Lin Shao-mao : résistant, bandit ou héros oublié de Taïwan ?

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Lin Shao-mao (林少貓), né en 1865 à Wandan (actuel comté de Pingtung) et mort en 1902 à Kaohsiung, est une figure controversée de l’histoire taïwanaise. Militant actif de la résistance contre l’occupation japonaise au tournant du XXe siècle, il incarne autant la mémoire d’un chef rebelle héroïque que celle d’un bandit sans foi ni loi selon ses détracteurs. Entre faits d’armes, propagande coloniale et mémoire disputée, son histoire reste l’une des plus sensibles de la période de transition entre domination Qing et période japonaise.

Un commerçant devenu chef de guerre

Né sous le régime Qing, Lin Shao-mao — de son vrai nom Miao Sheng (苗生) — est issu d’une famille hakka. Il fait fortune dans le commerce de poissons, de viande et dans l’industrie du riz à Pingtung. Très influent dans les cercles économiques locaux, il est même nommé officier de garnison par l’administration impériale Qing à Tainan.

Tout bascule après la cession de Taïwan au Japon en 1895, suite au traité de Shimonoseki. Refusant la domination nippone, Lin Shao-mao mobilise ses ressources personnelles pour recruter plus de 2 000 combattants, dont des Hakkas, des Minnans et environ 700 guerriers autochtones Paiwan. Il reçoit un soutien logistique et militaire de Liu Yongfu, célèbre pour avoir commandé les dernières troupes pro-Ming.

➡️ Dès 1896, Lin lance des attaques contre les garnisons japonaises à Pingtung et Kaohsiung, notamment après le massacre de Yunlin. Il devient l’un des trois chefs les plus redoutés du sud de Taïwan, avec Jian Da-shi et Ke Tie-hu : les « Lion, Tigre et Chat ».

Résistance armée puis trahison sanglante

Entre 1896 et 1899, Lin Shao-mao mène une guérilla opiniâtre contre l’armée japonaise. Il évite de s’en prendre aux civils et concentre ses offensives sur les officiers et collaborateurs. Il redistribue les biens pillés aux paysans, ce qui lui vaut la sympathie des villageois qui le protègent. Sa réputation est telle que certains marchands circulent sous sa bannière pour éviter d’être attaqués.

Mais le pouvoir colonial japonais change de stratégie. Faute de pouvoir le capturer, il tente de le rallier. En 1899, Lin accepte de se rendre, sous condition de pouvoir vivre avec ses hommes dans la région de Linluo (ou Houbi). Il formule dix demandes acceptées par le gouvernement japonais, ce qui conduit à une cérémonie officielle de reddition le 28 février 1900.

Cette paix fragile ne dure pas. En 1902, le gouvernement japonais ordonne son élimination. Le 30 mai, une attaque militaire coordonnée est lancée contre Houbi. Après une bataille de trois heures, Lin Shao-mao est tué en tentant de fuir. Plusieurs de ses proches, dont sa femme, son frère et ses lieutenants, sont également abattus.

Un héritage disputé entre mémoire, légendes et politique

Après sa mort, la mémoire de Lin Shao-mao devient un champ de bataille idéologique. Si certains l’honorent comme un résistant patriotique, d’autres le dénigrent comme un « bandit sanguinaire ». Durant l’ère coloniale japonaise, les élites locales qui avaient participé à sa reddition, comme Chen Zhong-he, sont louées dans des discours officiels tandis que Lin est diabolisé.

Dans les années 1980, le débat ressurgit avec virulence. Certains politiciens de Kaohsiung, notamment Chen Tian-miao, qualifient Lin de simple hors-la-loi, provoquant l’indignation des intellectuels et des défenseurs de la mémoire anticoloniale. Des historiens nationalistes comme Wang Xiao-bo le défendent comme un martyr. Les controverses se multiplient, certains allant jusqu’à l’accuser d’avoir instauré un système mafieux avec des tributs obligatoires.

➡️ À ce jour, le nom de Lin Shao-mao demeure ambivalent, entre symbole de résistance pour les uns et figure ambiguë de la violence locale pour les autres.

Informations pratiques 📜

  • 🗓️ Période d’activité : 1895–1902
  • 📍 Région : Comté de Pingtung, Kaohsiung
  • 📖 Surnom : Le « Chat » parmi les « Trois Féroces »
  • ⚔️ Alliés : Liu Yongfu, guerriers Paiwan
  • 🏛️ Sources : Archives japonaises, récits oraux, études locales


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À propos de l'auteur

  • Luc

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