Un tatouage peut être considéré comme un accessoire de mode qui ajoute un petit quelque chose de plus à votre apparence. La principale différence, évidemment, est qu’un tatouage reste avec vous pour toujours, et ceux qui envisagent de se faire leur premier tatouage pensent souvent qu’il doit s’agir d’un dessin unique qui exprime un aspect de leur personnalité qui ne changera jamais. Quelque chose qui leur appartient et qui n’appartient qu’à eux.
Lorsque vous entrez dans le Hello Tattoo Studio (你好紋身) dans le district de Da’an à Taipei, vous trouvez presque chaque centimètre de mur recouvert de motifs de tatouages flash. Jimmy Shy, qui a fondé ce studio sur mesure en 2011, peut les personnaliser pour vous, mais l’unicité à 100 % n’est pas le but. Nombreux sont ceux qui se sont déjà fait tatouer les mêmes motifs, par Jimmy ou par d’autres.
La plupart d’entre eux ont été créés par Pinky Yun, un tatoueur légendaire dont la carrière l’a mené de Shanghai à Hong Kong, puis à San Jose, où il est décédé à l’âge de 83 ans en 2010. Jimmy, qui partage également son temps entre l’Asie de l’Est et les États-Unis, où il travaille en permanence chez Liberty Tattoo à Seattle, est l’une des personnes qui connaît le mieux l’œuvre de Pinky.
« Êtes-vous l’expert Pinky numéro 1 dans le monde, Jimmy ? lui ai-je demandé lors de ma visite à Hello Tattoo le mois dernier, cette fois-ci pour ne pas me faire tatouer.
Jimmy, qui n’est pas vraiment une personne timide, a opté pour une réponse appropriée et humble.
« Le neveu de Pinky est aussi tatoueur », m’a dit Jimmy. « Il sait manifestement des choses que j’ignore.
Jimmy, qui prépare aussi volontiers des dessins uniques selon les souhaits des clients, se considère comme faisant partie d’une longue tradition artistique. Sa branche est l’American Traditional, un style de tatouage apparu dans la première moitié duXXe siècle aux États-Unis, où les artistes de vaudeville et les marins comptaient parmi les principaux adeptes d’une culture du tatouage en plein essor. De nombreux dessins traditionnels, avec leurs contours audacieux et leurs couleurs unies, présentent encore aujourd’hui des thèmes navals.
Lorsque Jimmy a commencé à tatouer en tant qu’apprenti en 2008, c’est le tatouage traditionnel américain qui a attiré son attention, et lorsqu’il a ouvert son studio trois ans plus tard, c’était le premier à Taïwan à se concentrer sur ce style.
Taïwan aime-t-elle les tatouages ?
Taïwan a une longue histoire de culture du tatouage, les traditions des communautés indigènes remontant à une époque antérieure à l’écriture. Dans ces communautés, se faire tatouer est étroitement lié au statut social et à la réussite. Les membres de la communauté ne sont autorisés à se faire tatouer certains motifs ou dessins qu’après avoir franchi l’étape correspondante de leur vie.
Les tatouages sont également un marqueur social dans une autre « communauté » de Taïwan : Le crime organisé, où l’appartenance à un gang et le statut au sein de celui-ci sont souvent exprimés par des tatouages. Le style préféré ici est le traditionnel japonais, qui est également courant chez les gangsters japonais et qui a probablement été « importé » à Taïwan.
Le lien entre le crime organisé et les tatouages peut rendre les Taïwanais et les Japonais sceptiques à l’égard des tatouages et de ceux qui en portent.
En général, Jimmy pense que les Taïwanais sont plus ouverts aux tatouages.
« Les gens aiment la nouveauté, que ce soit en termes de nourriture, de style ou de divertissement », explique-t-il. « Ils aiment aussi les tatouages, mais peut-être pas sur leur fils ou leur fille.
Ce sentiment ambivalent à l’égard des tatouages n’est certainement pas propre à Taïwan. Il est compréhensible même pour des personnes comme moi, qui ont des tatouages, dont certains que je ne voudrais pas refaire si je ne les avais pas eus il y a des années.
