6 animaux légendaires dans la mythologie et les légendes chinoises

Six créatures de la mythologie chinoise : dragon, phénix, qilin, tigre blanc, tortue noire, renard à neuf queues

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La mythologie chinoise regorge d’animaux légendaires au riche symbolisme spirituel. Ces créatures merveilleuses peuplent aussi bien les textes classiques (comme le Shan Hai Jing ou le Classique des rites) que les contes populaires régionaux du Fujian, du Sichuan ou de Taïwan. À travers eux, se dessinent des valeurs morales, des éléments cosmiques et des croyances religieuses (taoïsme, confucianisme, bouddhisme). Des temples anciens aux festivals actuels, ces êtres fabuleux restent vénérés comme des symboles de protection, de sagesse et d’harmonie.

Le Dragon (龙, Lóng) – Souverain des eaux et emblème impérial

Le dragon chinois est sans doute la créature légendaire la plus célèbre de Chine. Il se distingue de son homologue occidental par son apparence composite : corps longiforme couvert d’écailles, griffes d’aigle, cornes de cerf, yeux flamboyants et crinière flottant au vent. Selon la tradition rapportée par le philosophe Wang Fu (Han oriental), le dragon emprunte ses traits à neuf animaux différents (chameau, cerf, serpent, aigle, etc.), et il porte en lui les principes du yin et du yang (ses 117 écailles comportent 81 écailles yang et 36 yin). Gardien des pluies et des cours d’eau, le dragon incarne la puissance des éléments naturels. En effet, le Shenlong (神龙) est décrit comme le dragon azur céleste marchant sur les nuages pour faire tomber la pluie, fécondant la terre tout en pouvant causer tempêtes et inondations – d’où la crainte mêlée de vénération qu’il suscite traditionnellement. Symbole d’abondance et de prospérité, il est souvent associé à une perle sacrée qu’il cache sous sa gorge, gage de sagesse et de bonheur pour celui qui la possède.

Sur le plan spirituel et politique, le dragon est l’emblème du pouvoir impérial. Dans la Chine ancienne, l’empereur était considéré comme le « Fils du Ciel » et s’identifiait au Dragon ; lui seul avait le droit d’arborer l’image à cinq griffes du dragon impérial sur ses vêtements ou ses palais. En parallèle, les lettrés confucéens voyaient le dragon comme un être moral lié à l’ordre cosmique : ainsi, d’après un ancien texte attribué à Confucius, assécher les rivières fait fuir le dragon, signe que ce dernier ne demeure que là où règne l’harmonie et la vertu. Dans le bouddhisme chinois, on retrouve également des rois-dragons (Longwang) protecteurs du Dharma, souvent assimilés aux nâgas indiens. Le taoïsme, de son côté, intègre les dragons dans son panthéon : les Rois Dragons gouvernent les mers aux quatre orients, et le Dragon azure de l’Est (Qinglong) fait partie des quatre animaux célestes associés aux points cardinaux et aux saisons.

Concrètement, le dragon est omniprésent dans l’art et les rituels chinoiset taïwanais. Des sculptures de dragons ornent fréquemment les toits des temples pour éloigner les mauvais esprits et symboliser la protection divine. Les fêtes traditionnelles mettent aussi le dragon à l’honneur : durant la Fête des bateaux-dragons (端午节 Duanwu), de longues pirogues décorées d’une tête de dragon voguent au rythme des tambours pour honorer l’esprit du fleuve. Lors du Nouvel An chinois, la danse du dragon serpente dans les rues, portée par des danseurs, afin d’attirer la chance et la pluie bienfaisante. De même, le dragon figure parmi les douze signes du zodiaque chinois et demeure un motif de prédilection sur les objets d’art (porcelaines, bronzes rituels) et les textiles impériaux. Véritable totem, le dragon incarne la force vitale, la réussite et la sagesse cosmique dans la culture taïwanaise traditionnelle.

