Cela fait plus de vingt ans que je mène un combat silencieux contre la boulimie émotionnelle. Mon poids monte et redescend comme une mer agitée. Mon hypersensibilité, cette force magnifique mais parfois ingérable, me joue souvent des tours. Et malgré toutes les tentatives, je n’ai jamais réussi à suivre un régime sans me sentir emprisonné. Alors j’ai arrêté de chercher la perfection. Mais je me bats tous les jours.
Les « jours 1 », ces fameux recommencements, reviennent bien trop souvent. Pourtant, avec le temps, à force de rechutes, de prises de conscience, de petits pas en avant suivis de retours en arrière, j’ai appris. J’ai compris que même si mes démons émotionnels sont toujours là, je pouvais creuser profondément en moi et y trouver un socle intérieur — fragile parfois, mais bien réel — sur lequel m’appuyer.
De mes échecs, j’ai tiré des leçons. De mon combat, j’ai extrait une forme de lucidité mêlée de compassion. Je ne prétends pas avoir trouvé la solution. Il n’y a pas de méthode miracle. Chacun a son propre chemin à parcourir, son histoire, ses blessures. Ces 10 conseils que je partage ici ne sont pas une feuille de route universelle, mais des repères, des outils, des idées qui m’ont aidé à mieux comprendre ce qui se jouait en moi.
Prenez ce qui vous parle, laissez le reste. Et surtout, trouvez votre propre manière d’avancer, avec douceur, patience et honnêteté envers vous-même.
Identifier les déclencheurs émotionnels
Comprendre ce qui déclenche les crises de boulimie émotionnelle est une étape essentielle pour en sortir. Souvent, ce n’est pas la faim qui pousse à manger, mais une émotion : stress, anxiété, tristesse, colère, ennui ou solitude. Ces émotions agissent comme un déclencheur invisible qui pousse à se tourner vers la nourriture pour se réconforter. Or, ce soulagement est temporaire et laisse place à la culpabilité, renforçant le cercle vicieux.
Pour identifier ces déclencheurs, il faut observer ses habitudes sans jugement. Un bon point de départ consiste à tenir un journal : note la date, l’heure de la crise, ce que tu as mangé, et surtout ce que tu ressentais avant, pendant et après. Cette pratique t’aidera à repérer des schémas : est-ce que les crises surviennent surtout le soir ? Après une dispute ? Lors de journées sans activité ? À la suite d’un stress professionnel ?
Tu peux aussi te demander : « Est-ce que j’ai vraiment faim ou est-ce que j’essaie de combler un vide ? ». Cette question simple permet souvent de stopper une compulsion avant qu’elle ne commence. En mettant des mots sur les émotions, tu donnes à ton cerveau une alternative à l’automatisme de manger.
Identifier ses déclencheurs ne guérit pas à lui seul, mais cela permet de reprendre le pouvoir : on ne subit plus les crises, on commence à les comprendre. Et c’est cette conscience qui ouvre la voie vers le changement durable.

Différencier la faim physique de la faim émotionnelle
Une clé pour lutter contre la boulimie émotionnelle, c’est d’apprendre à distinguer la faim réelle de la faim émotionnelle. La première est un signal biologique : ton estomac gargouille, tu te sens faible, tu n’as pas mangé depuis plusieurs heures. Elle monte progressivement, peut être calmée par n’importe quel aliment, et s’arrête une fois rassasié. La seconde est mentale : elle est soudaine, souvent liée à une envie spécifique (souvent sucrée ou grasse), et elle persiste même après avoir mangé.
Prends le temps d’observer ton ressenti quand tu as envie de manger. Pose-toi ces questions :
- Ai-je mangé récemment ?
- Est-ce que j’accepterais une soupe ou un fruit ?
- Est-ce que j’ai un creux dans l’estomac ou une tension intérieure ?
La faim émotionnelle apparaît généralement pour apaiser une tension ou éviter un inconfort psychologique. Elle vient sans avertir, parfois comme une urgence. Le simple fait de la reconnaître peut déjà aider à désamorcer l’impulsion.
