Et, si ces animaux avaient bel et bien disparus, l’éco-système d’aujourd’hui est-il toujours viable pour que ces animaux puissent survivre et se développer?
Quant aux ours… comment se passerait la coexistence entre ces animaux et les humains ?
Toutes ces questions font que ces projets sont actuellement en suspens. En attendant, le pays progresse dans la protection de beaucoup d’espèces en dangers, telles que le pangolin, qui commence à être aperçu de façon plus régulière sur l’île.
Chaque printemps, des tronçons d’une autoroute No. 3 à Yunlin sont fermés, non pas pour des travaux de construction, mais pour laisser passer les papillons. Cette mesure vise à éviter que des dizaines de milliers de papillons ne soient heurtés par des véhicules lors de leur migration annuelle.
Que dois-je faire si je trouve un animal blessé ou pris au piège ?
Appelez le 1999 ou la ligne de secours animalière 1959, ouverte 24 heures sur 24, et dites leur :
- Ce qu’il s’est passé (par exemple, l’animal est blessé ou pris au piège, etc.)
- Comment l’animal est-il piégé ou blessé, le nombre d’animaux, les caractéristiques, la taille ?
- L’animal est-il mort ? (Si l’animal est mort, il sera pris en charge par le département de la protection de l’environnement de la ville de Taipei).
- Où se trouve l’animal ?
- Veuillez indiquer votre nom, votre adresse et votre numéro de téléphone.
- Si l’animal est piégé dans une propriété privée, le Bureau de Protection des Animaux ira tout de même le secourir. Toutefois, afin d’éviter tout litige, le personnel n’entrera dans la propriété privée qu’avec l’accord du propriétaire de celle-ci.
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Une réponse
C’est malheureusement un fléau. Au musée de l’homme a Paris vous avez toute une section montrant les espèces disparues et celles qui sont sur le point de disparaître. Une vraie tristesse..Mais une bonne leçon pour nos enfants.
Bravo pour votre article.