Il semble que ces luttes soient le reflet d’une confrontation plus large entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif pour déterminer quelle partie dominera la politique dans les quatre prochaines années. Cette situation est inédite pour Taïwan, où la coexistence d’un gouvernement unifié a généralement permis à l’exécutif de mener le jeu. Cependant, avec un gouvernement désormais divisé, le parlement entend faire valoir ses préférences, créant ainsi une nouvelle dynamique politique.
Stratégies et manœuvres du KMT
Le Kuomintang (KMT) utilise tous les leviers de pouvoir à sa disposition pour maximiser son influence. Il ne s’agit pas seulement de créer des commissions d’enquête pour harceler l’exécutif, mais aussi de rediriger les finances vers les gouvernements locaux, majoritairement contrôlés par le KMT, et d’affaiblir le gouvernement national. Le KMT envisage également de modifier la loi sur le rappel pour s’assurer de ne pas perdre son pouvoir législatif avant les prochaines élections générales. Ces actions montrent une volonté de renverser les changements des huit dernières années qui ont affaibli le parti, en cherchant à restaurer et à étendre son contrôle politique.
Différences entre 2000 et 2024
Beaucoup pourraient argumenter que cette situation n’est pas nouvelle, puisque Taïwan a déjà connu un gouvernement divisé de 2000 à 2008. Cependant, plusieurs différences critiques rendent la situation actuelle unique. Premièrement, la direction actuelle du KMT, menée par Han Kuo-yu et Fu Kun-chi, est moins encline à rechercher des compromis que le leadership de l’époque de Wang Jin-pyng. Deuxièmement, les attentes pour l’avenir ont changé : le KMT ne se considère plus comme le parti naturel du pouvoir, surtout après avoir échoué à franchir la barre des 40 % lors des dernières élections présidentielles. Troisièmement, le KMT d’aujourd’hui est plus idéologique et plus cohésif, en grande partie en raison de la réforme électorale de 2008 et d’une campagne judiciaire efficace contre la corruption. Enfin, le contexte politique actuel, après huit ans de gouvernement DPP, incite le KMT à modifier le statu quo plutôt qu’à le maintenir.
Rôle de la cour constitutionnelle
Un acteur clé dans ce nouveau paysage politique sera la Cour constitutionnelle (憲法法庭). Historiquement, la cour est restée en dehors des conflits politiques majeurs, mais avec le parlement cherchant à repousser les limites de son pouvoir, elle devra trancher sur plusieurs questions de constitutionnalité. Tous les juges actuels ayant été nommés par le président Tsai, il est probable qu’ils soient sympathiques aux arguments du DPP, bien qu’ils ne soient pas membres du parti. Le débat sur la légitimité et le rôle partisan de la cour va probablement s’intensifier, obligeant tous les observateurs à suivre de près ses décisions.
Informations à retenir
- ✈️ Nouveaux conflits entre exécutif et législatif
- 💼 Stratégies agressives du KMT pour maximiser son pouvoir
- 🏛 Changements significatifs par rapport à la période 2000-2008
- ⚖️ Rôle crucial de la Cour constitutionnelle dans les prochaines années
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