La « politique des trois non » : comprendre une étape clé des relations entre Taïwan et la Chine

La politique des trois non, adoptée en 1979 par Chiang Ching-kuo, illustre la fermeté de Taïwan face à Pékin.
Chiang Ching-kuo - Copyright : Wiki Commons

Partager l'article

La politique des trois nonpas de contact, pas de négociation, pas de compromis – (三不政策 : 不接觸、不談判、不妥協)fut énoncée par le président Chiang Ching-kuo (蔣經國) en 1979. Elle marqua un tournant dans la stratégie de la République de Chine (Taïwan) face à la République populaire de Chine. Cette doctrine fut proclamée au moment où Washington reconnaissait Pékin comme seul gouvernement légal de la Chine, accentuant l’isolement diplomatique de Taïwan. Pour Chiang, toute ouverture à Pékin équivalait à un danger existentiel : il affirmait même au New York Times que « négocier avec les communistes, c’est un suicide ».

Les origines : Pékin tend la main, Taipei refuse

Dès le milieu des années 1970, Deng Xiaoping tenta de relancer le dialogue en proposant une réunification pacifique. En 1979, l’Assemblée nationale populaire publia un nouveau « Message aux compatriotes de Taïwan », appelant à régler la question par des moyens pacifiques plutôt que militaires. Mais pour Chiang Ching-kuo, la priorité restait de maintenir la légitimité de la République de Chine et de défendre l’idée de « libérer la Chine continentale ». Ainsi, le Kuomintang officialisa une ligne dure : aucune discussion, aucune concession, aucun rapprochement.

Le début des fissures : la réalité des échanges

Malgré cette fermeté affichée, la politique des « trois non » ne résista pas aux réalités. En 1986, une affaire inattendue changea la donne : le détournement du vol China Airlines 334 vers Canton obligea Taipei à engager des discussions techniques avec Pékin pour rapatrier l’avion et son équipage. C’était la première rencontre entre représentants officiels des deux rives depuis la guerre civile.

Peu après, les pressions de la société civile s’intensifièrent. En 1987, Chiang autorisa la Croix-Rouge de Taïwan à dialoguer avec son homologue chinoise pour organiser le retour des familles séparées, ouvrant la voie aux voyages de Taïwanais vers la Chine. Dans les années suivantes, le gouvernement élargit cette ouverture aux médias, autorisant tournages et reportages sur le continent.

Héritage et remises en question

Avec le temps, la politique des trois non perdit de sa force. Les présidences de Lee Teng-hui et les négociations de Koo Chen-fu (辜振甫) et Wang Daohan (汪道涵) dans les années 1990 marquèrent le passage à un dialogue officiel. Pourtant, ce principe de méfiance absolue reste une référence dans le débat politique taïwanais.

  • Pour certains au Kuomintang, la politique des trois non reflète une époque révolue : depuis 1990, les échanges économiques et humains entre les deux rives sont devenus incontournables.
  • Du côté du Parti démocrate progressiste (DPP), les positions ont évolué : initialement plus ouverts au rapprochement, les démocrates progressistes adoptèrent ensuite une ligne plus dure, face à la pression internationale de Pékin et à la peur d’un affaiblissement de la souveraineté taïwanaise.

En 2022, des responsables du KMT rappelaient que la dépendance commerciale croissante de Taïwan vis-à-vis de la Chine rendait caduc tout retour strict à la logique des « trois non ».

Une politique symbole plus qu’une réalité

Aujourd’hui, la « politique des trois non » incarne moins une règle pratique qu’un symbole de la fermeté taïwanaise des années 1970-1980. Elle illustre la volonté de Chiang Ching-kuo de préserver la survie politique de Taïwan à une époque où l’île risquait l’isolement total.

Si elle a été progressivement abandonnée sous la pression des réalités économiques, sociales et diplomatiques, elle reste une référence historique dans la mémoire collective taïwanaise et un rappel des tensions qui ont marqué l’après-guerre froide en Asie.

👉 À retenir

  • 🚫 Trois non : pas de contact, pas de négociation, pas de compromis.
  • 🕰️ Conçue en 1979 après la reconnaissance de Pékin par les États-Unis.
  • ✈️ Le détournement d’avion en 1986 fut le premier bris officiel de cette doctrine.
  • 👨‍👩‍👧 1987 : ouverture des voyages familiaux entre Taïwan et la Chine.
  • 📜 Aujourd’hui, plus un symbole historique qu’une politique active.

🚀 Prêt à rester connecté à Taïwan sans stress ?

Active ton eSIM Saily en quelques clics, choisis ton forfait (dès 3,43 €) et navigue sans coupure dans plus de 200 pays. *

👉 Installe l’app et obtient 5% de remise sur ton 1er achat sur ton premier achat. Avec le code : InsideTaiwan


🤝 Programme d’affiliation 🤝

📌 Certains liens de cet article, ainsi que certaines images, renvoient vers des liens sponsorisés, permettant à Insidetaiwan.net de toucher une commission en cas d’achat, sans aucun coût supplémentaire pour vous. 💰 Cela nous aide à financer le magazine et à continuer à vous offrir un contenu indépendant et de qualité. 📖✨


💞 Soutenez-nous 💞

  • ⏯ Nous soutenir #financièrement
  • ⏯ S’inscrire à nos #Newsletters
  • ⏯ Nous suivre sur nos #réseaux sociaux
  • ⏯ Devenir #partenaire
  • ⏯ Proposer des #articles et du #contenu
  • ⏯ Découvrir nos offres #professionnelles (Publicités, Conseils…)

Pour découvrir nos offres rendez-vous sur la page dédiée (Nous soutenir) ou contactez-nous pour collaborer avec nous.

Partager l'article

À propos de l'auteur

  • Luc

    Fondateur du webzine francophone Insidetaiwan.net
    Consultant en développement international 🚀des entreprises en Asie du Sud-Est
    #Taiwan #Tourisme #Société #Culture #Business #Histoire #Foodie

    Voir toutes les publications

Vous aimez Inside Taïwan ?
Devenez acteur de ce projet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à nos newsletters pour une exploration approfondie de Taiwan

Contenus sponsorisés