Le Phénix (凤凰, Fènghuáng) – Oiseau mythique de vertu et de renouveau

Le phénix chinois, ou Fenghuang, est l’oiseau légendaire le plus vénéré après le dragon. Contrairement au phénix occidental, il ne renaît pas de ses cendres et n’est pas associé au feu purificateur, mais représente plutôt l’harmonie cosmique et les vertus confucéennes. Décrit dans les textes anciens comme un animal composite, le Fenghuang combine les traits de plusieurs volatiles : il a un bec de coq, la tête d’un cygne, le cou d’un serpent, le dos d’une tortue et une queue de poisson, le tout orné de plumes aux cinq couleurs fondamentales (noir, blanc, rouge, bleu-vert et jaune). Son chant serait le plus mélodieux qui soit, et il ne se nourrit que de bambou sacré qui éclos une fois par siècle. Animal au caractère doux et pacifique, le phénix n’apparaît, dit-on, que dans les lieux gouvernés avec sagesse ou lors des périodes de paix et de prospérité. Le Shan Hai Jing affirme ainsi que chaque partie du corps du Fenghuang symbolise une qualité morale essentielle : la tête représente la vertu (德), les ailes le devoir et la bienséance, le dos la justice, la poitrine la compassion et l’abdomen la confiance. Ces cinq vertus confucéennes – humanité, droiture, bienséance, sagesse et sincérité – font du phénix un archétype d’intégrité morale dans la pensée taïwanaise.

Sur le plan symbolique, le phénix est étroitement lié au principe féminin (yin) et à l’impératrice, en complémentarité du dragon yang associé à l’empereur. Dans la Chine impériale, le couple dragon-phénix représentait ainsi l’union harmonieuse du masculin et du féminin. Les impératrices portaient des couronnes et des robes brodées de phénix, et l’on ornementait les palais de ces deux créatures se faisant face, illustrant la dualité yin-yang au sommet de l’ordre cosmique. En cosmologie taoïste, le phénix correspond à l’Oiseau vermillon du Sud, gardien de l’été et de l’élément Feu. On le retrouve d’ailleurs dans la théorie chinoise des Quatre Symboles astraux, aux côtés du Dragon azur de l’Est, du Tigre blanc de l’Ouest et de la Tortue noire du Nord, formant un quatuor cardinal apparu lors de la création du monde selon le Livre des rites.

Dans l’art et les traditions populaires, le phénix évoque la grâce, la féminité et le renouveau. Des statuettes funéraires le figurent dès la dynastie Han, témoignant de la croyance en sa protection dans l’au-delà. Au quotidien, les Taïwanais associent le phénix aux images de bon augure : des couples de dragon et phénix décorent souvent les salles de mariage pour symboliser un bonheur conjugal équilibré. Dans certaines régions (hérités des minorités du sud-ouest qui ont émigrés sur l’île), des danses et chants folkloriques invoquent le phénix comme messager de bonne fortune et de renouveau printanier. Enfin, au Nouvel An chinois, les pétards et lanternes arborant des motifs de phénix célèbrent l’idée de renaissance et d’harmonie pour l’année à venir. En somme, le Fenghuang demeure le symbole par excellence de la vertu souveraine et de la paix retrouvée dans l’imaginaire chinois.

Le Qilin (麒麟, Qílín) – Licorne sacrée et messager d’harmonie

Le Qilin est une créature mythologique hybride parfois appelée « licorne chinoise ». Roi des animaux à pelage, il combine l’allure d’un grand cerf et d’un cheval, tout en arborant des écailles et une ou plusieurs cornes ramifiées. Sa description varie selon les sources : tantôt on lui prête un corps de cerf aux écailles multicolores, avec une queue de bœuf et des sabots de cheval, tantôt un corps de cheval couvert de plaques écailleuses. Toujours est-il que le Qilin est un animal au tempérament doux et bienveillant, qui ne réside que dans les endroits paisibles ou à proximité des sages. Il évite de fouler la verdure ou de blesser la moindre créature vivante. Son apparition est ainsi considérée comme un présage infaillible de paix et de prospérité pour le royaume. Selon la tradition, le cri du Qilin mâle annonce l’arrivée d’un sage, tandis que celui de la femelle présage un retour à la paix. À l’inverse, la disparition d’un Qilin est vue comme un mauvais augure, signe de troubles à venir.

Les textes classiques font remonter les premières apparitions de Qilin à l’aube de la civilisation chinoise. Les Annales de bambou rapportent qu’un Qilin surgit dans le jardin de l’Empereur Jaune (Huangdi) vers 2697 av. J.-C., témoignant du bon gouvernement de ce souverain légendaire. Un couple de Qilin serait également apparu sous le règne vertueux de l’empereur Yao, quelques siècles plus tard. On raconte qu’en l’an 122 av. J.-C., un Qilin blanc fut capturé et offert à l’empereur Han Wudi, qui y vit un signe céleste : il inaugura alors une nouvelle ère appelée « Grand Commencement » et fit forger une pièce d’or dite « empreinte de Qilin » pour marquer l’événement. La naissance de Confucius elle-même est entourée d’une légende liée à un Qilin : l’animal apparut à sa mère peu avant sa conception, crachant un parchemin de jade prophétisant la sagesse future de l’enfant. De même, peu avant la mort de Confucius, un Qilin aurait été blessé par un chasseur, événement que le sage interpréta comme le signe de sa propre fin et de l’extinction des anciens rites. Ces récits illustrent combien le Qilin est associé à la personne du sage par excellence et à l’idée d’un Âge d’or de paix et de morale.

