En septembre 2025, la politique taïwanaise a été marquée par l’échec d’une série de rappels législatifs qui ont suscité de nombreux débats. Pour les partisans du rappel, il s’agissait d’un outil démocratique permettant de limiter une tentative de mainmise institutionnelle du KMT et du TPP, tout en affirmant la nécessité de résister à l’ingérence chinoise dans les affaires intérieures. À l’inverse, pour les opposants – qualifiés d’anti-recallers –, cette démarche représentait avant tout une manœuvre du Parti démocrate progressiste (DPP) visant à reprendre une majorité parlementaire perdue lors des dernières élections. Cet affrontement de récits illustre la polarisation croissante de la société taïwanaise et la difficulté d’interpréter ces mobilisations sans tenir compte des logiques partisanes.
Qui étaient les opposants aux rappels ?
Une enquête en ligne réalisée auprès de plusieurs milliers de répondants a permis de mieux comprendre la position des anti-recallers. La majorité d’entre eux étaient âgés de plus de 44 ans et se déclaraient indépendants ou proches du KMT et du TPP. Seule une minorité se réclamait du DPP.
Plus de 70 % affirmaient s’opposer fermement aux rappels, estimant que ces procédures détournaient la démocratie de sa fonction première : respecter le verdict des urnes. Pour beaucoup, un mandat législatif doit aller à son terme, sauf en cas de fautes graves ou illégales. Selon ces électeurs, relancer sans cesse des scrutins exceptionnels ne fait que fatiguer le corps électoral et gaspiller des ressources publiques.
Les arguments contre le rappel
Les opposants ont exprimé plusieurs raisons récurrentes :
- La première concernait l’abus de l’outil démocratique : les rappels étaient perçus comme une instrumentalisation de la Constitution, visant à contourner le résultat des élections de 2024.
- La seconde relevait de la lutte partisane : les législateurs ciblés n’étaient pas jugés incompétents, mais représentaient simplement un obstacle à la stratégie du DPP.
- Enfin, la troisième portait sur le manque de justification : les parlementaires visés n’avaient pas eu le temps de démontrer leurs capacités, car les procédures de rappel ont été lancées dès que la loi le permettait.
Aux yeux de ces citoyens, les rappels ressemblaient davantage à une revanche politique qu’à un processus démocratique.
Un discours de campagne jugé peu convaincant
La communication autour des rappels a également été fortement critiquée. Les slogans insistant sur la nécessité de « résister à la Chine et protéger Taïwan » ont été jugés peu crédibles ou déconnectés des faits. Certains électeurs y ont vu un climat de chasse aux sorcières, où tout opposant au DPP risquait d’être qualifié de collaborateur du Parti communiste chinois.
Cette stratégie de communication aurait renforcé la méfiance envers le DPP, perçu comme un acteur manipulateur prêt à tout pour récupérer le contrôle du Yuan législatif.
Pourquoi les rappels ont échoué
Pour les anti-recallers, trois facteurs principaux expliquent l’échec de ces initiatives.
- D’abord, le manque de légitimité : il n’y avait pas de motifs solides pour destituer les parlementaires visés.
- Ensuite, la lassitude des électeurs, fatigués par des campagnes répétitives et des mobilisations permanentes qui affaiblissaient la vie publique.
- Enfin, la perception d’une mainmise du DPP : beaucoup ont considéré que le parti utilisait les rappels comme un instrument de revanche, ce qui a fini par se retourner contre lui.
Certains dénonçaient même un climat de radicalisation, marqué par des insultes, des menaces et des divisions sociales accentuées.
Une société taïwanaise polarisée mais résiliente
Si les rappels ont échoué, ils ont laissé une empreinte sur la société. Pour beaucoup, ils sont le symbole d’une polarisation extrême, où chaque camp interprète la défense de la démocratie à sa manière : pour les uns, il s’agissait de contenir l’influence chinoise ; pour les autres, d’empêcher le DPP de détourner les institutions.
Cependant, certains répondants ont vu dans cet échec une preuve de maturité démocratique : malgré les tensions, les électeurs ont refusé de cautionner une utilisation abusive des mécanismes institutionnels. Ainsi, même au cœur de la confrontation partisane, la démocratie taïwanaise a montré une résilience qui pourrait influencer durablement l’avenir politique du pays.
Informations à retenir
- 🗳 Les rappels visaient principalement des élus KMT et TPP.
- 🚫 Les opposants ont dénoncé une manipulation du DPP.
- ⚖️ Le processus a été jugé abusif et non justifié.
- 😓 L’échec reflète une lassitude électorale et un rejet des excès partisans.
- 🗺️ Le résultat illustre à la fois une polarisation croissante et une résilience démocratique.
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