Insidetaiwan.net a eu le plaisir d’échanger avec Mme Hu Ching-Fang, écrivaine et Directrice du Centre culturel de Taiwan à Paris. Sous sa direction, le Centre culturel de Taiwan s’emploie à établir des ponts entre les cultures taïwanaise et française. Dans cette conversation, elle nous fait découvrir les multiples facettes de la culture taïwanaise, les initiatives du Centre pour promouvoir les échanges culturels, ainsi que son point de vue sur la manière dont Taiwan peut s’inspirer de la politique culturelle française.
Bonjour, Mme Hu Ching-Fang, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs et nous parler de votre parcours avant de prendre la direction du centre culturel de Taïwan à Paris ?
Bonjour ! Je suis Hu Ching-Fang, je suis écrivain ainsi que l’actuelle Directrice du Centre culturel de Taiwan à Paris. Avant mon arrivée en France, j’écrivais depuis différents endroits dans le monde. J’ai vécu à Hong Kong, Shanghai, Pékin, Tokyo et New York. Je suis au service du gouvernement taiwanais depuis 2016, lorsque j’ai pris le poste de Directrice du Centre culturel de Taiwan à Hong Kong. J’ai ensuite été l’une des membres fondateurs du la Taiwan Content Creative Agency (TAICCA), avant d’être nommée Directrice du Centre culturel de Taiwan à Paris, où j’ai pris mes fonctions en septembre 2021.
Pour ceux qui ne le connaissent pas, comment décririez-vous le centre culturel de Taïwan à Paris ? Quels sont les principaux objectifs et missions de ce centre ?
Le Centre culturel de Taiwan est l’antenne du ministère de la Culture de Taiwan au sein du Bureau de Représentation de Taipei en France. Notre mission est de promouvoir la culture taïwanaise a travers ses institutions culturelles et ses artistes et leur travail. Nous avons aussi vocation à élargir et renforcer les échanges culturels entre Taiwan et la France.
Comment définiriez-vous l’essence de la culture taïwanaise et ce qui la rend unique ?
La culture taïwanaise est le fruit d’influences chinoise, japonaise, européenne et bien entendu, de la culture des peuples aborigènes de Taiwan. Ce sont toutes ces influences qui rendent Taïwan une île si particulière à la culture unique.
Quelle est la nature des relations culturelles entre Taïwan et la France ?
Taiwan et la France partagent les mêmes valeurs universelles de la liberté, de la démocratie et des droits de l’homme. Ces valeurs nous rapprochent et permettent une entente particulière dans les domaines des arts et de la culture.
Pouvez-vous nous parler des programmes ou des initiatives que vous mettez en œuvre pour renforcer ces liens ?
Le Centre culturel de Taiwan collabore avec un grand nombre d’institutions culturelles, festivals et autres événements partout en France. Nous y envoyons régulièrement des artistes taiwanais afin qu’ils soient les ambassadeurs de Taiwan et de sa culture auprès du public français.
Comment est perçue la culture française à Taïwan ?
Les taiwanais adorent la culture française. Ils sont particulièrement sensibles à l’art, l’architecture, la mode et la gastronomie. Je dirais que la France est l’un des pays les plus appréciés par les taïwanais.
Le soft power français passe par sa culture, sa gastronomie et son éducation notamment. Est-ce un exemple à suivre pour Taïwan pour prendre sa place dans le concert des nations ?
Les français portent beaucoup d’importance à la culture. Cela est particulièrement flagrant ces trois dernières années quand on voit l’augmentation du budget alloué à la Culture par le gouvernement français. Je pense que la France peut être une référence en termes de politique culturelle pour Taïwan.
Existe-il des idées à prendre en France pour protéger la culture taïwanaise comme le prix unique du livre, l’exception culturelle française, la loi Toubon qui impose aux radios françaises, publiques ou privées, de diffuser 40% de chansons en langue française…
Le 6 juin 2023, le gouvernement taïwanais à mis en place des “Chèques Culture” pour les jeunes de 18 à 21 ans. Ces chèques visent à encourager les jeunes adultes à prendre part à des activités culturelles à coût réduit : voir des films taïwanais, aller au spectacle, acheter des livres, visiter des musées et acheter des produits culturels et créatifs. Cette initiative a été particulièrement inspirée du Pass culture mis en place par le gouvernement français en 2019. Nous espérons que cette démarche aidera à favoriser l’intérêt des jeunes taïwanais pour la culture !
Quels sont les défis auxquels vous êtes confrontée pour faire découvrir les artistes et les arts taïwanais en France ?