Sur le plan religieux, le Qilin a été intégré tant au bouddhisme qu’au taoïsme. Les bouddhistes, fascinés par cette créature apaisée, l’assimilèrent au lion gardien et la représentèrent portant les rouleaux sacrés de la Loi. Dans le taoïsme et le feng shui, on le considère comme l’animal protecteur du Centre (élément Terre) – en complément des quatre bêtes des points cardinaux – et on lui attribue la gestion des énergies de longévité et de félicité. Le Qilin est également réputé pour combattre le mal : malgré sa nature pacifique, la légende dit qu’il peut cracher des flammes et rugir tel le tonnerre pour disperser les démons lorsque cela est nécessaire.

Dans la culture populaire chinoise, le Qilin symbolise la bienveillance et la prospérité familiale. Une expression courante, « Qílín sòng zǐ » (麒麟送子), évoque la capacité du Qilin à apporter un enfant – on trouve ainsi des images traditionnelles le montrant tenant dans ses bras un bébé, pour bénir les couples en attente d’un heureux événement. Dans les temples et palais, on voit fréquemment des statues de qilins en bronze gardant les entrées, aux côtés des lions, afin de protéger les lieux des influences néfastes. Un exemple célèbre est le Qilin sculpté qui trône devant le Palais d’été de Pékin, sous la dynastie Qing. Ce brûleur d’encens antique en forme de qilin, richement décoré d’émail cloisonné, témoigne de l’importance de la créature dans l’art impérial. Enfin, certaines régions du sud de la Chine perpétuent la danse du Qilin, variante locale de la danse du lion, exécutée lors des fêtes pour attirer la chance. Gardien de la justice, messager d’harmonie et augure de bon gouvernement, le Qilin demeure dans l’imaginaire chinois un idéal de pureté et de félicité intemporelle.

Le Tigre blanc (白虎, Báihǔ) – Gardien de l’Ouest et puissance martiale

Le Tigre blanc occupe une place de choix parmi les créatures mythiques chinoises en tant que protecteur du point cardinal Ouest. Il fait partie des « Quatre Animaux célestes » de l’astrologie chinoise, associé à la direction occidentale, à la saison de l’automne et à l’élément Métal. La tradition raconte que lorsqu’un tigre atteint une age vénérable et un degré de perfection spirituelle, sa fourrure devient blanche, faisant de lui un être surnaturel. Le Tigre blanc est ainsi devenu l’emblème de la bravoure guerrière et de la droiture : on le retrouve sur de nombreuses bannières militaires de la Chine ancienne, et certains généraux légendaires étaient surnommés « le Tigre » en raison de leur vaillance. Dans le Livre des rites, il est cité aux côtés du dragon, du phénix et de la tortue comme l’un des quatre esprits apparus au commencement du monde pour assister le démiurge Pangu. Protecteur farouche, il veille sur l’Ouest et est souvent invoqué pour chasser les forces maléfiques.

Dans les croyances populaires et les rites taoïstes, le Tigre blanc joue un rôle ambivalent de défenseur et de menace qu’il convient d’apaiser. Dans le sud de la Chine et à Hong Kong, on célèbre par exemple le rituel du « Da Xiao Ren » (« battre les méchants ») lors de la fête de l’éveil des insectes (Jingzhe 惊蛰, début du printemps). Ce rituel d’exorcisme vise notamment à nourrir symboliquement le Tigre blanc – incarnation des mauvaises influences – pour calmer sa colère, puis à frapper une effigie de papier représentant un « vilain » afin de conjurer le mauvais sort. Selon la tradition cantonaise, c’est durant cette période que les esprits nuisibles, dont les baihu (tigres blancs), deviennent actifs et risquent de causer des troubles si on ne les neutralise pas. À cette occasion, on dépose des offrandes (porc séché, biscuits) devant la gueule d’un tigre en papier afin de « fermer sa bouche » et protéger la communauté pour l’année à venir. Ce type de cérémonie illustre comment le tigre blanc, redouté pour sa férocité, est également vénéré comme un gardien contre le mal dans le folklore.