Un exercice utile consiste à différer de 10 minutes le moment où tu ressens cette « faim ». Pendant ce laps de temps, respire profondément, bois un verre d’eau ou écris dans ton journal. Tu verras si l’envie passe ou persiste. Ce recul suffit parfois à éviter une crise.
Apprendre à écouter les signaux de ton corps, plutôt que les émotions qui parlent à sa place, est fondamental pour reconstruire une relation saine à l’alimentation.
Ne pas culpabiliser après une crise
La culpabilité est l’alliée silencieuse de la boulimie émotionnelle. Après une crise, beaucoup ressentent honte, colère envers soi-même, dégoût, et cette spirale émotionnelle alimente… la crise suivante. Plus tu culpabilises, plus tu risques de replonger pour te « punir » ou te « réconforter ». C’est un cercle vicieux.
Briser ce cycle commence par un changement de posture intérieure. Après une compulsion, évite les pensées radicales comme : « Je suis nul(le) », « J’ai tout gâché », « Je n’y arriverai jamais ». À la place, adopte une attitude bienveillante : « J’ai agi sous l’effet d’une émotion forte. Ce n’est pas une défaite, c’est une information. »
L’important, c’est ce que tu fais après la crise : bois de l’eau, prends une douche, va marcher, écris ce que tu ressens. Ne saute pas le repas suivant pour « compenser » – cela ne fera que nourrir la prochaine pulsion.
Tu peux aussi te rappeler que tu n’es pas seul(e). La boulimie émotionnelle est un trouble répandu et souvent invisible. Être bienveillant avec soi-même, c’est se traiter comme on traiterait un ami en détresse. Tu ne l’accablerais pas ; tu l’écouterais, tu le soutiendrais.
Chaque crise est une occasion d’apprendre quelque chose sur toi. Pas une preuve d’échec. La guérison passe par la réduction de la culpabilité, pas par son amplification.
Créer un carnet alimentaire et émotionnel
Un outil très puissant pour reprendre le contrôle est le journal de bord alimentaire et émotionnel. Il ne s’agit pas de compter les calories ni de noter ses repas à la perfection, mais d’observer les liens entre ce que tu manges et ce que tu ressens. C’est un outil d’auto-compréhension, pas de jugement.
Chaque jour, prends quelques minutes pour noter :
- L’heure de tes repas ou collations
- Ce que tu as mangé (sans détails excessifs)
- Ton niveau de faim avant et après (sur une échelle de 1 à 10)
- Ton état émotionnel avant, pendant et après avoir mangé
Tu pourras ainsi repérer des schémas récurrents : des envies de sucre quand tu es stressé(e), des grignotages après une dispute, une crise le dimanche soir… Ces observations permettent de passer du pilote automatique au mode conscient.
Le carnet te servira aussi de support pour préparer tes consultations, si tu décides de voir un thérapeute ou un nutritionniste. Il aide à objectiver les crises, à les dater, à suivre les progrès.
Si l’écriture te rebute, tu peux utiliser des applications comme Daylio, Moodpath, ou une simple note sur ton téléphone. Ce qui compte, ce n’est pas la forme, mais la régularité.
En te reconnectant à tes émotions et à ton comportement alimentaire, tu poses les fondations d’un rapport plus apaisé à la nourriture.
Utiliser d’autres moyens pour gérer ses émotions
L’un des pièges de la boulimie émotionnelle, c’est de croire que la nourriture est la seule échappatoire possible pour gérer une émotion désagréable. Or, il existe d’autres stratégies, souvent plus efficaces et durables.
Dès que tu ressens une envie de manger liée au stress, à la solitude ou à la colère, essaie de remplacer cette réaction par une activité apaisante ou dynamisante, selon ton besoin. Tu peux créer une « boîte à outils émotionnelle », avec des idées toutes prêtes :
- Sortir marcher ou courir
- Faire quelques exercices de respiration ou de yoga
- Écouter de la musique qui calme ou donne de l’énergie
- Prendre un bain ou une douche chaude
- Appeler une personne de confiance
- Dessiner, écrire ou bricoler
- Utiliser une appli de méditation comme Petit Bambou ou Insight Timer
Ce qui importe, c’est de créer une pause entre l’émotion et l’acte de manger. Plus tu pratiques ces alternatives, plus tu conditionnes ton cerveau à ne pas réagir automatiquement par la nourriture.
