En 1644, les autorités de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) mettent en place le système dit de « 贌社 » (prononcé pāk en taïwanais, du néerlandais pacht). L’idée est simple : contrôler les échanges commerciaux entre les villageois autochtones et les commerçants chinois, notamment autour de la très lucrative chasse au cerf. Les droits exclusifs de commerce dans chaque village sont donc mis aux enchères. Le commerçant qui remporte le contrat obtient un monopole d’un an sur tous les échanges de biens.
En échange de biens de consommation (sel, tissus, ustensiles…), le commerçant peut récupérer les peaux et viandes de cerf. Ce système permet à la VOC de contrôler l’accès à la ressource, d’évincer les anciens réseaux commerciaux chinois installés dans les villages et de maximiser ses profits.
Une pratique poursuivie sous les Zheng et les Qing
Après le départ des Hollandais en 1662, le système de « 贌社 » est conservé par le régime de Zheng Chenggong, qui se sert des anciens registres pour organiser ses propres enchères. Celles-ci sont organisées chaque année, sauf dans certains villages devenus agricoles. Lorsque les Qing prennent le contrôle de l’île en 1683, le système est peu à peu modifié : les enchères sont abolies et remplacées par un impôt fixe, le « 社餉 » (taxe communautaire).
Ce changement fait passer le statut du pacht d’une franchise commerciale à une forme d’impôt direct sur les communautés autochtones. Les commerçants, appelés « pachteurs », payent alors une taxe calculée sur leurs profits au gouvernement, tout en conservant leur monopole de fait. Cette taxe, figée même lorsque les cerfs deviennent plus rares, devient de plus en plus lourde pour les autochtones.
Conséquences sociales : exploitation et révoltes
Les effets du système sont nombreux et souvent négatifs pour les autochtones. Le monopole permet aux commerçants d’imposer leurs prix, rendant les produits dérivés du cerf peu rentables. Les villages deviennent dépendants, la misère augmente, et la dette s’accumule. Les « interprètes » ou tongshi, souvent des intermédiaires entre les villages et le pouvoir chinois, abusent de leur position : extorsion, expropriation, exploitation sexuelle.
Au XVIIIe siècle, ces abus provoquent des révoltes, notamment dans les régions de Zhanghua et Miaoli. L’empereur Qianlong, alerté par l’inégalité des charges fiscales entre Hans et autochtones, abolit le système en 1737. Il le remplace par une taxe uniforme (丁銀), censée mettre fin à l’injustice fiscale.
Une source d’étude sur l’organisation communautaire
Malgré son aspect oppressif, le système de « 贌社 » a aussi permis de fixer des unités sociales, appelées « sociétés » ou « villages », qui sont aujourd’hui des objets d’étude en ethnologie. Ces ensembles, comme les « Huit Sociétés de Bengshan » ou les « Quatre Sociétés de Nankan », structurent les cartes coloniales, mais aussi les représentations modernes de la division ethnique et linguistique des peuples autochtones de Taïwan.
📜 A retenir
- 🦌 Monopole commercial imposé : Le système 贌社 donnait un droit exclusif aux marchands pour commercer avec les villages autochtones, notamment pour les produits de chasse comme les peaux de cerf.
- 📉 Conséquences sociales : Cette exclusivité a appauvri les autochtones, les forçant à vendre à bas prix et à acheter à prix fort.
- 🧾 Évolution fiscale : Le système a évolué vers une taxe directe sous les Qing, la « société d’impôt » (社餉), accentuant la pression économique sur les villages.
- 🗺️ Impact historique durable : La délimitation des « sociétés » sous le système 贌社 a influencé les futures divisions administratives et perceptions ethniques à Taïwan.

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