La musique Nanyin (南管) est un style de musique classique chinoise originaire de la province du Fujian, dans le sud de la Chine. Il est également populaire à Taïwan, en particulier à Lukang, sur la côte ouest.
Origine et histoire
Le Fujian est une province côtière montagneuse de Chine. Sa capitale provinciale est Fuzhou, tandis que Quanzhou était un port important au 7e siècle de notre ère, entre les époques Sui et Tang. Situé sur une importante route commerciale maritime, il a servi de point de passage à des éléments de cultures lointaines. Il en est résulté ce que l’on appelle aujourd’hui la musique Nanyin, qui conserve aujourd’hui de nombreuses caractéristiques archaïques.
Il existe des fresques de la dynastie Tang représentant la Nanyin pipa, la flûte verticale et les cliquettes. Les titres de la musique Nanyin actuelle sont également proches de ceux de la dynastie Tang. La musique Nanyin de Fujian était répandue durant la dynastie Qing.
Il s’agit d’un genre musical fortement associé à des associations musicales amateurs (quguan ou « song-clubs ») exclusivement masculines, chacune étant autrefois généralement liée à un temple particulier, et considéré comme un accomplissement poli et un service social digne, distinct du monde des artistes professionnels[2]. Il est typiquement lent, doux, délicat et mélodique, hétérophonique et emploie quatre gammes de base.
Le Nanyin a été inscrit en 2009 sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Les différents styles
Le répertoire du Nanyin se divise en trois styles superposés, appelés chí, phó- et khiok (zhi, pu et qu en mandarin), qui se différencient par les contextes dans lesquels ils apparaissent, par leur fonction, la valeur que leur accordent les musiciens et par leur nature formelle et timbrale.
Le Chí (指) est perçu comme le répertoire le plus « sérieux » : il s’agit d’une suite purement instrumentale d’une durée généralement supérieure à trente minutes, composée de deux à cinq sections, chaque section étant appelée cu ou dei (« pièce »). Chacune est associée à un texte qui fait allusion à une histoire mais, bien que cela puisse indiquer des origines dans la chanson ou l’opéra, le chí est aujourd’hui un répertoire instrumental important et respecté. Toutefois, le texte de la chanson facilite grandement la mémorisation du morceau.
Les Phó (譜) signifient littéralement « notation ». Plus formellement les qingzou pu (« notation raffinée »), sont généralement interprétés par un ensemble de 5 instruments. Il s’agit de pièces qui n’ont pas de texte associé et sont donc écrites en notation gongchepu. Il s’agit d’un style instrumental qui utilise une gamme plus large que le chí et qui met l’accent sur la technique des musiciens. Un peu comme les Kata au Karaté.
Le Khiok (曲) est un répertoire vocal : deux mille pièces existent en manuscrit. Leurs répertoires et leurs interprétations sont plus légers et moins conservateurs que ceux du chí. Les pièces les plus populaires aujourd’hui sont très rapides et durent environ cinq minutes.
Les instruments
Un ensemble de Nanyin se compose généralement de cinq instruments :
Le pie (拍, muban (木板) ou claquette en bois) est généralement joué par le chanteur.
Les quatre autres, appelés téng-sì-kóan ou quatre instruments supérieurs, sont
- Le luth à quatre cordes gî-pê (ou pipa 琵琶 en mandarin),
- Un luth à trois cordes, sans frettes, à long manche, ancêtre du shamisen japonais, appelé sam-hiân (sanxian 三弦 en mandarin),
- La flûte verticale siau (簫), également appelée tōng-siau),
- Et un instrument à deux cordes « à archet dur » appelé jī-hiân, (légèrement différent de l’erxian 二弦 cantonais).
Chaque instrument a un rôle précis. Le gî-pê fournit un squelette rythmique stable, soutenu par le sam-hiân. Le siau, quant à lui, complété par le jī-hiân, met de la profondeur ou comme disent les joueurs de la » viande sur les os » avec des contrepoints colorés.
Ces instruments sont essentiels au genre, tandis que le ē-sì-kóan (下四管) ou les quatre instruments inférieurs ne sont pas utilisés dans toutes les pièces. Il s’agit d’instruments à percussion, du carillon (hiangzua 響盞), d’un carillon combiné à un bloc de bois appelé giaolo, d’une paire de petites cloches (xiangjin 雙音) et d’un xylophone à quatre barres, le xidei. La flûte traversière appelée pin xiao (dizi en mandarin, 品簫 ) et le hautbois aiya (噯仔) ou xiao sont parfois ajoutés lors de représentations en plein air ou de cérémonies.
Lorsque ces six instruments se combinent aux quatre instruments de base, l’ensemble est appelé cha̍p-im ou « dix sons ».
Diaspora du peuple Hoklo
À partir du XVIIe siècle, les Hoklo qui ont immigré du Fujian à Taïwan ont apporté de la musique folklorique informelle ainsi que des formes instrumentales et lyriques plus ritualisées, enseignées dans des clubs d’amateurs, comme le beiguan et le Nanyin. On trouve également une importante diaspora de Hoklo en Malaisie, dans le Guangdong, à Hong Kong, aux Philippines, à Singapour, en Birmanie, en Thaïlande et en Indonésie, où l’on parle généralement de Hokkien.
Il existe des associations de Nanyin à Singapour, aux Philippines et dans d’autres pays !
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