Le but n’est pas d’être parfait, mais d’apprendre à mieux répondre à ses besoins émotionnels. La nourriture ne doit plus être le seul refuge. Ces nouveaux réflexes prennent du temps à s’ancrer, mais ils construisent une stabilité émotionnelle solide.
Manger en pleine conscience
Dans la boulimie émotionnelle, on mange souvent de manière automatique, sans prêter attention aux sensations. L’une des approches les plus efficaces pour réapprendre à manger de façon apaisée est l’alimentation en pleine conscience (mindful eating). Elle consiste à être totalement présent pendant le repas, avec tous ses sens.
Concrètement, cela signifie :
- Manger assis, sans écran, sans distraction
- Observer les couleurs, textures et odeurs
- Mâcher lentement, savourer chaque bouchée
- S’arrêter régulièrement pour évaluer sa faim et sa satiété
L’objectif n’est pas de manger « parfaitement », mais de reprendre contact avec son corps. En pleine conscience, tu distingues mieux la faim réelle de l’envie émotionnelle. Tu remarques aussi à quel moment tu es satisfait, avant même d’avoir fini ton assiette.
Cette pratique réduit les compulsions et les prises alimentaires excessives. Elle aide aussi à restaurer une relation plus intuitive et plus sereine avec la nourriture. Même 10 minutes par jour suffisent pour commencer à sentir une différence.
Un exercice simple : choisis un aliment (un carré de chocolat, une fraise…) et mange-le lentement, les yeux fermés, en portant attention à la texture, au goût, au plaisir. C’est un moyen puissant de casser le pilotage automatique qui caractérise les crises.
La pleine conscience ne guérit pas à elle seule, mais elle rééduque ton rapport au corps, au plaisir, et au besoin réel – trois piliers essentiels pour sortir de la boulimie émotionnelle.

Ne pas sauter de repas
Une erreur fréquente des personnes sujettes à la boulimie émotionnelle est de sauter des repas pour compenser les excès. Cette stratégie, bien qu’instinctive, est contre-productive : en privant ton corps, tu augmentes la probabilité d’une future crise.
Quand tu sautes un repas, ton taux de sucre chute, tes hormones de la faim s’emballent, et ton cerveau perçoit un manque qu’il voudra combler rapidement. Résultat : envies irrépressibles, perte de contrôle, et souvent retour à la compulsion. Tu entres alors dans un cercle vicieux : restriction → crise → culpabilité → nouvelle restriction.
Le bon réflexe est de maintenir une structure alimentaire stable :
- 3 repas principaux par jour
- 1 à 2 collations selon ton appétit et ton rythme
- Des repas équilibrés, incluant protéines, fibres, bons gras et glucides complexes
Même après une crise, il est essentiel de reprendre un rythme normal dès le repas suivant. Cela stabilise ton métabolisme, régule tes émotions et renforce ta capacité à éviter de nouvelles compulsions.
Tu peux aussi préparer à l’avance certains repas ou collations pour ne pas être pris au dépourvu. Avoir une collation saine sous la main (fruits secs, yaourt, graines, banane…) réduit le risque de craquage.
Respecter ses repas, c’est respecter son corps. Cela lui donne les ressources pour réguler ses émotions sans recourir à la nourriture comme refuge.
Faire la paix avec les aliments interdits
L’un des paradoxes de la boulimie émotionnelle est que plus on interdit un aliment, plus on en a envie. Beaucoup de personnes tombent dans le piège des « aliments interdits » : sucre, chocolat, pain, chips… Ces aliments deviennent des fantasmes, et dès qu’on y touche, on se sent hors de contrôle.
