les châtiments corporels et le harcèlement des élèves par les enseignants sont toujours d’actualité dans les écoles taïwanaises

Révélations sur le suicide d'un élève à Taichung suite à des brimades, entraînant réflexions et actions légales sur le système éducatif.
Ecole à Taïwan - Copyright ; Wikki Commmons

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Une enquête menée par le lycée Feng Yuan a révélé que le personnel de l’établissement avait malmené un élève, ce qui a conduit à son suicide.

Le cas symptomatique d’une école de Taichung

Cela contredit une enquête précédente menée par l’école, qui n’avait pas conclu que le personnel avait malmené l’élève. Le bureau de l’éducation de Taichung avait rejeté les rapports précédents et décidé de suspendre le directeur des affaires étudiantes, Chang Ching-hsiang, pour une durée d’un an. Après la nouvelle enquête, le bureau de l’éducation de Taichung a prolongé la suspension d’un an.

Les instructeurs de sécurité impliqués dans l’incident ont depuis lors démissionné, tandis qu’un instructeur militaire impliqué a été démis de ses fonctions. L’élève en question a fait l’objet de fouilles fréquentes par les responsables de l’école ou a été accusé d’actes répréhensibles. Cela s’est produit pendant des mois. Le père de l’élève a déclaré qu’il envisageait des options juridiques.

Cet incident met en lumière le problème plus général des brimades dans les écoles taïwanaises, ainsi que le fait que les enseignants eux-mêmes sont parfois à l’origine de ces brimades. De nombreux incidents de ce type ont eu lieu ces dernières années, dont certains touchent ou impliquent des châtiments corporels.

Les châtiments corporels encore utilisés

Les châtiments corporels restent très répandus dans les écoles taïwanaises, les données d’une enquête réalisée en 2019 montrant que 70 % des élèves du premier cycle de l’enseignement secondaire en ont fait l’expérience. Un incident survenu en 2022, au cours duquel un élève de sept ans pratiquant le judo est décédé d’une hémorragie cérébrale après avoir été frappé 27 fois au total par son professeur et d’autres élèves, a fait la une des journaux internationaux et constitue probablement la blessure ou le décès le plus médiatisé causé par les châtiments corporels ces dernières années.

Le professeur a continué à frapper l’élève dix fois, même après qu’il ait vomi et perdu connaissance. Bien qu’une ambulance ait été appelée, l’élève présentait déjà une hémorragie cérébrale et est décédé soixante-dix jours plus tard.

L’instructeur en question pensait que l’élève lui avait menti en disant qu’il était malade et incapable de participer à l’entraînement ce jour-là, et qu’on lui avait manqué de respect. Il semble qu’il s’agisse d’une cause de motivation similaire à d’autres cas d’élèves malmenés ou punis par des enseignants.

L’humiliation aussi utilisée

De même, les punitions comportent souvent un aspect d’humiliation publique. Cela se produit même lorsque les punitions sont infligées à de très jeunes élèves.

Par exemple, en septembre 2022, le tribunal du district de Shilin a accordé 30 000 NT de compensation à un élève d’une école primaire. En effet, son professeur l’avait puni pour avoir omis de rendre un test, d’effectuer une prise de température et de rendre une leçon qu’il était censé copier trois fois, en lui ordonnant de monter et de descendre cinq étages au total dix fois. Il devat être surveillé par ses camarades de classe pendant qu’il faisait cela.

Les parents de l’élève ont d’abord demandé 200 000 NT de compensation à l’État, au motif que cela violait les droits de leur enfant à « l’autonomie corporelle et aux droits à la santé et à la liberté ». L’école a tenté de défendre cet acte comme un acte de punition approprié et adéquat, mais elle a été déboutée, car cette punition allait également à l’encontre des propres directives de l’école.

La perception de l’infraction

Les punitions semblent le plus souvent concerner des infractions perçues comme telles. Par exemple, une enquête menée en septembre 2022 par le Yuan de contrôle a révélé qu’une école de Yunlin punissait les élèves en raison d’un code vestimentaire, certains élèves étant soumis à des châtiments corporels quotidiens. Cela s’est produit en dépit du fait que le code vestimentaire en lui-même violait déjà les lois.

Les éducateurs qui cherchent à punir les élèves se concentrent parfois sur certains d’entre eux, même si cela a des effets néfastes sur leur santé mentale et physique, en les poussant par exemple à s’automutiler. On note que parmi les éducateurs impliqués dans les brimades au lycée Feng Yuan, il y avait des instructeurs militaires, ce qui a également été le cas pour d’autres incidents.

Cela montre peut-être que les problèmes liés aux brimades ou aux châtiments corporels renvoient parfois à l’héritage autoritaire de l’éducation à Taïwan. L’éducation était un moyen de contrôle social, conduisant à cibler les élèves qui agissaient ou pensaient différemment de leurs pairs, ou qui étaient considérés comme manquant de respect aux autorités scolaires d’une manière ou d’une autre. Outre le fait que ce système de contrôle social visait à ce que les élèves se surveillent les uns les autres, les éducateurs étaient habilités à punir les élèves qui s’écartaient des normes perçues, afin d’éradiquer toute dissidence politique, sociale et culturelle.

Même en période démocratique, le fait qu’il y ait encore de tels incidents d’élèves malmenés par leurs enseignants démontre qu’il est encore nécessaire de réformer le système éducatif à Taïwan.

*Cet article est une traduction d’un article paru dans The New Bloom Magazine
Article paru le 7 Mars 2024 – Auteur : Brian Hioe


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  • Luc

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