J’ai rencontré Sonia en Bolivie, par coïncidence. Inspirée par son parcours et son courage, j’ai voulu en savoir plus sur sa vie d’aventurière à temps plein, et comprendre comment ce mode de vie était possible sur le long terme.
Sonia, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Sonia et je viens de Taipei !
Pendant toute ma scolarité, j’ai toujours été l’avant-dernière de ma classe. Le jour de mes examens d’entrée à l’université, mon score était inférieur au seuil fixé par de nombreuses universités, si bien que je n’ai été admise dans aucune d’entre elles.
Alors que je regardais mes camarades de classe se préparer à leur nouvelle vie universitaire, j’ai été forcée de quitter l’école à l’âge de 17 ans et à commencer à chercher un emploi.
J’étais tellement frustrée par mon manque d’efforts scolaires ! Ma mère m’a alors donné deux options : l’une était de commencer à travailler, l’autre était de passer un an dans une classe préparatoire, puis de retenter l’université.
Je n’étais pas sûre de pouvoir entrer dans une bonne école un an plus tard, alors j’ai choisi de me lancer dans la société plus tôt que la plupart des jeunes.
Quand as-tu commencé à voyager ? Pensais-tu que tu serais sur la route pendant si longtemps ?
Pour commencer, j’ai travaillé dans la Fast Fashion pendant neuf ans.
Ma carrière s’est peu à peu développée, passant de la vente à la gestion de marque. Après toutes ces années, mon salaire et mon poste étaient plus élevés que ceux de mes camarades de classe nouvellement diplômés ! Probablement parce que j’ai commencé à travailler bien avant eux.
J’ai essayé d’organiser mon propre voyage à l’étranger chaque année pour voir le monde, mais les vacances en Asie sont si limitées qu’on ne peut voyager que 4 ou 5 jours à la fois. C’est ce que l’on appelle les vacances asiatiques !
Un jour, j’ai réalisé que mes vacances ne duraient en fait que 2 ou 3 jours, et que je ne pouvais pas profiter de ces soi-disant vacances car elles me servaient à me reposer et à accumuler de l’énergie afin d’être efficace au travail.
À ce moment-là, je me suis dit : « Je n’ai que 27 ans, pourquoi ne pas quitter mon emploi et me laisser un an ou deux pour revenir à la trentaine ? Je peux encore avoir une chance de trouver un emploi à ce moment-là. Je veux juste sortir et voir le monde pendant un an » !
Au départ, je voyais ça comme des vacances. Pour certains, un voyage autour du monde ne dure qu’un certain temps, alors que pour moi, c’est toute une vie !
Étapes du voyage de Sonia :
Départ de Thaïlande, Myanmar, Turquie, Iran, Inde, Pakistan, Égypte, Éthiopie, Madagascar, Kenya, Ouganda, Namibie, Zambie, Botswana, Guinée. Sri Lanka, Mexique, Amérique centrale et du Sud. 63 pays au total, et maintenant au Chili.
Comment gagnes-tu ta vie en voyageant ?
Dès le départ, je n’avais pas beaucoup d’argent à dépenser, alors j’ai pensé que ce serait une bonne idée de travailler pendant que je voyageais. J’ai commencé à vendre des cartes postales avec mes photos dans les rues de Thaïlande, mais je ne réalisais pas que personne ne voudrait acheter mon travail à cause des prix très bas pratiqués là-bas !
Chaque photo que je prenais avec tout mon cœur se transformait en un morceau de papier coloré que personne ne voulait même recycler !
C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il n’était pas aussi facile que je le pensais de voyager et de travailler.
Face à une vie sans revenus, j’ai décidé d’abandonner mon rêve de voyager et de travailler en même temps.
J’ai partagé ces photos que je ne pouvais pas vendre sur Instagram pendant un certain temps. Malgré tout, j’avais toujours ce rêve irréel, j’ai alors décidé de modifier l’idée originale.
J’ai commencé à offrir un service d’envoi de cartes postales personnalisées. Je ne pensais pas que cela marcherait, mais en fait si !
