En août 2009, Taïwan fut frappée par le typhon Morakot, un événement météorologique d’une violence exceptionnelle. Avec des pluies dépassant les 3 000 mm dans certaines zones, le typhon a causé des inondations massives, des glissements de terrain et des pertes humaines dramatiques. L’île dénombra plus de 670 morts, des centaines de disparus et des dégâts matériels dépassant les 6 milliards de dollars américains. Cette catastrophe a bouleversé la société taïwanaise et marqué un tournant dans la gestion des risques climatiques à Taïwan.
Un typhon lent et meurtrier
Le typhon Morakot, nommé « Kiko » aux Philippines, s’est formé le 2 août 2009 dans l’ouest du Pacifique. Il devient rapidement une tempête tropicale, puis un typhon de catégorie 1 avant de frapper Taïwan. Ce qui a rendu Morakot particulièrement destructeur, ce n’est pas la force du vent (relativement modérée), mais sa lente progression qui a entraîné des pluies torrentielles pendant plusieurs jours.
🌧️ À son pic, Morakot a déversé jusqu’à 3 060 mm de pluie à Alishan (Chiayi), pulvérisant tous les records de précipitations dans l’histoire de Taïwan. Ces conditions extrêmes ont provoqué l’effondrement de ponts, l’inondation de milliers de maisons et l’ensevelissement de villages entiers. Le 8 août, le typhon touche terre à Taïwan, particulièrement au sud, où des districts entiers sont rapidement submergés. Le village de Xiaolin (Siaolin), dans le district de Jiasian (Kaohsiung), est complètement détruit par un glissement de terrain – près de 400 personnes y perdent la vie.
Les infrastructures routières, ferroviaires et hydrauliques sont fortement endommagées. Vingt ponts s’effondrent, plus de 1 200 écoles sont touchées, et les lignes de train du sud sont hors service. La plupart des zones affectées sont situées dans les régions de Kaohsiung, Pingtung, Chiayi, Nantou, Tainan et Taitung, où se conjuguent relief montagneux et densité de population.
Une gestion de crise vivement critiquée
Face à l’ampleur de la catastrophe, le gouvernement taïwanais est accusé de lenteur dans sa réponse. Alors que des villages entiers sont inaccessibles, seuls 2 100 soldats sont initialement déployés pour venir en aide aux sinistrés. Cette mobilisation tardive entraîne une vague d’indignation. La population et les médias reprochent au président de l’époque, Ma Ying-jeou, un manque d’anticipation et d’organisation. Il finira par présenter des excuses publiques.
Sous la pression nationale et internationale, le gouvernement renforce l’aide : 46 000 militaires seront finalement mobilisés, et les missions de sauvetage se multiplient. Plus de 41 000 personnes sont évacuées, souvent par hélicoptère, depuis des villages coupés du monde. Cependant, certains hameaux restent isolés pendant plus de quatre jours, aggravant le bilan humain.
Le 15 août 2009, l’Exécutif met en place le Comité de reconstruction du typhon Morakot, doté d’un budget de NT$116 milliards (environ 3 milliards USD). Le plan prévoit la construction de logements permanents, la réparation des routes et des infrastructures publiques. Toutefois, la relocalisation forcée de plusieurs villages autochtones – notamment des communautés Rukai et Bunun – soulève des tensions culturelles et identitaires. Certains refusent d’abandonner leurs terres ancestrales et lancent des programmes communautaires de conservation pour préserver leur souveraineté.
Conséquences humaines, économiques et culturelles
Le typhon Morakot a causé la mort de 677 personnes, 22 sont portées disparues et des dizaines d’autres grièvement blessées. Au-delà du drame humain, les pertes économiques sont colossales :
- NT$19,2 milliards de pertes agricoles (586 millions USD)
- NT$18,7 milliards de dégâts sur les établissements scolaires
- NT$800 millions de pertes dans le secteur touristique
L’effondrement du Jinshuai Hotel dans la station thermale de Zhiben (Taitung) est l’un des symboles les plus marquants de la catastrophe, tout comme les images de ponts emportés ou de rivières sortant de leur lit. La plupart des barrages du sud sont débordés et provoquent des inondations en chaîne. À Madou (Tainan), des zones entières sont englouties. Plus de 1,5 million de foyers sont privés d’électricité et près de 710 000 sans accès à l’eau potable.
Le traumatisme est immense, mais il s’accompagne aussi d’un formidable élan de solidarité. Des campagnes de dons sont lancées à Taïwan, en Chine continentale, à Hong Kong et dans la diaspora taïwanaise. Une émission caritative télévisée lève 500 millions NT$ en une seule soirée. De nombreuses entreprises privées (TSMC, Asus, Foxconn…) participent aux dons.
Le typhon met aussi en lumière les inégalités régionales : les zones les plus touchées sont souvent des régions rurales peu accessibles, habitées majoritairement par des populations autochtones. Le manque d’infrastructures adaptées aggrave les conséquences, soulignant l’urgence de repenser l’aménagement du territoire en lien avec les risques climatiques.
Héritage et mémoire d’un désastre
Morakot restera dans les mémoires comme la catastrophe naturelle la plus meurtrière de l’histoire moderne de Taïwan. À la suite du désastre, plusieurs initiatives de commémoration voient le jour. Le Mémorial du village de Xiaolin, inauguré en 2012, rend hommage aux centaines de victimes du glissement de terrain. Chaque année, des cérémonies du souvenir sont organisées dans les régions sinistrées.
Sur le plan politique, Morakot entraîne des réformes importantes : création de centres de réponse rapide, renforcement de la gestion des inondations, investissements dans les systèmes d’alerte précoce. Le gouvernement lance également des programmes pour la résilience des villages autochtones, intégrant les enjeux culturels à la reconstruction.
Dans la culture populaire, Morakot devient un symbole de résilience et de solidarité. Des œuvres littéraires, des documentaires et des expositions racontent les histoires des rescapés et l’engagement des sauveteurs. Plusieurs artistes taïwanais, comme le groupe Sodagreen, évoquent le typhon dans leurs chansons.
Mais la reconstruction n’a pas effacé les blessures. En 2024, certains habitants déplacés vivent encore dans des logements transitoires. D’autres communautés déplacées luttent pour faire reconnaître leur droit au retour sur les terres originelles. Le typhon Morakot, au-delà d’un événement météorologique, reste un tournant social et écologique majeur pour Taïwan.
📌 À retenir
- 🌧️ 3 060 mm de pluie : record historique de précipitations en un seul typhon à Taïwan
- 🏚️ 677 morts et 22 disparus, principalement dans le sud de l’île
- 💰 19,2 milliards NT$ de pertes agricoles et 18,7 milliards pour les écoles
- 🏞️ Le village de Xiaolin entièrement enseveli, devenu lieu de mémoire

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