Le comte Gotō Shinpei (後藤 新平) a indéniablement marqué l’histoire de Taïwan. Né le 24 juillet 1857 et décédé le 13 avril 1929, ce médecin devenu homme politique a joué un rôle de premier plan dans l’administration de Taïwan à l’époque où l’île était placée sous la souveraineté japonaise. Sa vision et son approche dans la gestion des affaires civiles ont laissé une empreinte profonde sur l’évolution de Taïwan.
La cession de Taïwan et l’arrivée de Kodama et Gotō
Après la guerre sino-japonaise, la dynastie Qing concède Formose et les Pescadores, l’actuel Taïwan, à l’Empire du Japon suivant le traité de Shimonoseki. Kodama est nommé gouverneur général de Taïwan, tandis que Gotō se voit confier la gestion des affaires civiles du gouvernement. Une des premières actions de Gotō est de moderniser l’infrastructure, faisant appel à l’ingénieur écossais William Kinninmond Burton pour le développement des systèmes d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement.
Dans une optique de pacification, Gotō remplace la police militaire par une police civile, prohibe le port d’uniformes et d’épées par les fonctionnaires et les enseignants, et renforce le contrôle social traditionnel en intégrant les anciens et les chefs de village dans l’administration.
Réformes de santé publique et lutte contre l’opium
Gotō, médecin de formation, œuvre pour le bien-être de Taïwan en établissant un hôpital public et une école de médecine à Taipei, ainsi que des cliniques dédiées aux maladies tropicales réparties dans toute l’île. Conscient du fléau de la dépendance à l’opium, il propose une politique d’interdiction graduelle, où l’achat d’opium est strictement régulé.
Ces mesures drastiques aboutissent à une baisse significative du nombre de toxicomanes, passant de 165 000 en 1900 à moins de 8 000 en 1941. Cette politique a également des répercussions économiques positives pour le gouvernement japonais qui, en régulant la vente d’opium, s’assure une source de revenus tout en consolidant son emprise sur l’élite taïwanaise fidèle à l’Empire.
Infrastructures et réformes administratives
Sous Gotō, Taïwan connaît une transformation économique et administrative notable. La monopolisation gouvernementale des industries clés comme le sucre et le tabac, ainsi que le développement des infrastructures portuaires et ferroviaires, sont des exemples éloquents de cette transformation.
L’implication de Nitobe Inazō dans la planification de la sylviculture et de l’agriculture subtropicale est cruciale pour l’essor économique de l’île. Lorsque Gotō quitte ses fonctions, Taïwan jouit d’une économie autonome, dotée d’un réseau routier étendu, de bureaux de poste, de services de communication modernes, d’une centrale hydroélectrique, de journaux et même de sa propre banque.
Enfin, les réformes de la police, avec la mise en place du système Hoko, attestent d’une volonté d’intégrer les traditions locales dans l’administration japonaise, favorisant ainsi une meilleure acceptation du pouvoir colonial par la population taïwanaise.
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