Il n’y a pas de réel défis ou difficultés car les français se montrent toujours très enthousiastes et intéressés par les arts taiwanais !
Le Japon est connu pour ses mangas et la Corée du Sud pour sa K-pop et ses K-dramas. Selon vous, quels sont les atouts culturels de Taïwan à faire valoir sur la scène internationale ?
En France, le cinéma taïwanais est très réputé. C’est vrai que nous avons de très bon réalisateurs comme Hou Hsiao-Hsien, Edward Yang, Tsai Ming-Liang ou Midi Z. Nos compagnies de danse sont aussi très bien reçues, telles que le Cloud Gate Dance Theater ou B.Dance. Personnellement, je souhaite montrer au public français que les artistes taïwanais d’arts visuels sont aussi très compétitifs et talentueux. Je peux par exemple vous citer SU Hui-Yu ou YUAN Goang-Ming qui sont d’extraordinaires artistes.
Comment le centre culturel encourage-t-il la jeune génération d’artistes taïwanais à se produire en France ?
Le Centre culturel de Taïwan met en place des opportunités de résidence avec différentes institutions majeures en France telles que la Cité internationale des arts ou la Maison des Auteurs à Angoulême. Grâce à ces programmes, les jeunes artistes taïwanais peuvent venir en France et s’exposer à l’art et aux artistes européens, et trouver de nouvelles inspirations pour leur travail.
Avez-vous des collaborations ou des partenariats avec d’autres institutions culturelles françaises ?
Tous les ans, nous travaillons conjointement avec différentes institutions et organisations culturelles françaises : le Centre Pompidou à Paris ou Metz, Le Lieu unique à Nantes ou encore le Festival du court-métrage de Clermont-Ferrand.
Quels sont, selon vous, les éléments méconnus de la culture taïwanaise que vous souhaiteriez mettre en avant ?
La musique ! Pour cela, nous explorons la possibilité de travailler avec MaMA afin de présenter des musiciens et chanteurs taiwanais au public français.
Pouvez-vous nous citer 5 artistes Taïwanais que les français doivent absolument découvrir ?
Il y en a tellement ! En ce qui concerne la musique, je conseille aux français d’écouter le groupe de musique Lin Sheng Xiang qui mélange la musique traditionnelle taïwanaise et le rock occidental, ainsi que la chanteuse aborigène ABAO ! Pour le cinéma, il faut absolument voir le travail de Hou Hsiao-Hsien, en particulier ses débuts. En tant qu’écrivain, je me dois de présenter les œuvres de Wang Wen Xing, qui m’a beaucoup appris sur l’écriture. Il faut découvrir le travail de l’artiste peintre Huang Hai-Hsin, pour ses représentations comiques et colorées de la vie à Taïwan. Enfin, il faut regarder le travail du photographe Lo Sheng-Wen. J’aime beaucoup ses photographies sur les ours polaires, qui montrent que l’environnement est une question qui importe beaucoup pour Taïwan.
Comment voyez-vous l’avenir des relations culturelles entre Taïwan et la France ?
De plus en plus fructueuse. En tout cas, je travaille pour cela. La culture est un outil pour exprimer les émotions et sentiments humains, et je crois profondément que l’art est le seul outil qui permet à deux sociétés de se comprendre.
Quel message souhaiteriez-vous adresser à ceux qui sont curieux de découvrir la culture taïwanaise à travers votre centre ?
Taïwan croit en l’art et la beauté. Nous sommes une société dynamique, prête à apporter une contribution positive au monde. N’hésitez pas à venir découvrir la richesse et la diversité de Taïwan à travers son art grâce à notre Centre !
Enfin quels sont les 3 lieux à Paris que vous avez découvert et que vous recommanderiez à vos concitoyens taïwanais ?
Je suis toujours fascinée par le site Richelieu de la Bibliothèque Nationale de France. Le Centre culturel de Taïwan se trouve aussi à côté de mon musée favori, le musée d’Orsay, que j’adore redécouvrir à chaque visite. Mis à part cela, les balades près du Pont Neuf sur les quais de Seine restent mes moments préférés.
Retrouvez les artistes mentionnés dans cette interview :
- Hou Hsiao-Hsien
- Edward Yang
- Tsai Ming-Liang
- Midi Z
- Cloud Gate Dance Theater
- B.Dance
- SU Hui-Yu
- YUAN Goang-Ming
- Lin Sheng Xiang
- ABAO
- Wang Wen Xing
- Huang Hai-Hsin
- Lo Sheng-Wen
Si vous souhaitez découvrir la culture taïwanaise, notre rubrique culture est faîte pour vous !
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