Pour sortir de ce cercle, il faut dé-diaboliser la nourriture. Cela ne signifie pas manger n’importe quoi en quantité illimitée, mais s’autoriser tous les aliments sans culpabilité, dans un cadre apaisé. Le simple fait de savoir qu’un aliment est « autorisé » réduit sa charge émotionnelle.
Tu peux faire un exercice progressif :
- Choisis un aliment que tu considères comme interdit
- Intègre-le en petite quantité dans un repas complet
- Mange-le lentement, en pleine conscience
- Observe ce que tu ressens : plaisir, peur, culpabilité ?
- Répète l’expérience plusieurs fois, jusqu’à neutraliser l’effet « interdit »
Ce travail permet de reprogrammer ton rapport à l’aliment. Tu ne le verras plus comme un danger, mais comme une option parmi d’autres. Et souvent, quand on se sent libre de manger un aliment, on en mange moins, et plus sereinement.
Faire la paix avec les aliments, c’est aussi faire la paix avec soi-même. Il n’existe aucun aliment toxique en soi. C’est l’interdiction mentale et la privation émotionnelle qui nourrissent les compulsions.

Travailler l’estime de soi
La boulimie émotionnelle n’est pas qu’une affaire de nourriture : c’est souvent le reflet d’un mal-être intérieur, d’une faible estime de soi. Quand on se sent nul(le), laid(e), incapable ou en décalage, on cherche à s’anesthésier. La nourriture devient alors un refuge, un moyen de combler un vide ou de fuir une émotion désagréable.
Travailler son estime de soi est donc essentiel. Cela passe par reconnaître sa valeur indépendamment de son apparence ou de ses performances. Ce que tu es ne se limite pas à ton poids, ton corps ou tes erreurs alimentaires.
Commence par te parler avec bienveillance : remplace les phrases du type « Je suis faible » par « Je fais de mon mieux, et j’avance petit à petit. » Entoure-toi de personnes qui te valorisent, éloigne-toi des comparaisons sociales, notamment sur les réseaux.
Fais des activités qui te font du bien : sport, art, nature, bénévolat… Investis ton énergie dans des choses qui nourrissent ton identité en dehors de la nourriture.
Tiens un journal de gratitude où tu notes chaque soir 3 choses positives : une réussite, un compliment, un moment agréable. Cela entraîne ton cerveau à voir le positif, et donc à moins se focaliser sur les défauts ou les échecs.
Tu n’as pas besoin d’être parfait(e) pour être digne d’amour ou de respect – surtout pas le tien.
Consulter un professionnel
Sortir seul(e) de la boulimie émotionnelle peut être difficile. Ce trouble, bien que fréquent, demande parfois un accompagnement professionnel pour être véritablement surmonté. Consulter un spécialiste n’est pas un signe de faiblesse, mais un acte de courage.
Les professionnels les plus adaptés sont :
- Les psychologues ou psychothérapeutes spécialisés en TCA (troubles du comportement alimentaire)
- Les diététiciens-nutritionnistes formés à l’approche comportementale
- Les médecins généralistes qui peuvent orienter et soutenir
Une thérapie permet d’explorer les racines émotionnelles du trouble : anxiété, perfectionnisme, blessures passées, schémas familiaux. Elle offre aussi des outils concrets pour mieux gérer les impulsions, les pensées envahissantes et les émotions.
Certaines approches comme la thérapie cognitive et comportementale (TCC) ont prouvé leur efficacité dans la prise en charge des compulsions alimentaires. D’autres, comme la pleine conscience ou l’EMDR, peuvent aussi compléter le parcours.
Si tu vis à Taïwan, il existe des psychologues francophones ou anglophones dans les grandes villes, ainsi que des ressources en ligne. Certaines cliniques proposent même des consultations à distance.
N’attends pas que la situation devienne incontrôlable. Plus tôt tu agis, plus le rétablissement est accessible. Tu as le droit de demander de l’aide, de te faire accompagner, et de t’en sortir. Tu n’es pas seul(e).


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