C’est comme ça que j’ai commencé à vendre mes photos et mes récits de voyage. Le partage, c’est la vie !
Quels sont les plus grands défis du voyage à temps plein ?
Je pense que la partie la plus difficile du voyage à temps plein est de toujours devoir s’inquiéter de l’argent, de la planification, des amitiés, des visas… La partie la plus difficile est d’apprendre à lâcher prise et à être libre !
Pour beaucoup, voyager n’est qu’une excuse pour avoir l’air cool !
Le voyage autour du monde dont j’avais envie ne consistait pas à ne rien faire de toute la journée, ni à courir après les sept merveilles du monde pour prouver que j’avais été témoin d’une partie de l’histoire, ni à soulever chaque page de mon passeport pour montrer combien d’endroits j’avais visités. Et au final, cela ne me permit pas de me sentir libre, ni même d’éprouver un bonheur authentique du fond du cœur.
Pour moi, voyager autour du monde est plus qu’un simple tour du monde. J’aime créer des choses qui me passionnent, en voir les résultats et les conséquences. Être une digital nomad me donne une vie équilibrée. Avec un petit revenu, certes, mais avec un style de vie minimaliste, je peux tout de même vivre une belle vie !
La partie la plus difficile est d’apprendre à lâcher prise et à être libre !
Sonia
Lorsque mon temps et mon argent ne sont plus liés à un cadre strict, je ressens une liberté illimitée. Le courage de revenir à l’autosuffisance, de voyager autour du monde est l’expression de “vivre vraiment » !
La plus grande caractéristique de la liberté n’est peut-être pas de s’affranchir des contraintes, mais de cesser de rechercher l’approbation des autres.
Quel est ton endroit préféré jusqu’à présent et pourquoi ?
Mon endroit préféré en ce moment est le pôle Sud, où je n’étais encore allée parce que je n’avais pas beaucoup d’argent de côté. J’ai finalement décidé de dépenser toutes mes économies pour m’y rendre, et à un certain point il ne me restait plus que 3 dollars sur mon compte en banque.
Je ne sais pas comment je vais continuer à voyager autour du monde demain, mais je suis contente d’avoir pris cette décision. Si je n’étais pas allée aussi loin, je pense que je l’aurai regretté.
Un autre exemple est celui de l’Iran.
Avec l’influence des médias occidentaux et le niveau élevé de propagande sur le terrorisme, il est facile d’être influencé par le sensationnalisme des gros titres. Il est facile de croire que l’Iran n’est qu’un bout de poussière, moins digne d’être remarqué que la majorité des autres pays.
En Iran, lorsque je buvais du thé, je mangeais un morceau de sucre avant chaque gorgée. Les Persans m’invitaient toujours à m’asseoir et à pique-niquer avec eux ! J’ai vu avec mes propres yeux, et j’ai oublié le terrorisme. Ce n’était pas ce que j’imaginais avec le foulard, ou la terreur de l’Islam.
J’étais émerveillée par la chaleur de la culture persane. Ouvrez votre cœur et laissez-vous emporter par le peuple le plus accueillant et le plus hospitalier du monde ! Et le cœur vous emmènera dans un endroit plus lointain.
Quels sont les défis liés au fait d’être une femme voyageant seule ? Cela a-t-il été un problème dans certains pays ?
Cette année, c’est mon cinquième anniversaire de mariage et j’ai un enfant terrible de quatre ans, Dennis, que j’appelle Dandan.
Mon mari a trois ans de plus que moi et il est Taïwanais ! C’est l’histoire que je raconte.
Pour les filles qui voyagent seules, procurez-vous une alliance. Mettez-la à votre doigt de temps en temps, pour montrer que vous êtes mariée.
Si vous avez une sœur qui est mariée et qui a des enfants, pourquoi ne pas emprunter votre neveu ou nièce et prendre des photos de famille que vous garderez sur votre téléphone ?
