Taïwan compte quatre langues officielles. Il s’agit du taïwanais, du mandarin, du hakka et des langues formosanes (langues autochtones taïwanaises). Le gouvernement reconnaît officiellement 16 langues aborigènes et 42 accents de langues indigènes.
À Taïwan, les langues aborigènes ont un statut juridique, tout comme les langues régionales et minoritaires en France. Dans les deux pays, ces langues sont préservées en tant qu’héritage culturel, et promues par différents moyens.
Une reconnaissance juridique dans les deux pays
Les langues aborigènes à Taïwan
La loi de base pour les personnes indigènes (原住民族基本法) énonce les droits fondamentaux des tribus aborigènes de l’île. Entre autres, l’article 9 fait référence aux langues :
Article 9
Le gouvernement met en place une unité spéciale chargée des recherches sur les langues indigènes et un système d’évaluation des compétences en langues indigènes afin de s’engager activement dans la promotion du développement des langues indigènes.
Article 30
Le gouvernement respecte les langues tribales, les coutumes traditionnelles, les cultures et les valeurs des peuples autochtones lorsqu’il traite des affaires autochtones, élabore des lois ou met en œuvre des procédures judiciaires et administratives de recours, de notarisation, de médiation, d’arbitrage ou toute autre procédure similaire dans le but de protéger les droits légitimes des peuples autochtones. Si une personne autochtone ne comprend pas la langue chinoise, un interprète parlant la langue tribale sera mis à sa disposition.
Ce texte de loi a été promulgué le 5 février 1994.
Sur les quelque 26 langues des aborigènes taïwanais, au moins dix sont éteintes, cinq autres le sont presque et plusieurs autres sont plus ou moins menacées.
Les langues régionales et minoritaires en France
La France n’a qu’un langage officiel : le français.
A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la IIIe République semble avoir réussi à imposer l’unité linguistique et culturelle à tout le pays. Mais, dès la IVe République, des mouvements autonomistes apparaissent en Bretagne, en Corse, en Alsace, au Pays Basque et en Occitanie.
Les minorités ethnolinguistiques s’engagent alors dans une lutte pour la reconnaissance et la protection de leur patrimoine linguistique et concentrent leurs revendications dans deux domaines du service public : l’éducation et la communication audiovisuelle.
Dès 1951, le Parlement adopte une loi organisant l’enseignement des langues et dialectes qui, pour la première fois, reconnaît officiellement des droits aux langues régionales. Cette loi reste très limitée et restrictive, entraînant un certain nombre d’amendements au fil des ans.
Ce n’est que depuis 2008 que l’article 75-1 de la Constitution française de 1958 reconnaît les langues régionales comme appartenant au patrimoine de la France.
Les linguistes estiment ainsi qu’il existe, en France, près de 100 langues régionales et minoritaires. Parmi elles, certaines sont enseignées à l’école comme l’occitan, le breton, le basque, le corse, l’alsacien ou le tahitien.
Elles sont appelées langues, dialectes ou patois en fonction des linguistes. Le mot « patois » fait plutôt référence à une variante pratiquée dans une zone géographique assez réduite et rurale.
Les avancées communautaires réalisées en matière de protection des droits linguistiques des minorités sont surtout le fruit du Parlement européen et de sa Commission.
Ainsi, en février 1994, le Parlement a adopté une nouvelle résolution sur les minorités linguistiques et culturelles dans la Communauté Européenne rappelant que la protection et la promotion de la diversité linguistique de l’Union constitue un facteur clé de la réalisation d’une Europe pacifique et démocratique.
Dans les écoles françaises
En 2021, environ 121 000 élèves apprenaient les langues régionales dont 11,5% (14 021 élèves) suivent un enseignement bilingue immersif.
Dans l’enseignement public, les élèves en immersif sont moins d’un millier (en langue basque, corse ou catalane). Les écoles proposant un enseignement immersif sont cependant régulièrement mises sous pression par le gouvernement, qui privilégie plutôt l’apprentissage du français et des langues étrangères.
