Cédric fondateur de Kamomé International : « Un film d’entreprise est plus riche quand on met l’humain en avant. »

Découvrez Kamome International, une société de production cinématographique axée sur la narration et la collaboration internationale.
Tournage d'une interview pour World Around - Copyright : Kamomé International

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Aujourd’hui Insietaiwan.net est parti à la rencontre de Cédric, réalisateur, installé depuis quelques année à Taïwan et amoureux du cinéma asiatique. Il est le cofondateur, avec sa compagne de Kamomé International une société de production de films qui allie les forces de deux cultures pour proposer des oeuvres uniques.

Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous parler de votre parcours avant de co-fonder Kamomé International ?

J’ai été maquettiste PAO, puis journaliste dans la presse écrite avant de transitionner vers la télévision où j’ai travaillé comme JRI (Journaliste Reporter d’Images) pour les Groupes AB et Canal+. J’ai aussi contribué au développement du contenu éditorial vidéo du Groupe Lagardère en réalisant de nombreux sujets cinéma, mode, et arts et spectacles pour les sites Internet des magazines ELLE, Première, et Pariscope.

Puis j’ai fondé Kamomé International avec deux associés français en 2010, dans le but de donner une structure à ce qui devait être mon premier long-métrage co-produit avec une société de production Taiwanaise. Le projet avait été sélectionné au Golden Horse Film Project Promotion, mais finalement le film ne s’est pas fait. A la suite de mon installation à Taiwan en 2012, la société Kamomé International a été dissolue en France, puis remontée ici avec l’aide de ma femme, Dan-Kee Chuang, qui en est la directrice générale.

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous expatrier à Taïwan et quels ont été les plus grands défis que vous avez dû relever lors de cette aventure ?

J’ai toujours voulu être réalisateur de films, depuis mes huit ans, et je suis tombé amoureux du cinéma asiatique vers douze. D’abord avec les films de Bruce Lee et Jackie Chan, puis plus tard avec ceux du réalisateur japonais Takeshi Kitano. J’ai aussi découvert le cinéma taiwanais avec Yi Yi de Edward Yang, et les films de Tsai Ming-Liang, comme La Saveur de la Pastèque.

Quand nous avons décidé de vivre ensemble avec Dan-Kee Chuang, nous nous sommes posé la question de savoir si elle allait s’installer en France avec moi, ou moi avec elle à Taiwan ? Du fait de mon amour pour le cinéma asiatique, j’ai choisi de venir ici dans le but de lancer ma carrière de réalisateur. Il me semblait y avoir plus d’opportunités ici qu’en France pour le genre de films que je veux faire, et j’avais raison, même si c’est en réalité difficile de faire des films partout.

Discussion sur le plateau avec Dan Kee Chuang – Copyright : Kamomé International

Comment s’est faite la rencontre avec Dan-Kee Chuang et qu’est-ce qui vous a décidé à fonder Kamomé International ensemble ?

J’avais donc cette structure en France qui n’avait plus d’utilité vu que je venais de m’installer à Taiwan. Donc quand nous avons décidé de monter une société de production ici, nous avons créé une nouvelle structure avec le même nom par souci de continuation, et ça rendait aussi les choses plus simples en termes de catalogues.

Comment décririez-vous votre collaboration avec Dan-Kee Chuang ? Avez-vous une anecdote d’un moment où la différence culturelle s’est faite ressentir ?

Je ne suis pas toujours très diplomate, et en général quand ça ne va pas, ça se voit tout de suite sur mon visage. Dan, en revanche, a l’habitude de composer et d’offrir une apparence toujours égale, quel que soit son humeur réelle. De ce fait, d’une manière générale, je me concentre sur les aspects créatifs et artistiques tandis qu’elle s’occupe davantage de tout ce qui est relationnel, que ce soit avec nos clients ou nos prestataires. Il n’y a donc pas de problème culturel entre nous, en revanche elle m’aide beaucoup à m’adapter avec l’environnement local.

Il n’y a donc pas de problème culturel entre nous, en revanche elle m’aide beaucoup à m’adapter avec l’environnement local.