Lorsque je voyage seule, on me demande souvent si j’ai une famille ! Qu’il s’agisse d’un bienfaiteur ou d’un gars du coin qui aime flirter avec les filles, quel que soit son statut, dès qu’il est un étranger pour moi, ma réponse est toujours la même : « Je suis mariée depuis cinq ans maintenant et ce sont des vacances pour que maman (moi) puisse se reposer. Je viens juste pour un voyage de sept jours et je repars bientôt ! »
Pour me protéger, je ne dis pas facilement aux gens que je voyage sur le long cours ou que je voyage autour du monde. Je dis généralement simplement que je me rends dans la ville suivante dans les deux ou trois prochains jours !
Et si quelqu’un me dit : « J’ai une moto, je peux vous emmener faire un tour sur ma moto, etc.”, je refuse immédiatement en disant que j’ai mes propres projets de voyage !
Il y a toujours des moments où ils sont surpris et disent : « Êtes-vous vraiment mariée ?
Ce à quoi je réponds toujours : « S’il vous plaît ! J’ai 29 ans !” Je leur montre alors quelques photos des enfants de mes amies en disant : « C’est mon fils » !
Comme toutes les amies maman qui m’entourent ont beaucoup d’histoires à raconter sur leurs enfants, j’utilise les mêmes histoires et ajoute : « C’est mon Dennis » ! Il est vraiment terrible !
Ce n’est pas pour mentir, mais cela m’évite vraiment beaucoup d’ennuis inutiles.
N’oubliez pas que lorsque vous êtes seul et voulez être indépendant, vous devez vous débrouiller tout seul !
Le jour où vous rencontrerez la personne qui vous plaît vraiment, ce sera enfin le moment de dire : « Je suis célibataire !”.
Penses-tu que ce mode de vie t’a changé ? De quelle manière ?
Oui ! Les voyages ont tout changé en moi, mais ce qui n’a pas changé, c’est que je suis toujours moi-même à chaque instant.
Qu’est-ce qui te manque le plus de Taïwan ? Aimerais-tu revenir t’y installer un jour ?
Le riz au porc (lu rou fan) me manque vraiment. Mais, ce qui me manque le plus, c’est l’odeur du ragoût de porc de ma mère, quand je rentre à la maison après une longue journée de travail. Avant de tourner la clé dans la porte, l’odeur est vraiment parfumée, et elle me fait oublier que le travail du a été si épuisant ou trépidant !
Je ne sais pas si je m’installerai à Taïwan, mais avant que mes parents ne deviennent vieux et aient besoin d’être pris en charge, j’espère que je serai toujours sur la route pour continuer à réaliser mon rêve.
À ton retour, quel est le chemin que tu aimerais emprunter ? As-tu des projets en tête ?
Non, je n’y ai pas vraiment pensé ! Je n’ai pas de plan pour définir un cadre pour ce que je veux être.
Et ce, parce que chaque jour de ma vie est tellement passionnant en ce moment.
Parfois il y a du bon, parfois du mauvais, mais ces choses ont toujours mené mon courage dans la bonne direction.
Je ne sais pas ce qu’est une vie normale. Tout ce que je sais, c’est qu’acheter une maison, une voiture, me marier, avoir des enfants ne sont plus un idéal que je poursuis. Honnêtement, je ne sais même pas ce que je recherche maintenant.
Quel est le meilleur conseil que tu puisses donner à quelqu’un qui souhaite devenir un voyageur à plein temps ?
Le temps disponible pour profiter et explorer raccourcit un peu plus chaque jour. Le temps passe plus vite que nous ne pouvons l’imaginer et nous ne pourrons peut-être jamais partir à la poursuite de nos rêves. Pourquoi ne pas vous jeter à l’eau ?
Enfin, quels sont les trois endroits à Taïwan où l’on a le plus de chances de te rencontrer ?
Couchsurfing ! Venez dormir chez moi !
Ou… The Right Side Coffee「右邊那間 」à Xiao Liuqiu. Je peux juste m’y asseoir et prendre un gros petit déjeuner tous les jours. Surtout les jours de pluie !
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