25 octobre 1971 : La résolution 2758

Le 25 octobre 1971, les membres de l’ONU adoptent résolution 2758 qui entraîne le départ de Taïwan et l'entrée de la Chine aux Nations Unies.
Délégation chinoise à l'ONU - Crédit : alwihdainfo

Partager l'article

Le 25 octobre 2021 a marqué le 50e anniversaire de l’adoption de la résolution 2758. Ce document est intitulé Rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine à l’Organisation des Nations Unies. Il permet à la République Populaire de Chine d’intégrer l’Organisation des Nations Unies en lieu et place de Taïwan.

Contexte : 2 Chine qui cohabitent

La Chine était l’un des 51 États membres originaux des Nations Unies, créées en 1945. À cette époque, le Kuomintang (Parti nationaliste chinois) dirigeait la République de Chine. Son armée combattait dans une guerre civile avec des troupes dirigées par le Parti communiste chinois.

En 1949, le Parti Communiste a proclamé la République Populaire de Chine à Pékin. Le gouvernement de la République de Chine est, alors, contraint de s’exiler à Taiwan. Le Japon avait alors abandonné l’île après le traité de San Francisco. Après janvier 1950, le Parti communiste contrôlait toute la Chine continentale. Quant au Parti nationaliste, il maintenait son contrôle sur Taiwan et plusieurs îles ainsi que sur le Tibet.

La République Populaire prétendait être le gouvernement légitime de la Chine. Le Kuomintang de Taiwan défendait, lui l’existence de la République de Chine. Tous deux prétendaient être le seul gouvernement chinois légitime. Chacun refusait d’entretenir des relations diplomatiques avec des pays qui reconnaissaient l’autre entité. Taïwan a continué à représenter la Chine à l’ONU jusqu’à l’adoption de la résolution 2758.

Proposition albanaise d’une résolution en faveur de la Chine

Le 15 juillet 1971, 17 membres de l’ONU, menés par l’Albanie, ont demandé d’inscrire une question sur le rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine aux Nations Unies, à l’ordre du jour de l’assemblée générale. Dans un mémorandum explicatif, ils notent qu’il existe, alors, une politique hostile et discriminatoire à l’égard du gouvernement communiste chinois. 

Aucun problème international, selon eux, ne peut être résolu sans la participation de la Chine. Il est dans l’intérêt fondamental de l’ONU, de « rendre » à la République Populaire de Chine son siège au sein de l’organisation.

Le 15 octobre 1971, 22 membres de l’ONU demandent au Secrétaire Général de distribuer, en tant que document officiel, une déclaration du ministère des Affaires Etrangères de la Chine. Ce document, daté du 20 août, affirme qu’il n’y avait qu’une seule Chine : la République Populaire de Chine. Taïwan n’en est qu’une partie inaliénable et une province restituée après la Seconde Guerre mondiale.

Le document  poursuivait en affirmant que les États-Unis complotaient pour séparer Taiwan de la Chine. Ils tentaient également de forcer les membres de l’ONU à se soumettre à leur volonté. Le gouvernement chinois a déclaré que le peuple chinois s’opposaient fermement à « deux Chines ». Il s’opposait également à tout autre arrangement similaire, ainsi qu’à l’affirmation selon laquelle « le statut de Taiwan reste à déterminer ».

26ème session de l’assemblée : une résolution historique

Les discussions à l’Assemblée Générale de l’ONU ont eu lieu lors de 12 plénières entre le 18 et le 26 octobre 1971 avec la participation de 73 États. Quatre autres projets de résolution ont été soumis au cours des débats. Chacun de ces projets était une variante du projet soutenu par les États-Unis. L’Arabie Saoudite souhaitait que le peuple de Taiwan ait le droit à l’autodétermination. Quant à la Tunisie elle demandait que Taïwan participe aux assemblées générales des Nations Unies sous le nom de « Formosa ».

L’Algérie estime que le gouvernement de la République Populaire de Chine était légalement habilité à représenter la Chine. Ainsi le reconnaître n’impliquait pas l’éviction d’un membre mais l’éviction des représentants d’un régime minoritaire dissident. Les États-Unis ont adopté le point de vue opposé. Ils affirmaient que l’adoption de la résolution expulsait les représentants envoyés par Taipei. Ce vote impliquerait, également, la résiliation de l’adhésion d’un membre de longue date. Le porte-parole de Taïwan a affirmé que son pays avait mérité sa place aux Nations Unies. Sa contribution à la paix et à la liberté pendant la Seconde Guerre mondiale lui en donnait le droit.

Lors du premier vote tenu le 25 Octobre 1971, l’Assemblée a rejeté la proposition soutenue par les États-Unis. Cette proposition estimait que la question nécessiterait un vote à la majorité qualifiée (soit au 2/3 des votants). L’assemblée rejette un 2nd vote, toujours sur une résolution américaine. Le représentant de Taïwan, l’Ambassadeur Liu Chieh, décide de ne plus participer aux délibérations. Il affirmait que les « idéaux sur lesquels l’ONU a été fondée » avaient été « trahis ».

L’Assemblée a ensuite adopté le projet de résolution proposé par l’Albanie. 76 voix contre 35 votèrent pour la résolution par un vote à appel nominal. 17 pays s’abstinrent. La résolution, une fois adoptée, devint la Résolution 2758. Le gouvernement de Pékin a commencé à représenter la Chine à l’ONU à partir du 15 novembre 1971. Ses délégués ont siégé au Conseil de sécurité de l’ONU dès le 23 novembre 1971.

Répartition du vote de l'assemblée générale de l'ONU pour la résolution 2758
Répartition du vote de la résolution 2758 à l’ONU – Crédit : Furfur

Controverses liées à la résolution 2758

Selon certains, la résolution 2758 a résolu le problème de la représentation de la Chine aux Nations Unies. Mais elle a laissé le problème de la représentation de Taiwan non résolu dans la pratique. Alors que le Parti Communiste Chinois, revendique la souveraineté sur toute la Chine, il n’exerce pas d’autorité réelle sur Taïwan.

Bien que son gouvernement se concentre désormais sur la représentation de l’île, Taïwan prétend toujours être l’État de Chine. Sa revendication juridique du droit à gouverner l’ensemble de la Chine tient toujours.

Taïwan affirma que la résolution était illégale. L’expulsion d’un membre nécessite la recommandation du Conseil de sécurité. Celle-ci ne peut avoir lieu que si une nation « a constamment violé les principes contenus dans la [présente] Charte ». Pour justifier leur point de vue, Taïwan s’appuie sur l’article 6 de la charte des Nations Unies. . .

Des tentatives ont été faites pour inscrire une révision de la résolution 2758 à l’ordre du jour en 1998. Le gouvernement taïwanais ne prétendait plus représenter toute la Chine, mais il cherchait à représenter uniquement les habitants de Taïwan. Cependant le 23 juillet 2007, Ban Ki-Moon, secrétaire général de l’ONU, rejette la demande de Taïwan de rejoindre l’organisation. Il cite la Résolution 2758 comme preuve que Taïwan est partie prenante de la Chine.

Lire le texte intégral de la résolution 2758

Partager l'article

À propos de l'auteur

  • Luc

    Fondateur du webzine francophone Insidetaiwan.net Consultant en développement international 🚀des entreprises en Asie du Sud-Est #Taiwan #Tourisme #Société #Culture #Business #Histoire #Foodie

    Voir toutes les publications

Vous aimez Inside Taïwan ?
Devenez acteur de ce projet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à nos newsletters pour une exploration approfondie de Taiwan

Contenus sponsorisés