Par ailleurs, de nombreuses légendes locales taïwanaises font état d’apparitions de tigres blancs venant en aide aux justes. Le tigre est aussi présent dans l’iconographie religieuse : les temples taoïstes consacrés à Xuanwu (dieu du Nord) le représentent parfois en duo avec le Dragon azure, symbolisant l’équilibre du yin et du yang dans l’Univers. Dans certaines versions du feng shui, le tigre blanc correspond au flanc droit d’une habitation (il apporte soutien et protection), tandis que le dragon azure correspond au flanc gauche – ces deux forces devant être équilibrées pour assurer l’harmonie du foyer. Enfin, le zodiaque chinois inclut bien sûr le tigre (de couleur ordinaire), mais l’année du Tigre est volontiers associée à l’imagerie du tigre blanc céleste, porteur de bon augure en matière de force et de succès. Féroce mais bénéfique une fois maîtrisé, le Tigre blanc incarne ainsi la force protectrice et la justice expéditive dans la mythologie chinoise.

La Tortue noire (玄武, Xuánwǔ) – Tortue-serpent du Nord et divinité de longévité

Également nommée « Guerrier noir du Nord », la Tortue noire est un animal mythique unique en son genre, puisque représenté sous la forme d’une tortue enroulée d’un serpent. Elle fait partie des quatre totems cardinaux de l’astrologie chinoise et correspond au Nord, à l’hiver et à l’élément Eau. Son apparence remonterait aux croyances de la dynastie Zhou, où l’on associa la robustesse de la tortue (symbole de longévité) à la flexibilité du serpent. Le terme Xuánwǔ signifie d’ailleurs « guerrier sombre/obscur », la carapace de la tortue évoquant l’armure d’un guerrier céleste. Dans la pensée chinoise, la tortue portait sur son dos une carte de l’univers – allusion au mythe du Luoshu (quadrillage cosmique découvert sur une tortue sacrée) – et était vénérée pour sa longévité extraordinaire. Toutefois, une légende populaire prétend que le mâle de la tortue étant incapable de s’accoupler, la femelle devait s’unir à un serpent pour se reproduire, ce qui valut à la tortue-serpent une réputation ambiguë mêlant sacralité et immoralité. Quoi qu’il en soit, la Tortue noire est considérée comme l’animal le plus important du zodiaque : trônant au pôle Nord du ciel (autour de l’étoile polaire, axe de la voûte céleste), elle préside aux constellations liées à la naissance, à la mort et à la longévité.

Sous sa forme anthropomorphique, Xuanwu est également un dieu majeur du panthéon taoïste, souvent appelé Zhenwu Dadi (Vrai Souverain) ou Empereur du Nord. D’après les légendes taoïstes, Xuanwu fut un prince mortel qui atteignit l’illumination et devint immortel, chargé par le Jade impérial de gouverner le Nord et d’y maintenir l’ordre cosmique. Il est généralement représenté en guerrier en robe impériale, cheveux dénoués, assis sur un trône ou debout, avec à ses pieds une tortue et un serpent entrelacés. En feng shui traditionnel, la Tortue noire correspond au relief protecteur derrière une habitation (colline ou montagne censée offrir appui et stabilité) – d’où l’on parle d’avoir une « tortue » pour bien ancrer sa demeure. Cette association à la stabilité, la protection et la longévité fait de la tortue un symbole extrêmement positif. On retrouve d’ailleurs des tortues sacrées dans les temples confucéens (portant des stèles commémoratives sur leur dos) pour signifier la pérennité du savoir à travers les âges.

Concrètement, la Tortue noire est honorée un peu partout en Chine et à Taïwan, que ce soit via des sculptures, des légendes ou des pratiques populaires. Des carapaces de tortues étaient utilisées pour la divination dès la dynastie Shang (on les chauffait pour y lire les craquelures), renforçant encore l’aura mystique de l’animal. Dans certaines fêtes locales, on relâche des petites tortues dans des cours d’eau en guise d’acte méritoire pour prolonger la vie (rituel lié à la compassion bouddhique). Et dans l’art, la tortue-serpent orne de nombreux objets : miroirs en bronze, toits de pagodes, talismans taoïstes. Au final, qu’elle soit envisagée comme un astre, un dieu ou un porte-bonheur, la Tortue noire demeure dans la mythologie chinoise un puissant symbole de résilience, de sagesse ancienne et d’équilibre.

