L’Alliance Française est une organisation française dont l’objectif est de faire rayonner la langue française et la culture française en dehors des frontières de la France. Taïwan a la chance d’avoir deux bureaux de l’Alliance Française sur son territoire et ils sont dirigés par Mr Laurent VERGAIN. Il a accepté de répondre à nos questions et le directeur de l’Alliance Française nous parle un peu de lui mais beaucoup de la place de la langue et de la culture française à Taïwan.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?
De formation enseignant du premier degré, j’ai enseigné très jeune le français au sein d’une Alliance Française en Afrique. J’ai ensuite complété ma formation par un master en enseignement du français langue étrangère et dans le cadre du management culturel. Cela m’a permis en tant que fonctionnaire de l’état d’alterner entre un travail d’enseignant et de directeur d’école en France et des missions à l’étranger en tant que directeur d’établissement culturel, Alliances Françaises ou Institut français, en Zambie, en Haïti, à Madagascar, en Indonésie, au Japon et maintenant à Taiwan.
Vous êtes le directeur de l’Alliance Française à Taïwan, quelle est le rôle de cette association ?
L’Alliance française est une association de droit local à but non lucratif, reconnue d’utilité publique, et gérée localement par un Conseil d’administration élu localement par les membres de l’association. Le statut d’ « Alliance Française » est validé par la Fondation des Alliances Françaises dont le siège se trouve à Paris, boulevard Raspail et qui coordonne plus de 800 Alliances Françaises à travers le monde. Partenaire privilégié de la diplomatie culturelle française à l’étranger, le poste de directeur de l’Alliance Française de Taiwan est sous la tutelle du Ministère des affaires étrangères. Le rôle de l’association est un rôle de diffusion de la culture française et francophone et d’échanges bilatéraux.
Quel est votre rôle plus spécifiquement en tant que directeur ?
En tant que directeur, je suis responsable de la gestion administrative, financière et pédagogique de l’association sous la tutelle du Conseil d’administration. Je coordonne nos actions avec la politique du poste. Avec l’appui du Conseil d’administration et de l’équipe locale, administrative et pédagogique, nous mettons en place activités et partenariats.
Quelles sont les actions menées par l’Alliance Française à Taïwan ?
L’action principale est l’activité pédagogique. Il faut savoir que notre association s’autofinance à hauteur de 98% (parfois un peu plus ou un peu moins selon les années). Les cours sont notre activité essentielle et nous proposons 5 sessions de deux mois chaque année, avec des cours du soir, du week-end, mais aussi dans la journée et des sessions plus intensives, à Taipei et à Kaohsiung. L’Alliance française de Taiwan est centre national d’examen pour les diplômes reconnus par les autorités françaises. Nous organisons plusieurs sessions d’examen du DELF (Diplôme d’Etudes en Langue Française) dans l’année, mais aussi des examens TCF (Test de Connaissance du Français). Nous pouvons aussi servir de centre d’examen pour des formations universitaires françaises dont les étudiants résident momentanément à Taiwan si une convention existe avec l’Université d’origine.
La mission de l’Alliance a, aussi bien sûr, pour but la diffusion et les échanges culturels qui sont très largement portés à Taiwan par le Service de Coopération et d’Action Culturelle du Bureau Français de Taipei. Mais l’Alliance reste un acteur important dans ce domaine aussi. Bien que pendant les années COVID, la programmation se soit allégée. L’Alliance coordonne le Comité Francophonie Taiwan qui depuis plus de 10 ans est en charge en mars du Mois de la Francophonie à Taiwan. 5 bureaux étrangers et une ambassade de pays francophones ainsi que des structures fortement liées à la francophonie font partie de ce Comité qui organise chaque année, festival de films et de courts métrages, rencontres musicales ou poétiques, expositions, et autres animations mettant en avant le partage de la langue française dans le monde.
Pour les Taïwanais que représente la langue française ?
S’il s’agit de la langue uniquement, je dirais une très belle montagne qu’on souhaiterait escalader mais avec beaucoup de passages qui semblent inaccessibles. Mais je pense que cette image va bien au-delà du public taiwanais. En général en Asie, le public aime entendre le français mais trouve que c’est une langue très difficile à prononcer et aussi dont la syntaxe, l’orthographe et la grammaire sont difficiles à maîtriser. Mais en même temps, lorsque les gens font le pas de tenter d’y accéder, ils y mettent beaucoup d’énergie et de persévérance !
Peut-on estimer la part de la population taïwanaise et sa typologie qui parle français ?
Environ 46% de la population taiwanaise a entre 25 et 46 ans. Il nous est impossible de donner des statistiques du nombre de locuteurs en français. Par contre nous pouvons donner des statistiques concernant notre public. Sur environ 500 inscrits différents sur une session 43% des apprenants ont entre 18 et 30 ans, 40% entre 31 et 50 ans. Pour des raisons logistiques qui ne nous permettent pas d’accueillir d’enfants dans nos locaux, cette catégorie est sous représentée.