Cédric

Pourriez-vous nous donner plus de détails sur Kamomé International et les services que vous proposez ?

La raison d’être première de Kamomé International, c’est de produire des fictions et des films documentaires. Mais à moins d’être vraiment d’un gros calibre, avec des films systématiquement sélectionnes dans tous les grands festivals, c’est quasiment impossible de faire vivre une société uniquement sur ce créneau. Donc le plus gros de notre activité, ce sont les films d’entreprises ainsi que des publicités pour Internet.

Nous travaillons aussi régulièrement sur des documentaires pour des productions extérieures. Moi comme JRI pour des chaînes de TV Européennes et Américaines, comme Arte et CNN, et Dan-Kee comme productrice ou scénariste pour des chaines locales principalement.

Tournage vidéo pour TCFD – Copyright : Kamomé International

Qu’est-ce qui, selon vous, rend votre société de production unique par rapport à ses concurrents ?

Notre unicité est double. D’une part, du fait de nos nationalités respectives et des langues que nous parlons, nous sommes vraiment à l’aise avec une clientèle venant de tous les continents. J’ai récemment assure le montage d’une série d’interviews filmées en Malaisie pour une société Indienne, et Dan-Kee a travaillé avec National Geographic à plus d’une occasion. C’est notre dimension internationale.

D’autre part, Dan-Kee et moi aimons raconter des histoires, rencontrer des personnes uniques, et nous portons cet amour de la narration dans nos projets personnels mais aussi dans ceux plus commerciaux. Un film d’entreprise est plus riche quand on met l’humain en avant. Ça se traduit aussi par l’image. Quand on filme des interviews, on essaie de les poser dans des lieux plus vivants qu’une salle de réunion aux murs blancs. Et si les endroits disponibles n’offrent aucune alternative, alors on habille l’espace avec des ombres et des lumières. C’est cette attention aux détails et a une certaine esthétique qui nous définit.

Dan-Kee et moi aimons raconter des histoires, rencontrer des personnes uniques

Cédric

Comment décririez-vous l’expérience de travailler avec des clients taïwanais ? Y a-t-il des spécificités culturelles que vous avez dû apprendre et intégrer dans votre manière de travailler ?

La plus grosse différence c’est que même si j’adore mon métier, ce n’est pas tout pour moi. Il n’y a rien de plus important que ma famille et le temps que je passe avec mes filles. Ce temps personnel n’existe pour ainsi dire pas pour la plupart des clients locaux. Quand on travaille pour eux, c’est un peu comme si on leur appartenait. Il nous est arrivé de recevoir un message à minuit pour des changement à exécuter et délivrer dans la demi-heure.

A nos débuts, on s’exécutait sans rien dire. Maintenant, on explique qu’on peut tout à fait le faire, mais vu l’heure et le caractère d’urgence, le montage sera majoré à 200%. La plupart du temps, les clients se trouvent tout d’un coup moins pressés et acceptent d’attendre le lendemain pour une livraison pendant les heures d’ouverture.

Photo de groupe après avoir tourné Raccoon boy – Copyright : Kamomé International

Quels ont été les projets les plus marquants ou significatifs sur lesquels vous avez travaillé jusqu’à présent ?

Notre projet le plus marquant c’est la production et la réalisation de mon premier long-métrage de fiction, THE VERY LAST DAY. A l’exception de moi-même, du compositeur Américain, et de notre acteur principal qui est Malaisien, toute l’équipe était composée d’acteurs et de techniciens Taiwanais. C’était une expérience exceptionnelle qu’il me tarde de recommencer.

Du côté commercial, nous avons eu la chance de travailler pour des marques importantes sur des projets intéressants, comme HP, Microsoft, One Boy, Bank of Taiwan, Shin Kong Life, et j’en passe.

Quels sont les projets spécifiques sur lesquels vous travaillez actuellement ?

Notre activité se divise toujours à peu près à 50-50 entre des projets personnels et d’autre plus commerciaux. Du côté commercial, avec notre liste de clients qui s’agrandit, nous touchons a des projets de plus en plus ambitieux et excitants. Côté personnel, j’ai un nouveau projet de long-métrage dont le scenario est écrit et prêt à tourner, et pour lequel nous sommes maintenant en phase de casting et recherche de financement.