Le Renard à neuf queues (九尾狐, Jiǔwěihú) – Esprit-renard entre auspice et malice

Parmi les créatures fantastiques chinoises, le renard à neuf queues (connu au Japon sour le nom de Kitsune ou en Corée du sud sous le nom de Gumiho) occupe une place particulière, à la frontière du mythe et du folklore. Aussi appelé Húli jīng (esprit-renard), il s’agit d’un renard ayant atteint un âge et un niveau d’ésotérisme tels que neuf queues lui ont poussé. Les premières mentions de cette créature remontent au Shan Hai Jing (Classique des monts et des mers), composé avant notre ère, où il est fait état de renards à neuf queues terrifiants qui dévoraient les hommes. Dans ces récits antiques, le renard polymorphe est présenté comme un animal sauvage doté de pouvoirs redoutables, capable de se changer en femme pour séduire ses proies avant de les dévorer. Pourtant, la symbolique du renard à neuf queues n’a pas toujours été négative : dans la culture traditionnelle ancienne, il était au contraire un symbole de bon augure. Le chiffre neuf représentant la totalité et la longévité dans la pensée chinoise, le renard aux neufs queues était associé à la prospérité du royaume, à la fertilité et même au bonheur conjugal. Ainsi on considérait que l’apparition d’un renard à neuf queues dans le pays annonçait une ère de paix et la réussite de la dynastie régnante. Sous les Han occidentaux, des récits mentionnent un renard blanc à neuf queues vu comme un signe fastueux de la faveur céleste.

Cette ambivalence du renard à neuf queues s’explique en partie par son évolution dans les légendes au fil des siècles. À partir de la dynastie Han, la prolifération des superstitions a conduit à diaboliser progressivement le renard : animal trop rusé, trop insaisissable (un peu comme le Goupil européen), il était craint et relégué au rang de démon trompeur dans l’imaginaire populaire. Sous les Qing (1644–1911), l’engouement pour les romans fantastiques a achevé de noircir l’image du renard. L’exemple le plus fameux se trouve dans le roman L’Investiture des dieux (Fengshen Yanyi, Ming), où un esprit-renard à neuf queues possède la concubine Daji afin de semer la luxure et le chaos à la cour du roi Zhou, précipitant la chute de la dynastie Shang. De même, dans les Contes étranges du pavillon du Loisir (Liaozhai Zhiyi, Qing), les renardes à neuf queues sont souvent dépeintes comme des séductrices surnaturelles qui volent l’énergie vitale des hommes. Pourtant, ces mêmes légendes présentent parfois des renards bienveillants : certaines histoires d’amour racontent comment une renarde immortelle tombe sincèrement amoureuse d’un jeune homme et le protège, incarnant un idéal d’amour sincère au-delà des espèces. Ainsi, le renard à neuf queues oscille entre le rôle d’esprit protecteur et de démon malicieux, reflétant la dualité du yin et du yang.

Au niveau spirituel, le renard à neuf queues est intégré dans le folklore religieux chinois, bien qu’à la marge du taoïsme orthodoxe. Dans le nord de la Chine (par exemple en Mandchourie et autour de Pékin), existaient jusqu’au début du XXᵉ siècle des cultes de la « Déesse-renarde » (Huxian). Des médiums, souvent féminins, prétendaient être possédés par un esprit de renard et dispensaient guérisons et prophéties au nom de celui-ci. Le renard était alors vénéré comme un esprit intermédiaire capable d’exaucer des vœux, moyennant offrandes de poulet ou d’alcool. Cependant il est à noté que le renard à neuf queues n’est pas très vénéré à Taïwan mis à part par certains groupes de bandits. Ces cultes populaires cohabitaient avec la crainte superstitieuse des renards fantômes hantant les maisons abandonnées. Le bouddhisme, quant à lui, considère généralement les renards à neuf queues comme des yaoguai (démons) qu’il faut dompter – le renard symbolisant l’illusion sensuelle à transcender sur la voie de l’Éveil.

Les traces de la fascination pour le renard à neuf queues abondent dans la culture chinoise. On le retrouve dans l’opéra traditionnel (par exemple l’histoire de Daji, ou celle de la « Femme-renard » aimante), dans l’art (peintures sur soie représentant de graciles renardes sous la lune), et plus récemment dans la littérature et le cinéma fantastique chinois. Aujourd’hui encore, le renard à neuf queues demeure un motif populaire en Asie de l’Est, jusque dans la culture manga et les jeux vidéo – il suffit de penser au Pokémon « Nine­tails », inspiré directement du Jiǔwěihú ou bien encore de Naruto qui renferme l’esprit du renard à Neuf queues en lui. Mais au-delà de la pop culture, il conserve en Chine son rôle traditionnel de gardien ambigu des seuils du mystère : ni totalement maléfique ni totalement bénéfique, mais reflet des désirs et peurs des humains face à l’inconnu. Comme le dit un proverbe chinois, « Le renard à neuf queues montre sa forme véritable à qui sait voir au-delà des apparences », rappelant l’importance de la sagesse intérieure pour discerner le vrai du faux sur le chemin spirituel.

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