Les écoles de l’île enseignent elles le français ? Ou faut-il se débrouiller autrement pour apprendre la langue ?
Certaines écoles primaires, certains collèges ou lycées proposent des cours de français, le plus souvent sous forme d’ateliers facultatifs. Le gouvernement taiwanais a lancé un grand projet de bilinguisme mandarin / anglais. Les autres langues doivent donc se positionner en troisième langue. Comme dans la plupart des pays d’Asie du Nord Est, si le français reste en assez bonne position, il est en sévère concurrence avec le japonais et le coréen. Il existe plusieurs départements de français au sein de grandes universités. Cela peut être parfois suffisant pour acquérir un niveau de langue basique, mais si l’apprenant souhaite se lancer dans un apprentissage plus approfondi, il est effectivement possible de se tourner vers des structures comme la nôtre.
Le rayonnement de la culture française est un axe fort des actions de votre association, est-ce que les Taïwanais sont curieux de la culture française ?
A Taiwan comme dans la plupart des pays d’Asie la culture française attire beaucoup de gens. Les Taiwanais ont une image très positive de la France et de la culture française, bien sûr dans les domaines des arts culinaires et du luxe mais aussi dans des domaines plus spécifiques comme le cinéma, les arts visuels.
Est-ce qu’il existe des similitudes entre la culture française et la culture taïwanaise ?
Répondre de manière approfondie à cette question demanderait de connaître de manière très précise les deux cultures. Je dirais de manière spontanée que l’intérêt pour la nourriture reste très similaire dans ces deux cultures, même si les goûts culinaires, les temps des repas, demeurent très éloignés.
L’importance de la famille est aussi peut être un point similaire. Dans ces deux cas, ce qui est similaire c’est l’intérêt important qui est donné à ces moments de la vie quotidienne, mais est-ce vraiment spécifique à ces deux cultures ?
Est-ce qu’il existe des programmes culturels de collaboration entre les deux pays ?
Bien sûr ! C’est la mission de la diplomatie culturelle française représentée à Taiwan par le Bureau français mais aussi de manière plus modeste par l’Alliance française.
Programmes d’échanges, résidences d’artistes, rencontres universitaires, projets de recherche… les énumérer prendrait beaucoup de temps. Ce sont aussi de grands projets de collaboration entre les instances culturelles de France et de Taiwan. Bruno Latour commissaire d’une exposition à la Biennale de Taipei qui va ensuite au Centre Pompidou de Metz, l’exposition « Fantômes d’Asie » qui du quai Branly a voyagé jusqu’à Tainan et reviendra l’été prochain à Taipei. La ville de Taipei organise chaque année une Nuit Blanche.
Ce sont aussi beaucoup de films français diffusés au sein du réseau cinématographique local, des festivals au sein desquels des artistes français se produisent, le spectacle Notre Dame de Paris présenté sur place en 2022…..
De nombreux organismes ont signé des conventions de partenariat pour des projets culturels et techniques.
Les Japonais ont les mangas, les Coréens la K-Pop, les scandinaves ont des séries télés qui traversent les frontières… sur quel axe culturel la France peut-elle s’appuyer pour « séduire » les Taïwanais ?
Les taiwanais n’ont pas besoin d’être « séduits » par la France. Il me semble que la population est prédisposée à une grande ouverture culturelle et que « l’autre » ou « l’ailleurs » les intéressent de manière relativement spontanée.
Bien sûr, on peut mettre en avant le romantisme des français, le chic des grandes marques, la majesté architecturale des monuments français, la diversité des paysages.. tout ce qui fait que la France a toujours une image très positive dans le monde et plus spécifiquement en Asie.
Et pour finir pouvez vous nous donner trois lieux à Taïwan dans lesquels nous avons des chances de vous croiser ?
Si vous me chercher à Taiwan, vous pouvez me trouver sur le temps de travail à Gongguan dans les locaux de l’Alliance française de Taipei, parfois au 39ème étage de la tour 101 au Bureau Français de Taipei ou sinon à l’Alliance française de Kaohsiung.
Mais en dehors des horaires de travail je ne vous révélerai pas tous les lieux magiques où vous pourrez me croiser dans l’éclectique ville de Taipei.
Si vous souhaitez connaître les programmes culturels de collaboration entre la France et Taïwan n’hésitez pas à prendre contact avec l’Alliance Française.
- Grâce à leur site internet, en cliquant ici
- En suivant leur réseaux sociaux : le Facebook de Taïpei et le Facebook de Kaohsiung
Et pour en savoir plus sur le rôle du Bureau Français de Taïpei, lisez notre interview de Jean-François Casabonne Masonnave, directeur du BFT.
Une réponse
Merci monsieur Vergain après cette lecture j’ai découvert la tâche immense et les responsabilités que vous avez rien à voir avec la gérance d’un établissement. Bravo et bonne continuation.