Pour permettre aux Français de Taïwan de mieux connaître les programmes des candidats pour le premier tour des élections législatives 2024 dans la 11ème Circonscription des Français établis hors de France, Insidetaiwan.net vous propose une série d’interviews exclusives. Ces interviews visent à offrir une plateforme où chaque candidat peut exposer ses idées et ses projets, vous aidant ainsi à vous forger une opinion avant de voter. Nous espérons que ces entretiens vous fourniront les informations nécessaires pour participer activement à ce processus démocratique.
Rencontrez Jacques Cheminade candidat de Solidarité et Progrès. Retrouvez son programme en cliquant sur le lien suivant.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis né à Buenos Aires (République Argentine) dans une famille de Français à l’étranger, à la fois très curieuse de la culture de son pays d’accueil et très attachée à ses racines auvergnates. Très tôt, j’ai aimé et souhaité la France comme on peut le faire de loin, peut-être encore plus fort que ceux qui en sont près. Il n’était pas question pour ma famille et moi-même que je fasse mes études ailleurs et je suis parvenu à entrer à HEC et à l’ENA, bien que n’en possédant pas au départ tous les codes.
Fonctionnaire au ministère des Finances, en poste à Paris puis à New York puis à nouveau à Paris, je me suis déplacé un peu partout dans le monde. C’est pourquoi je ressens aujourd’hui à la fois la gravité de la situation internationale et la vague qui porte le monde vers le Sud global et vers l’Asie. Bref, comme le disait le grand poète allemand Friedrich Schiller – mais aussi fait citoyen Français – je me sens à la fois « patriote et citoyen du monde.»
Pourquoi avez-vous décidé de vous présenter à ces élections législatives ?
Je suis candidat parce que le monde est en danger de guerre et que tous les autres partis politiques français nous parlent de paix, mais tous prétendent vouloir y parvenir en fournissant plus d’armes à l’Ukraine ou en envenimant le conflit entre la Chine et Taïwan. Je suis le candidat de la paix alors que nous sommes plongés dans une novlangue orwellienne où paix signifie chantage à la guerre. Moi, je ne parle pas cette langue-là. Je me bats au contraire pour une nouvelle architecture internationale de paix par la sécurité et le développement économique mutuels au bénéfice de chaque peuple du monde.
Les efforts des BRICS sont un bon pas pour créer un nouvel ordre économique international et un nouveau système monétaire de référence hors d’un dollar qui est devenu l’arme des marchés financiers. Elever ainsi le débat est le moyen essentiel qui nous permettra de faire sauter le verrou international qui nous bloque pour pouvoir appliquer les initiatives sociales que les autres forces de progrès proposent chez nous en politique intérieure. Ne pas se battre pour faire sauter ce verrou, c’est se condamner au bla, bla,bla.
Pourquoi vous présentez-vous dans la 11e circonscription des Français de l’étranger ?
Comme je le dis dans ma déclaration de candidature, si je suis candidat dans cette circonscription, c’est parce qu’elle représente un enjeu décisif pour la paix dans le monde. « Détente, entente et coopération, de l’Atlantique à la Mer de Chine » : c’était déjà la vision de Charles de Gaulle. Elle est plus que jamais nécessaire pour « éviter que l’humanité s’anéantisse elle-même dans de monstrueuses destructions ». En frappant à l’intérieur de la Russie, à Armavir et à Orsk, le système de défense anti-missiles intercontinentaux Russes, l’OTAN a franchi une ligne rouge dans un monde où tous les traités de démilitarisation de la guerre froide ont été froidement jetés à la poubelle de l’histoire.
Concernant Taïwan, alors que la plupart des pays du monde ont reconnu le principe « Une Chine, deux systèmes », les provocations des uns et des autres doivent être arrêtées. Les Français de l’étranger situés dans cette circonscription ont une occasion unique de voter pour ramener la raison dans le débat, à l’image des efforts du pape François qui reprend les paroles de Paul VI pour qui « le nouveau nom de la paix est le développement économique ».
Quels sont les trois axes important de votre programme ?
1er Axe : Bâtir une nouvelle architecture de co-développement et de sécurité mutuelle avec les BRICS et stopper la guerre de l’OTAN contre la Russie, pour que le monde redevienne un carrefour de développement et d’échanges commerciaux équitables entre l’Europe et l’Asie ;
2nd Axe : Rendre à la France sa souveraineté économique et culturelle, hors de la tutelle de Washington et de Bruxelles, en nationalisant réellement la Banque de France et séparant les banques de dépôt et d’investissement (Glass Steagall), seule condition pour stopper l’inflation et assurer une renaissance industrielle, agricole, de nos services publics et de nos territoires ;
3ème Axe : Ayant ainsi créé les conditions pour pratiquer une vraie politique sociale, sans démagogie, redonner les moyens nécessaires à l’école, à l’hôpital et aux laboratoires. Une vraie éducation des capacités créatrices des jeunes, comme en Asie, et une politique de combat contre les addictions aux drogues et aux écrans.