Jamais démodé
Lorsque Jimmy a commencé à tatouer, les tatouages traditionnels américains étaient à la mode en Occident, notamment grâce à des émissions télévisées telles que Miami Ink. Bien que les tendances du tatouage aient évolué depuis la première décennie des années 2000, les Traditionals ne sont jamais complètement passés de mode et Jimmy a une base de clients fidèles qui reviennent encore et encore, peut-être jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de place sur la peau.
Certains aficionados du tatouage suivent un plan à long terme pour transformer leur corps en œuvres d’art cohérentes ; ceux d’entre eux qui préfèrent le style traditionnel américain ne voient généralement pas d’inconvénient à ce que leurs tatouages épars reflètent simplement certains moments de leur vie ou l’humeur dans laquelle ils se trouvaient lorsqu’ils sont entrés dans un studio pour se faire tatouer tel ou tel motif flash (c’est du moins ce que j’ai observé).
La raison pour laquelle cette approche plus ludique fonctionne bien ici est peut-être que les motifs flash ont déjà résisté à l’épreuve du temps. Votre tatouage ne sera pas « laid » dans quelques années.
Chercheur et critique
Jimmy ne considère pas tant son rôle comme celui d’une personne qui crée des tatouages sur la base de son propre génie artistique, mais comme celui d’une personne qui se tient sur les épaules de géants – en premier lieu Pinky Yun – et qui ajoute un petit quelque chose de son cru à une longue tradition.
Dans les premières années de Hello Tattoo, Jimmy a cherché à ajouter une touche asiatique distinctive aux tatouages traditionnels américains, en s’inspirant de l’art populaire exposé dans les temples et des œuvres d’art anciennes conservées au Musée national du Palais.
« Je pensais faire quelque chose d’unique, mais un ami m’a présenté le travail de Pinky », raconte Jimmy. « J’ai été époustouflé. Pinky avait déjà tout fait.
Depuis qu’il a découvert Pinky – grâce à son ami Chad Koeplinger, un tatoueur renommé de Nashville, dans le Tennessee – il étudie les classiques de la tradition américaine et ceux qui les ont réinterprétés. Cet aspect est devenu de plus en plus central pour lui. Comme tout tatoueur sérieux, il cherche à affiner son style et sa technique, mais il trouve tout aussi important d’étudier le travail des autres.
C’est pourquoi, lorsqu’on se fait tatouer par Jimmy, la conversation peut se transformer en philosophie sur la façon dont les tropes culturels sont constamment réinterprétés, y compris par des personnes d’origines culturelles différentes qui finissent par ajouter quelque chose de nouveau à une vieille tradition.
« Si vous regardez, par exemple, les représentations de Jésus dans l’art traditionnel chinois, vous vous rendrez compte qu’il s’agit bien de Jésus, mais qu’il est représenté d’une manière asiatique, que l’artiste l’ait fait délibérément ou non », a-t-il déclaré.
Il se consacre principalement à l’étude de l’œuvre de Pinky, avec son mélange unique de mythologie asiatique et de tradition américaine, ainsi qu’à la collecte de motifs flash créés par lui et à leur transmission à la peau de ses clients.
« Pinky était un artiste unique en son genre », déclare Jimmy.
En même temps, Jimmy est aussi un critique de son travail. Lorsqu’il regarde l’un de ses modèles ou qu’il le personnalise pour un client, il essaie toujours de se demander : « Est-ce que je l’aime parce que c’est une grande œuvre d’art ou est-ce que je l’aime simplement parce qu’il vient de Pinky et qu’il est l’expression de son style ?
Maintenir une tradition vivante de la manière dont Jimmy le fait, c’est la soumettre aux normes les plus strictes, et il applique ces mêmes normes à chaque tatouage qu’il fait sur la peau d’un client.
Informations pratiques
- 🗺️Localisation Google Maps
- 📌 Adresse : No. 3-1, Lane 85, Section 1, Heping E Rd, Da’an District, Taipei City, 106
- 💻 Informations
*Ce texte est traduit de l’anglais avec l’aimable autorisation de Taiwan-scene
Retrouvez l’article original écrit par Chris Van Laak en cliquant sur le lien suivant.
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