Vous aimez faire la fête ou écouter de la musique ? Inside Taiwan a interrogé un DJ de Taipei qui mérite d’être plus connu du grand public !
Peux-tu te présenter ? Comment as-tu commencé à mixer ?
Je m’appelle djdanvibe. Avant de plonger dans la musique, je travaillais dans l’urgence médicale. Je conduisais une ambulance à toute vitesse à travers la ville, pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Aujourd’hui, j’ai juste changé d’outil : je n’ai plus de sirène, mais des platines. Je continue à prendre soin des gens, autrement. Avec le son.
C’est en 2023 que tout a basculé. Une soirée, un DJ, une énergie dans l’air que je n’arrivais pas à expliquer. J’ai eu une sorte de déclic : cette personne, derrière ses machines, faisait plus que passer des morceaux. Elle prenait soin de l’ambiance, des émotions. C’était comme une forme de thérapie collective. Ce soir-là, j’ai compris que je voulais apprendre à faire ça aussi. J’ai commencé à mixer, à chercher des sons, à explorer mes propres ressentis à travers la musique.
La même année, DJ Marcus Aurelius m’a invitée à mixer sur la colline de Hushan pour Halloween. J’y ai rencontré @samritter_dj de Taipei Mix. De fil en aiguille, j’ai rejoint leur équipe, participé à leurs soirées, et fondé mon propre projet : Dayvibe. Une manière d’unir fête, soin et liberté.
Quels styles tu mixes ? Tu as des artistes références ?
Je navigue entre plusieurs univers : House, Hip-Hop, pop. Chaque style a sa couleur, son énergie. Le House, c’est mon soleil intérieur : parfait pour les moments doux, dansants, en pleine journée. Le Hip-Hop et les Breaks, je les sors quand la nuit s’épaissit, quand les corps ont envie de vibrer plus fort. Et la pop, c’est le lien avec les gens : ça chante, ça rassemble, ça fait sourire.
J’ai grandi avec la danse, plus de 15 ans à pratiquer le Hip-Hop et le popping. Ça m’a donné une oreille très fine pour le rythme et le mouvement.
Quand je mixe, je pense au corps : est-ce qu’il a envie de bouger ? Est-ce qu’il se sent libre ?
Fred again.. m’inspire beaucoup. Il met une émotion folle dans ses beats. Et Daft Punk, bien sûr. Ils ont changé l’histoire, mais surtout, ils m’ont montré qu’on pouvait raconter une histoire sans dire un mot.
Comment prépares-tu tes sets ?
Tout dépend du contexte. Si c’est un événement plus structuré, je prépare des playlists par ambiance, avec un fil conducteur. Ça me permet de garder un cap.
Mais en club, ou dans des lieux où je connais bien le public, je préfère laisser place à l’instant. J’observe la vibe, je ressens ce que les gens vivent, et je m’adapte. Chaque lieu, chaque nuit est unique. Même une chanson que je connais par cœur peut résonner totalement différemment selon l’énergie du moment. Je viens toujours avec une grande sélection… et j’improvise en dansant avec le public.
Un moment de galère pendant un live ?
Oui, et pas des moindres. Un soir, en pleine recherche d’un mash-up, un gars un peu trop à l’aise a posé sa main… directement sur ma platine. L’angoisse. Mais je savais que je ne devais pas casser le moment. Alors je l’ai regardé et lui ai dit calmement : “Attends, je prépare le prochain morceau.”
Puis j’ai lancé un remix très personnel de “Vois sur ton chemin”. Contre toute attente, la foule s’est arrêtée, s’est recentrée, et tout le monde a commencé à chanter. C’était fou. Comme quoi, même un moment de panique peut se transformer en magie, si on garde la musique au centre.
Pour toi, un(e) bon(ne) DJ, c’est quoi ?
C’est quelqu’un qui écoute plus qu’il ne parle. Qui capte les mouvements invisibles d’un lieu. Qui sait quand faire monter la tension, et quand relâcher. C’est une question de rythme, bien sûr, mais aussi d’empathie.
Tu dois connaître ta musique, avoir du goût, oui. Mais surtout, tu dois créer un lien. On ne vient pas juste appuyer sur des boutons. On raconte une histoire, on invite les gens à nous suivre dans la musique
Une performance inoubliable ?
Babylon Taipei. C’était dehors, sous le ciel. J’ai joué ma version de “Vois sur ton chemin”. L’énergie était très haute jusque-là, et d’un coup, tout s’est ralenti. Un silence étrange, presque sacré, est tombé. Les gens ne parlaient plus. Ils étaient là, juste là, à écouter.
Je crois que c’est à ce moment-là que j’ai compris : la musique, c’est un langage sans frontières. Tu peux toucher les gens, même sans qu’ils comprennent les paroles. Tu peux suspendre le temps. C’était beau, puissant, fragile. Inoubliable.
Où trouves-tu ton inspiration ?
Partout. En marchant dans la ville, j’écoute ce qui se passe : un morceau dans une boutique, une voix dans la rue, un rythme de pas.
Mais surtout, dans la nature. Me poser dans l’herbe, fermer les yeux, écouter le vent ou les vagues… C’est souvent là que mes idées naissent. Le silence extérieur réveille les sons intérieurs.
Et la musique, pour toi, c’est quoi ?
C’est ma deuxième vie.
Avant, je soignais des corps dans une ambulance. Aujourd’hui, je soigne des cœurs avec de la musique. C’est le même élan, mais un autre langage.
J’ai créé Dayvibe pour ça. Pour offrir un espace où les gens peuvent souffler, se reconnecter à eux-mêmes, retrouver de la lumière, que ce soit sur un rooftop, en forêt ou au bord de la mer. La musique est là, partout où il y a de la vie.
Tes prochains projets ?
Je développe un format de fêtes en journée, encore peu courant à Taïwan. Avec des partenaires comme WOOREAL 石牌 et W. Odyssey 餐酒館, on crée des espaces musicaux lumineux et accessibles. projet DJ restaurant Wooreal
Je joue régulièrement à Taipei : comme le 24 mai à une soirée privée Taipei Mix avec le producteur 3VERYNIGHT (Marc illy), et le 31 mai au Babylon Taipei.
Et à l’international : une tournée se prépare avec des dates à Bangkok (avec Kenny & Light Session) et en France, à Toulouse et Paris, avec Pablo_killombo. L’idée, c’est de faire voyager Dayvibe , et ramener toutes ces inspirations à Taïwan.
Un mot pour les personnes qui te suivent ?
Merci. Vraiment.
Je ne viens pas d’une école de musique. Ce n’était pas un rêve d’enfance. Mais vos messages, vos sourires en soirée, vos pas de danse, m’ont donné la force d’y croire.
Dayvibe , ce n’est pas juste une fête. C’est une manière d’être. D’habiter son corps, son cœur, sa soirée. Et je suis profondément reconnaissante de pouvoir vivre ça avec vous.
Où te trouver ?
Instagram, c’est le plus simple : @dayvibe_musiq.
Je poste toutes les infos là-bas. Si tu veux venir à une de mes soirées, ou si tu es un lieu, une marque, une âme curieuse de créer quelque chose ensemble : écris-moi. Tout le monde est bienvenu(e) chez Dayvibe .
Odyssey @w.odyssey.taipei @w.odyssey.taipei
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