Retrouver l’espérance d’une France belle et juste qui succède à la triste fin de règne que nous vivons.
Que ferez-vous pour les français de l’étranger, en tant que représentant de cette circonscription ?
Avec eux, je serai à l’écoute et j’apprendrai beaucoup de choses, pour transmettre leur expérience. Je serai présent pour améliorer toutes leurs démarches en procédant avec un esprit d’ouverture à l’opposé de l’incompréhension justifiée que suscite chez eux des comportements administratifs trop tatillons.
J’ai moi-même été un de ces Français de l’étranger. J’ai vécu leurs difficultés et leurs efforts auprès de ma mère, qui était enseignante, et de mon père qui importait en Argentine les produits industriels dont ce pays avait besoin et travaillait aux côtés de collègues et d’amis de toutes origines et de toutes cultures. Ainsi, j’ai dès mon enfance compris à la fois l’importance de la souveraineté nationale et l’unité de l’Humanité. Actuellement, j’assiste avec tristesse au démantèlement progressif de nos services diplomatiques et consulaires, au sein desquels leurs titulaires font un immense travail pour assurer malgré tout la présence de la France, efforts trop souvent si mal reconnus.
Je suis convaincu que le sursaut politique que je propose, avec un grand dessein de paix, de souveraineté et de dialogue, rétablira ce que les titulaires de nos postes et les autres pays du monde attendent, et tout particulièrement les membres des BRICS plus : le retour d’une France médiatrice et inspiratrice, se libérant ceux qui l’entravent, à Washington, à Bruxelles ou ailleurs. Je dis à tous les Françaises et Français de l’étranger : soyez avec nous, en ce moment déterminant de l’histoire, soyons ceux qui sont capables de surmonter leurs difficultés quotidiennes et réinspirer la France, une France debout et belle.
Comment favoriserez-vous le rapprochement entre la France et Taïwan ?
Il faut être clair sur cette question compliquée. La France a adopté la politique « d’une Chine, deux systèmes ». C’est dans ce cadre que j’opérerai, tout autre serait aujourd’hui vain.
Je constate d’abord une chose : l’excellence économique de Taïwan. Son industrie des semi-conducteurs et des micro-processeurs ne doit pas être victime du conflit entre la Chine et les Etats-Unis. Compte-tenu de sa qualité et de sa capacité, il est de l’intérêt de Taïwan qu’elle y reste. La République démocratique de Chine y a aussi intérêt et elle doit le comprendre. Les Etats-Unis tentent par tous les moyens qu’elle y délocalise son industrie de semi-conducteurs. Trois grandes usines y sont déjà prévues et TSMC doit y investir 65 milliards de dollars. Je n’y vois pas d’inconvénients, à condition que ce ne soit pas le résultat d’un chantage. Je constate que les Etats-Unis ont prolongé, en octobre 2023, l’autorisation accordée à TSMC de fournir la Chine. Cela va dans le bon sens. La France, dans ce contexte, doit mettre tous ses efforts à empêcher la décomposition des chaînes de valeur et de production, ce qui serait un désastre pour tous.
En ce qui concerne la question politique, je pense qu’il faut laisser les esprits s’apaiser, sans jeter de l’huile sur le feu. La Chine et Taïwan partagent souvent de profondes attaches familiales et culturelles. Un poème de Li Po et de Shu Si émeut également à Taipei et à Beijing. Économie, culture : pour l’instant des échanges au sein d’un statu-quo menant progressivement à une intégration, sans fanfaronnades militaires. C’est la voie de la sagesse, et la France doit y prendre sa part avec une délicatesse diplomatique.
Quelle est votre position sur la situation de Taïwan ?
Voir ma réponse à la question précédente. Rien ne sert de brusquer les choses et chacun doit y mettre du sien en tenant compte de la situation mondiale très dangereuse que nous vivons, où une étincelle peut déclencher un feu que l’on ne contrôlerait plus.
Un dernier mot pour inciter nos concitoyens à aller voter ?
Votez pour sauver la paix face à une oligarchie qui menace, elle, de s’engager dans la guerre pour sauver son système spéculatif condamné. Le vote utile, c’est celui de la raison lorsque son chemin passe par le cœur.
*Les propos tenus dans cette interview n’engagent que le candidat et ne reflètent pas les opinions politiques de la rédaction d’Insidetaiwan.net. La rédaction d’Insidetaiwan.net a invité tous les candidats à répondre à ses questions. Malgré nos relances, certains ont refusé de participer et d’autres n’ont simlement pas donné suite.
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