Taïwan : Qui est Terry Gou, le fondateur de Foxconn qui souhaite devenir président ?

Terry Gou, fondateur de Foxconn, se lance dans la présidentielle de Taïwan 2024 comme indépendant, visant la paix avec la Chine
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Terry Gou, milliardaire de 72 ans et fondateur de Foxconn, a annoncé lundi 28 août sa candidature officielle à l’élection présidentielle de Taïwan en 2024 en tant qu’indépendant, promettant notamment d’apporter la paix avec la Chine.

Du magnat des affaires à une entrée en politique contrariée

Né en 1950 de parents chinois, ces derniers ont fui le maoïsme de Mao Zedong pour venir s’installer à Taïwan. Terry Gou a, à la suite de ses études, travaillé jusqu’ à ses 24 ans comme ouvrier dans une usine de caoutchouc. En autodidacte, il a fondé l’usine de plasturgie Foxconn en 1974 avec seulement dix employés et l’équivalent d’environ 7.500 euros de capital de départ, prêtés par sa mère. Aujourd’hui, son entreprise est le plus important sous-traitant au monde en matériel informatique pour les principales marques commerciales internationales, telles qu’Apple.

Après avoir largement réussi dans les affaires et s’être installé durablement dans l’économie taïwanaise et celle de la Chine populaire à partir des années 1980, il a décidé en 2019 de candidater à l’investiture du Kuomintang (le plus ancien parti politique de la Chine contemporaine), pour l’élection présidentielle de 2020. Sa fortune était alors estimée à 6,7 milliards d’euros, faisant de lui la personne la plus riche de tout Taïwan. Cependant, malgré des fonds quasi illimité il échoue à obtenir l’investiture du KMT… il se représente en 2023 et échoue une nouvelle fois à obtenir l’investiture du Kuomintang (KMT). Effet Le KMT lui a préféré un ancien chef de la police, Hou Yu-ih, aujourd’hui maire de la ville de New Taipei.

Depuis plusieurs semaines il parcourait Taïwan pour tester le terrain et finalement le 28 août il annonce se lancer dans la campagne électoral en tant qu’indépendant ! Le thème principal de la pré-campagne de Terry Gou est de chasser le DPP du pouvoir, seul moyen selon lui d’éviter une guerre avec la Chine, qui revendique Taïwan comme son propre territoire. « Taïwan ne doit pas devenir l’Ukraine et je ne laisserai pas Taïwan devenir la prochaine Ukraine, » a-t-il déclaré lors de son discours de candidature

Un rapprochement avec la Chine comme axe central

A moins d’un an des présidentielles à Taïwan, le milliardaire Terry Gou a annoncé sa candidature. Le fondateur de Foxconn souhaite notamment apporter la paix avec la Chine. « J’ai décidé de participer à l’élection présidentielle de 2024 et de présenter ma candidature », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. L’élection présidentielle à Taïwan se déroulera en janvier 2024. L’actuelle présidente Tsai Ing-wen termine son deuxième et dernier mandat. « J’implore le peuple de Taïwan de m’accorder quatre ans », a ajouté cet homme d’affaires qui affiche depuis longtemps ses ambitions présidentielles.

Selon les analystes les chances de succès de Terry Gou sont faibles face aux autres candidats de l’opposition qui vont affronter le vice-président Lai Ching-te, membre du Parti démocratique progressiste de la présidente actuelle et qui est actuellement en tête des sondages.

Programme politique

« Je promets d’apporter la paix dans le détroit de Taïwan pour les cinquante prochaines années et d’instaurer les plus profonds fondements de confiance mutuelle entre les deux parties », avance-t-il, alors que les menaces du grand frère chinois à l’égard de ce qu’il considère comme une de ses provinces s’accentuent, notamment par le biais d’exercices militaires de grande ampleur.

Principal actionnaire de Foxconn, Gou n’est plus impliqué dans la gestion de l’entreprise depuis quatre ans. Il dit ne pas craindre d’éventuelles pressions de Pékin sur l’entreprise, fortement implantée en Chine. De même, il assure ne pas craindre que le régime communiste chinois confisque les biens de l’entreprise, fortement implantée en Chine. « Je peux sacrifier ma fortune personnelle en échange de la paix pour Taïwan. »

La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces dont elle veut le retour dans son giron, au besoin par la force, même si elle dit privilégier une voie pacifique. « Je promets d’apporter la paix dans le détroit de Taïwan pour les cinquante prochaines années et d’instaurer les plus profonds fondements de confiance mutuelle entre les deux parties », a déclaré Terry Gou lors de sa conférence de presse.

Côté économique, Terry Gou compte porter le PIB par habitant de Taïwan au-dessus de celui de Singapour.

Une des propositions insolites de son programme est d’offrir un animal de compagnie aux couples s’ils procréent. Le tout dans l’optique de faire remonter l’un des taux de natalité parmi les plus faibles au monde. Mais également de lutter contre l’abandon d’animaux !

Des obstacles avant d’être officiellement candidat

Du côté de KMT, le parti voit d’un mauvais œil sa candidature, dont un des leaders a même estimé que l’arrivée de Terry Gou pourrait, dans la course à la présidence, créer le chaos dans l’opposition. L’homme d’affaires reste toutefois motivé.

L’homme d’affaires doit recueillir près de 300.000 signatures d’électeurs d’ici le 2 novembre pour être qualifié de candidat indépendant, conformément à la réglementation électorale. La commission électorale centrale examinera les signatures et annoncera les résultats le 14 novembre. Cependant, il faudra toutefois au patron de Foxconn, encore recueillir 290.000 signatures pour être éligible…

En outre en tant que candidat indépendant, il ne profite pas de relais locaux, d’équipe pour battre le terrain partout dans Taïwan et il devra tout construire autant en terme de bénévoles et d’équipe de campagne ! Gageons que son immense fortune lui facilitera la vie.

Enfin même s’il pense que les entrepreneurs sont l’avenir de Taïwan et que la relation avec la Chine doit être plus simple et apaisée, il n’a pas encore fait part de ses positions sociales, culturelles, sociétales… Dû à son comportement et ses déclarations précédentes, certains medias taïwanais le surnomment le « Trump de Taïwan »... ce qui en dit long sur son caractère et certaines de ses positions ! Certes le tout sauf le DPP, peut-être un bon slogan… mais cela ne suffira probablement pas à faire un programme !

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À propos de l'auteur

  • Luc

    Fondateur du webzine francophone Insidetaiwan.net Consultant en développement international 🚀des entreprises en Asie du Sud-Est #Taiwan #Tourisme #Société #Culture #Business #Histoire #Foodie

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