“Penghu Zhai Xunjian Si” : une clé de l’administration maritime entre Yuan, Ming et Qing

De la surveillance des mers à l’intégration de Taïwan, l’histoire du bureau de patrouille de Penghu éclaire les enjeux géopolitiques locaux.

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Au cœur de l’archipel de Penghu, bien avant l’essor des puissances européennes ou l’installation définitive des autorités Qing, une institution joua un rôle central dans le contrôle maritime : le Penghu Zhai Xunjian Si (澎湖寨巡檢司) ou Bureau de patrouille et d’inspection du village de Penghu. Mis en place à partir de la dynastie Yuan, reconduit sous les Ming puis réorganisé sous les Qing, cet organe administratif illustre comment Penghu a longtemps constitué une zone stratégique pour la défense côtière, la surveillance du commerce et la gestion des contacts internationaux. En retraçant l’évolution de cette institution, on observe comment les archipels taïwanais se sont insérés dans les dynamiques politiques régionales, entre rivalités maritimes, stratégies de défense et premiers contacts avec les puissances étrangères.

Un poste stratégique dès la dynastie Yuan (1281)

L’implantation officielle du Penghu Zhai Xunjian Si remonte à 1281, sous le règne de Kubilai Khan (Yuan Shizu). L’archipel est alors rattaché administrativement au comté de Tong’an, dans le Fujian. Le poste de xunjian (巡檢) —un inspecteur militaire local— est chargé d’assurer la défense, la surveillance des routes maritimes et le contrôle des allées-venues de marchands et pêcheurs.

Avant même les Yuan, des sources mentionnent que Penghu aurait été brièvement administré depuis le comté de Jinjiang durant le Sud Song, avec la présence de garnisons. Mais ce n’est qu’avec les Yuan que la structure administrative se stabilise et qu’un véritable système de surveillance maritime est installé. L’archipel devient alors un point d’appui militaire important, situé à mi-chemin entre la côte du Fujian et Taïwan, dans une région régulièrement fréquentée par pêcheurs, commerçants et pirates.

Des Ming aux premiers heurts avec les Européens (1368–1622)

La dynastie Ming reprend l’organisation établie par les Yuan, maintenant pendant plusieurs décennies le Penghu Zhai Xunjian Si. Cependant, une rupture survient en 1384, lorsque la politique du fenghai (封海) —interdiction stricte de naviguer— entraîne la suppression temporaire du poste. L’objectif : réduire la contrebande et empêcher les contacts non autorisés avec les marchands étrangers.

La situation évolue au XVIᵉ siècle. Le littoral chinois est confronté à la recrudescence de piraterie et aux rivalités commerciales internationales. En 1563, le gouvernement Ming rétablit donc le poste de xunjian, qui reste actif jusqu’à l’arrivée des Européens.

Les tensions culminent lors de deux événements majeurs :

  • 1604 : l’amiral Ming Shen Yourong repousse une tentative néerlandaise de négocier une implantation commerciale. Une stèle commémorative est toujours visible au temple de Mazu à Makung.
  • 1622 : les Néerlandais, échouant à s’imposer à Macao, occupent Penghu et construisent une fortification à Fengguiwei. L’occupation est brutale : les sources évoquent près de 1 300 ouvriers morts sur le chantier. Attaqués par les forces Ming, les Néerlandais se replient finalement vers Taïwan, où ils établiront le Fort Zeelandia (Tainan).

Après cette reconquête, les Ming renforcent leur présence militaire à Penghu, mais ne rétablissent pas le bureau du xunjian. La priorité devient la défense, avec de nouvelles garnisons et des équipements d’artillerie destinés à prévenir un retour des puissances étrangères.

Réorganisation sous les Qing : le dernier chapitre (1684–1726)

Après l’intégration de Taïwan et Penghu dans l’empire Qing en 1684, l’administration maritime est restructurée. Les Qing rétablissent le Penghu Xunjian Si, désormais rattaché non plus au Fujian, mais au comté de Taïwan, suivant l’héritage militaire de la période Ming-Zheng.

Le siège est établi à Wenao, sur l’île principale de Penghu. Les Qing nomment successivement plusieurs inspecteurs dont les fonctions incluent :

  • surveillance de la navigation côtière,
  • prévention de la contrebande,
  • gestion des incidents maritimes,
  • maintien de la défense locale.

Cette structure ne durera toutefois que quelques décennies. En 1727, avec la création du poste de tongpan (通判) à Penghu —un administrateur civil de rang supérieur— les fonctions du xunjian sont absorbées dans une administration plus complète, marquant la fin de cette institution multiséculaire.

Pourquoi cette institution est importante pour comprendre l’histoire maritime de Taïwan ?

Le Penghu Zhai Xunjian Si n’est pas un simple poste administratif :

  • il témoigne du rôle stratégique de Penghu dans les échanges régionaux ;
  • il reflète la complexité des contrôles maritimes chinois avant l’arrivée des Européens ;
  • il permet de comprendre les dynamiques ayant conduit aux conflits sino-néerlandais et à l’implantation européenne à Taïwan ;
  • il montre comment Penghu fut un pivot administratif reliant le Fujian, Taïwan et les routes commerciales de l’Asie orientale.

Pour le lecteur contemporain, cet épisode rappelle que l’histoire taïwanaise ne s’écrit pas seulement sur l’île principale, mais également dans ses avant-postes insulaires, au cœur des réseaux maritimes asiatiques.

5 points à retenir 🧠

  • 🏝️ Un avant-poste stratégique maritime : La circonscription de la “澎湖寨巡檢司” fait de Penghu un poste avancé essentiel pour le contrôle des mers entre Fujian et Taïwan, bien avant la présence européenne.
  • 🏯 Une institution qui traverse trois dynasties : Créée sous les Yuan (1281), maintenue et réactivée sous les Ming, puis réorganisée sous les Qing, elle illustre la continuité du contrôle chinois sur l’archipel de Penghu.
  • ⚓ Un verrou contre pirates et puissances étrangères : La fonction principale reste la surveillance maritime : lutter contre la piraterie, encadrer les flux commerciaux et répondre aux incursions de puissances étrangères, jusqu’aux tensions avec les Hollandais au XVIIᵉ siècle.
  • 🧾 Un laboratoire administratif pour le futur de Taïwan : Rattachée à Tong’an (Fujian) puis intégrée au système de Taiwan-fu sous les Qing, la巡檢司 préfigure l’intégration de Penghu et de Taïwan dans un même ensemble administratif.
  • 🧑‍⚖️ Des fonctionnaires au cœur de l’État impérial : La liste détaillée des inspecteurs (巡檢) montre le rôle de ces petits mandarinats, maillons de base d’un État impérial très centralisé, chargé de faire appliquer lois, fiscalité et défense locale.

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À propos de l'auteur

  • Luc

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