Fin juillet 2025, la Chine a mené d’imposants exercices militaires autour de Taïwan, allant jusqu’à simuler des combats urbains. À l’issue de ces manœuvres, le porte-parole du ministère chinois de la Défense, Zhang Xiaogang, a accusé Taipei de vouloir transformer son peuple en « chair à canon » et affirmé que « l’indépendance de Taïwan » était vouée à un « déclin inévitable ». Des propos aux accents menaçants, qui soulèvent la question : existe-t-il réellement un prétexte légitime pour que Pékin lance une attaque ?
Le politologue et sinologue Stéphane Corcuff, maître de conférences à Sciences Po Lyon, explique pourquoi ce casus belli est loin d’être trouvé.
Un flou sur ce que Pékin appelle « indépendance de Taïwan »
Pour Stéphane Corcuff, la Chine entretient volontairement l’ambiguïté. Pékin refuse de reconnaître la République de Chine (nom officiel de Taïwan) et qualifie son gouvernement de « pouvoir local rebelle ». Pourtant, juridiquement et factuellement, la République de Chine exerce pleinement sa souveraineté sur l’île.
Ce que la Chine redoute réellement, ce n’est pas une déclaration d’indépendance – inutile sur le plan du droit international – mais un changement formel du nom du régime en « République de Taïwan ». Un tel geste, inexistant dans l’agenda politique actuel, serait la véritable ligne rouge pour Pékin.
Trois formes d’« indépendance » à distinguer
Corcuff rappelle qu’il faut séparer :
- L’indépendance de fait : souveraineté réelle et reconnue de la République de Chine sur Taïwan.
- L’indépendance rêvée : projet du mouvement national taïwanais visant à créer un État nommé « République de Taïwan ».
- L’indépendance fantasmée : celle que Pékin et, parfois, le Kuomintang brandissent comme menace, en amalgamant toute position non favorable à la réunification.
Aujourd’hui, même le Parti démocrate progressiste (PDP), historiquement associé à la cause indépendantiste, défend avant tout la continuité de la République de Chine face aux pressions chinoises.
Une histoire qui contredit le récit officiel de Pékin
Historiquement, Taïwan n’a pas toujours été liée à la Chine. Jusqu’au XVIIe siècle, l’île était habitée par des populations austronésiennes organisées en villages. Elle a été colonisée par les Hollandais en 1624, puis brièvement par les loyalistes Ming en 1661, avant d’être intégrée à l’empire mandchou en 1684.
Les Mandchous cèdent l’île au Japon en 1895, et Taïwan ne revient sous administration chinoise qu’en 1945, après la Seconde Guerre mondiale. Ce rappel historique met à mal l’idée d’une « réunification » naturelle et inévitable, défendue par Pékin.
Un statu quo largement plébiscité par les Taïwanais
Les sondages sont clairs : seuls 4,3 % des Taïwanais souhaitent une indépendance immédiate avec changement de régime. La grande majorité soutient le statu quo, c’est-à-dire la poursuite de la République de Chine telle qu’elle existe aujourd’hui.
(NDR : ce qui est à moduler, selon les derniers sondages réalisés à Taïwan si effectivement 4,3% des Taïwanais sont pour une indépendance immédiate, il fait noter que 26,5% des Taïwanais sont pour une indépendance le plus rapidement possible et 21,5% des Taïwanais souhaitent une indépendance dans les années à venir… Il est plus juste de dire que la majorité des Taïwanais souhaitent l’indépendance à cours ou moyen terme)
Ce choix s’explique par trois facteurs : la menace militaire chinoise, l’isolement diplomatique imposé par le principe d’« une seule Chine » et la crainte des conséquences économiques et sécuritaires d’un changement radical. Résultat : Pékin ne dispose pas d’un prétexte crédible pour attaquer sans apparaître comme l’agresseur.
Une contradiction insoluble pour Pékin
La Chine se trouve dans une impasse stratégique : elle nie l’existence de la République de Chine, mais menace de réagir violemment si celle-ci venait à disparaître au profit d’un État formosan.
Cette situation figée fait dire à Stéphane Corcuff que Pékin n’est « pas près de trouver à Taïwan un casus belli justifiant une attaque ». Sans déclencheur politique majeur, la seule option qui reste à la Chine est de préparer militairement le terrain tout en attendant un affaiblissement de la dissuasion américaine.
📌 À retenir
- 🗺️ Pékin vise surtout à empêcher un changement de nom du régime taïwanais.
- 📜 L’histoire montre que Taïwan n’a pas toujours été liée à la Chine.
- 🗳 La majorité des Taïwanais défend le statu quo.
- ⚖ La Chine entretient un flou volontaire sur la notion d’« indépendance ».
- 🛡 Sans changement majeur à Taïwan, aucun casus belli crédible n’existe.

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