Dans le système éducatif taïwanais
Les peuples indigènes de Taïwan n’avaient traditionnellement pas de système d’écriture. Par conséquent, les locuteurs de ces langues ont continué à transmettre leurs connaissances et traditions socio-culturelles par des moyens oraux jusqu’à l’ère hollandaise (1624-1662).
Taïwan a été gouvernée par les Hollandais, les Espagnols, les Japonais et les Chinois pendant plus de trois cent quatre-vingts ans. Ces pays ont utilisé leur langue pour affirmer leur souveraineté sur l’île.
Pendant qu’il était au pouvoir, le KMT a mis en œuvre une politique d’assimilation pour assurer sa stabilité politique. Cette politique exigeait que les Taïwanais parlent le mandarin et punissait ceux qui parlaient leur langue maternelle à l’école. En outre, il a exigé que les Taïwanais soient éduqués à l’aide de matériel centré sur le chinois, qui ne reconnaissait ni ne comprenait les langues et les cultures taïwanaises.
Le Conseil des peuples indigènes (1998) indique que 40,12 % des personnes interrogées parlent leur langue maternelle à la maison. Plusieurs chercheurs (Hsich 1998, Lai 1995, Lu 1996, Song 1995, Wang 1999, Wang et Pu 1995) ont constaté que, parmi les peuples indigènes de Taïwan, la perte de la langue est évidente chez les personnes âgées de 50 ans et moins, et plus particulièrement chez les personnes résidant dans les zones urbaines et âgées de 20 ans et moins. Une enquête téléphonique menée en 1999 par le United Daily Newspaper a révélé que seuls 9% des enfants Taïwanais parlaient couramment les langues autochtones.
Les langues tribales sont désormais enseignées dans les écoles s’il y a suffisamment d’élèves de la même tribu.
Dans le cas contraire, les enfants peuvent apprendre dans des centres spéciaux qui organisent des cours gratuits le week-end ; quelque 10 000 d’entre eux en ont déjà bénéficié. Ces langues n’ont pas de forme écrite, mais les enseignants sont formés à l’utilisation de l’alphabet romain pour faciliter l’apprentissage.
Listes des langues régionales reconnues à Taïwan :
Amis, Atayal, Bunun, Kanakanavu, Kavalan, Paiwan, Puyuma, Rukai, Saaroa, Saisiyat, Sakizaya, Seediq, Thao, Truku, Tsou, Tao
Liste des langues régionales reconnues en France :
Langues régionales :
Picard, alsacien, francique lorrain, flamand occidental (dialecte néerlandais), corse, créole guadeloupéen, créole martiniquais, créole guyanais, créole réunionnais, tahitien, mahorais (shimaoré), certaines langues kanak (en 1992 ; mais sans statut pour la plupart des 28 idiomes), breton et gallo (depuis 2004 considérés comme langues de Bretagne), basque (depuis 1951 en Aquitaine), francoprovençal et occitan (depuis 2009 en région Rhône-Alpes), catalan, et occitan (depuis 2001 dans les Pyrénées-Orientales[1])
Langues minoritaires :
Bonifacien, calvais, grec de Cargèse, majorité des parlers d’oïl, parlers transitionnels occitano-ligures, une vingtaine de langues kanak, yéniche, créoles bushi-nengué et langues amérindiennes de Guyane
Découvrez nos articles « Regards sur Taïwan » qui offre un point de vue et une perspective unique sur Taïwan par le prisme des réflexions et questionnements qui traversent les sociétés modernes.
N’hésitez pas à vous abonner à notre newsletter gratuite pour vous tenir informé des dernières actualités.
Une réponse
Votre article me rassure quant au fait qu’autant de jeunes apprennent les langues, patois….de nos anciens. Merci pour ce petit rappel.