Le passage du typhon Ragasa a profondément marqué le township de Guangfu, majoritairement peuplé d’Amis. La rupture du lac-barrière de Matai’an a causé 19 décès, en grande majorité parmi les personnes âgées incapables d’évacuer. Alors que les volontaires se mobilisent, un débat s’installe : la reconstruction doit-elle renforcer les structures existantes ou remettre au centre les voix autochtones longtemps marginalisées ? La colère qui a explosé lors d’une réunion politique fermée au public éclaire un conflit plus large entre gouvernance locale, héritages coloniaux et droits autochtones.
Un township meurtri et une colère alimentée par l’exclusion
La diffusion d’une vidéo montrant les habitants de Guangfu (Fata’an) protestant contre une réunion menée par Fu Kun-chi a rapidement enflammé les réseaux taïwanais. L’exemple le plus marquant : le président du conseil du comté, Chang Chun, résidant lui-même à Guangfu, a fait irruption et renversé la table de Fu en signe de protestation.
Cette scène résume un sentiment d’injustice : les habitants affirment ne pas avoir été invités à une réunion censée les concerner, alors qu’ils ont perdu des proches et des maisons. Pour eux, cette exclusion illustre encore une fois un traitement inégal des communautés autochtones. Lors du typhon Morakot en 2009, plusieurs villages autochtones avaient déjà dénoncé des décisions prises sans consultation locale.
Reconstruction : un terrain où les héritages coloniaux resurgissent
Après le typhon Ragasa, des milliers de volontaires se sont rendus à Guangfu pour participer aux efforts de reconstruction. Les organisations autochtones rappellent toutefois un point essentiel : reconstruire sans intégrer la vision des communautés revient à renforcer les structures de domination apparues sous les régimes coloniaux successifs (japonais puis chinois).
Après le séisme de 1999, plusieurs villages Bunun avaient été déplacés vers des zones jugées « plus sûres » sans concertation, entraînant la perte de terres traditionnelles. Les activistes amènent ce parallèle pour alerter : la reconstruction de Guangfu ne doit pas devenir une nouvelle opération où l’État « décide pour » plutôt que « décide avec ».
La figure controversée de Fu Kun-chi et le poids du système politique local
La présence de Fu Kun-chi, chef du caucus législatif du KMT, a concentré les critiques. Fu est une figure politique incontournable de Hualien, souvent surnommé le « roi de Hualien » pour son influence. On peut noter dans ses faits d’armes qu’près une condamnation pour corruption, il avait divorcé de sa femme, Hsu Chen-wei, pour la nommer vice-magistrate. Celle-ci lui a ensuite succédé comme magistrate du comté, permettant au couple de conserver son emprise politique.
Dans le contexte du typhon Ragasa, Fu a rapidement rejeté la responsabilité sur le gouvernement central, accusant Taïpei d’avoir tardé à émettre des alertes d’évacuation. Le problème : des documents officiels montrent que les autorités forestières avaient recommandé l’évacuation dès 7 h du matin.
Face aux critiques, Fu a déclaré que le lac-barrière aurait dû être « dynamité » avant la catastrophe. Les autorités ont dû publier une vidéo pédagogique pour expliquer l’impossibilité technique et les risques d’une telle opération. L’épisode a renforcé l’impression d’un dirigeant cherchant à déplacer la responsabilité plutôt qu’à répondre aux préoccupations locales.
Les enjeux politiques autour des institutions autochtones
La réunion fermée réunissait également le législateur autochtone du KMT, Sra Kacaw. Celui-ci est au centre d’une controverse nationale : il défend un projet visant à définancer le Conseil des peuples autochtones. Exemple : la réforme priverait les représentants autochtones de leurs salaires, limitant de fait leur capacité à défendre leurs communautés.
Le projet introduirait également une distinction coloniale persistante entre Autochtones des plaines et des montagnes, et modifierait la représentation pour réduire le poids des petits groupes reconnus. Pour les militants autochtones, ces mesures servent à neutraliser une institution parfois critique envers la politique du KMT.
La réaction des habitants de Guangfu doit aussi se lire dans ce contexte : ils craignent que les décisions prises après le typhon ne les marginalisent davantage, d’où une résistance plus forte face à ce qu’ils perçoivent comme une ingérence politique punitive.
Vers une confrontation durable entre habitants autochtones et autorités locales ?
La reconstruction post-typhon Ragasa devient un révélateur : l’écart se creuse entre les attentes des communautés autochtones et les pratiques politiques locales. Si la colère contre Fu et Hsu se confirme dans les zones autochtones du comté, le KMT pourrait accentuer les pressions administratives.
Des militants amènent déjà les précédentes tentatives de réduire les budgets autochtones comme des avertissements. Ceux-ci y voient une stratégie pour forcer les résidents à « rentrer dans le rang ». Les prochains mois montreront si la reconstruction devient un moment de recentrage démocratique ou un espace où les fractures politiques et coloniales se durcissent.
Points à retenir
- 🌪️ Le typhon Ragasa a révélé des inégalités structurelles : les décès touchent surtout les aînés amish, montrant l’insuffisance de la prévention dans les zones autochtones.
- 🏛️ La crise expose la fragilité des institutions autochtones : le projet de dé-funding du Conseil renforce les inquiétudes d’une marginalisation politique.
- ⚡ La gouvernance locale en Hualien reste dominée par un système politique dynastique : l’influence de Fu Kun-chi nourrit la défiance des habitants.
- 🤝 La reconstruction devient un enjeu de souveraineté communautaire : intégrer les voix autochtones conditionne la confiance envers les autorités.

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