Le détroit de Penghu, ou Tai–Peng Strait, constitue l’un des espaces maritimes les plus singuliers de Taïwan. Situé entre la côte sud-ouest de l’île principale et l’archipel des Penghu, ce passage étroit s’est forgé à travers des dynamiques géologiques anciennes et des courants puissants qui ont façonné un environnement aussi riche qu’instable. Longtemps redouté sous le nom de « Heishuigou », le « gouffre des eaux noires », il combine des enjeux historiques, écologiques, paléontologiques et contemporains qui en font un lieu d’étude essentiel. Le détroit, aujourd’hui intégré à des dispositifs environnementaux et scientifiques majeurs, reste également un couloir stratégique pour les transports, la biodiversité et les recherches océanographiques.
Un détroit aux caractéristiques géographiques uniques
Le détroit de Penghu présente une topographie maritime complexe, marquée par une profondeur variant de 30 à plus de 200 mètres selon les segments. Sa forme en couloir allongé, creusée par les interactions entre le Kuroshio et les eaux de la mer de Chine méridionale, reflète une évolution géologique remontant à la fin du Pléistocène. À cette époque, une partie du détroit de Taïwan était émergée, créant une connexion terrestre entre l’Asie continentale et Taïwan.
L’infiltration progressive des courants chauds et l’érosion du plateau continental ont ensuite sculpté ce chenal profond. Les contrastes de profondeur, la présence de zones rocheuses autour de Penghu et les variations saisonnières en font un espace maritime d’une grande complexité hydrodynamique.

Le “gouffre des eaux noires”, un lieu redouté par les migrants
Le nom traditionnel « Heishuigou » témoigne de la perception historique du détroit. L’eau y est d’un bleu sombre presque noir, car les courants rapides expulsent une grande partie des sédiments, rendant la mer particulièrement claire et profonde. Sous la dynastie Qing, ce passage était considéré comme l’un des plus dangereux pour les migrants chinois qui tentaient de rejoindre Taïwan.
Le dicton populaire « dix partent, six meurent, trois restent, un revient » illustre l’extrême dangerosité de la traversée. La combinaison de vagues hautes, de courants puissants et d’un manque total de connaissances nautiques faisait du détroit un véritable obstacle maritime, chargé d’une forte dimension symbolique dans l’histoire de la colonisation taïwanaise.
Un espace écologique protégé par le parc national de Taijiang
Depuis 2009, une vaste portion du détroit appartient au TaiJiāng National Park, créé pour protéger les écosystèmes côtiers du sud-ouest de Taïwan. Le parc couvre plus de 34 000 hectares de zones marines, depuis l’est des Penghu jusqu’aux estuaires du Tainan. Cette zone constitue un corridor migratoire pour des cétacés, un refuge pour des sédiments fossiles rares et un espace essentiel pour la préservation des fonds marins.
Le parc vise également à protéger les anciennes routes maritimes, notamment celles utilisées par Zheng Chenggong lors de ses campagnes. Le détroit, au-delà de son rôle écologique, incarne désormais une démarche de conservation à long terme, conciliant biodiversité, patrimoine marin et histoire culturelle.
Une richesse paléontologique majeure : le fossile du “Penghu Homo”
Les découvertes paléontologiques réalisées dans le détroit comptent parmi les plus importantes de l’Asie orientale. Dans les années 1970 puis 1990, des pêcheurs ont remonté des centaines de fossiles de mammifères datant du Pléistocène : éléphants à molaire lamellaire, buffles et cervidés. Des marques observées sur certains os laissent supposer une présence humaine ancienne dans la région.
La découverte la plus spectaculaire remonte à 2015, lorsque la revue Nature Communications révèle l’existence d’une mâchoire humaine archaïque, datée entre 190 000 et 450 000 ans. Ce fossile, surnommé le Penghu Homo, représente la première preuve d’un Homo erectus dans le bassin taïwanais. Il repousse considérablement la chronologie des premières populations humaines de la région et positionne le détroit comme l’un des sites clés de la préhistoire asiatique.
Une dynamique océanographique intense et imprévisible
Le détroit est soumis à des courants puissants alimentés par la branche du Kuroshio. Durant l’hiver, les vents de nord-est accentuent les contrastes thermiques et provoquent des turbulences importantes. En été, les courants peuvent atteindre 1,5 à 2 nœuds, voire plus lors des épisodes extrêmes. L’un des événements les plus marquants s’est produit en 2008, lorsqu’un refroidissement exceptionnel a entraîné une mortalité massive de poissons sauvages et d’élevage.
Les études ont montré que les conditions bathymétriques piégeaient des masses d’eau froide dans des zones trop peu profondes pour permettre une fuite des poissons. Cet épisode a révélé la fragilité écologique du détroit et l’importance de comprendre ses mécanismes océanographiques pour anticiper les risques liés au changement climatique.
Un espace stratégique pour la recherche et la production énergétique
Le détroit de Penghu constitue l’un des sites les plus prometteurs pour le développement des énergies marines, notamment l’exploitation du courant. Les études menées par les institutions taïwanaises, dont l’Institut de recherche technologique, indiquent que la vitesse des courants pourrait offrir un potentiel énergétique important, atteignant plusieurs gigawatts si les technologies venaient à se stabiliser.
Les simulations de flux et les modèles numériques produits pour la recherche océanographique jouent également un rôle dans d’autres domaines, comme l’analyse de la dispersion de débris. L’accident du vol CI611 en 2002, dont les débris se sont répartis en fonction des courants du détroit, a montré l’importance stratégique de la modélisation marine dans les opérations de secours et d’enquête.
Un couloir essentiel pour la connectivité entre Taïwan et Penghu
Le détroit reste un élément clé de la mobilité entre Taïwan et l’archipel des Penghu. Les liaisons aériennes assurent une continuité tout au long de l’année, tandis que les liaisons maritimes sont fortement dépendantes des conditions météorologiques saisonnières. Les ferries reliant Kaohsiung, Chiayi et Penghu sont souvent interrompus en hiver en raison des vents violents et des vagues élevées.
Même si les risques historiques de navigation ont largement diminué grâce aux technologies modernes, le détroit demeure une zone où les conditions marines continuent d’imposer des contraintes structurelles aux déplacements.
➡️ A retenir
- 🌊 Le détroit de Penghu est un corridor maritime complexe façonné par des dynamiques géologiques anciennes.
- ⚓ Jadis redouté comme « Heishuigou », il a marqué l’histoire des migrations vers Taïwan.
- 🐋 Il constitue aujourd’hui une zone écologique protégée intégrée au parc national de Taijiang.
- 🦴 Les découvertes paléontologiques, dont le Penghu Homo, en font un site majeur de la préhistoire asiatique.
- 🔬 Courants puissants, risques naturels et potentiel énergétique en font un espace stratégique pour la recherche.

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