Avez-vous des conseils à donner à quelqu’un qui envisage de travailler ou de s’expatrier à Taïwan ?

Comme je le disais plus tôt, la culture du travail est vraiment différente ici, et on pourrait même dire assez violente. Je pense qu’il faut vraiment s’affirmer si on ne veut pas se faire manger, mais d’un autre côté, quelqu’un qui s’affirme trop peut être considéré comme difficile et se voir présenter la porte.

Ça m’est arrivé lors de ma première année ici. Je n’avais pas bien compris la culture de la face, et je considérais que mon temps personnel était strictement personnel, et ça ne m’a pas bien réussi. Je n’ai plus trop de soucis de ce côté vu que nous avons notre propre société, mais c’est quelque chose dont il faut être conscient je pense avant de venir s’installer ici.

Sur le tournage de « The Very Last Day » – Copyright : Kamomé International & Kendar Chen

Quels sont, selon vous, les avantages et les défis de travailler dans une industrie aussi diversifiée et changeante que celle de la production de contenu vidéo ?

Les avantages, c’est que les jours, les semaines, et les mois ne se ressemblent pas. Ça change sans arrêt, on fait quelque chose de nouveau tous les quatre matins. On apprend aussi beaucoup. Une série de vidéos réalisées pour le TCFD (Taipei City Fire Department) nous a enseigné de nombreuses choses sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire, par exemple, si une personne fait un malaise cardiaque.

Les défis quant à eux sont de deux ordres. D’un part s’adapter à la transformation des outils et méthodes de tournage, qu’il s’agisse des nouvelles caméras, de la régulation drastique concernant les images capturées par drones (Kamomé a une licence de drone et nous ne travaillons qu’avec des pilotes agrées), ou de l’intégration de l’IA dans la chaine de production. D’autre part, les formats de communication changent sans arrêt. Les films publicitaires classiques d’hier ont été remplacés aujourd’hui par les « stories » ou « shorts » filmés à la verticale. Et peut-être que demain il faudra penser une communication en VR ou AR avec l’aide de lunettes spéciales. Dans tous les cas, c’est excitant !

Après avoir fait la lecture d’un storytelling a CUTe Hsinshu en 2013 – Copyright : Kamomé International

Si vous deviez choisir un projet dont vous n’êtes pas satisfaits ou que vous feriez autrement aujourd’hui, lequel serait-il et pourquoi ?

Si c’est un projet pour un client, que j’en sois satisfait ou non est sans importance, du moment que nos clients sont contents. Et comme nous voyons de plus en plus de clients précédents revenir vers nous avec de nouveaux projets, je pense qu’on doit s’y prendre de la bonne manière, donc c’est bon signe.

En revanche, si on parle de projets personnels, je pense que tout le monde grandit et évolue. De fait, même si je ne suis pas toujours satisfait de certaines de mes réalisations, je ne regarde pas derrière moi, mais devant. Donc ce que j’apprends, je ne veux pas le mettre au service d’un rétropédalage, mais plutôt l’appliquer sur mes prochains projets.

Quels sont vos espoirs et ambitions pour Kamomé International au cours des cinq prochaines années ?

Pour l’instant, Kamomé International, c’est Dan-Kee Chuang et moi-même. Donc dans les prochaines années, j’espère que nous aurons l’occasion d’agrandir la société avec l’embauche de talents locaux, aussi bien du côté commercial que créatif.

Et pour finir, quels sont les trois endroits à Taïwan où l’on a le plus de chances de vous rencontrer lorsque vous ne travaillez pas ?

Mon endroit préféré à Taipei, c’est le Musée des Beaux-Arts du côté de Yuanshan Park. Les expositions changent régulièrement, et c’est vraiment comme une église dédiée à l’art pour moi. J’adore cet endroit. J’aime aussi faire des petites randonnées douces avec mes filles. Il y a des montagnes et des parcs naturels partout ici. Enfin, j’ai eu la chance de faire de la plongée à Hengchun dans le comté de Pingtung l’été dernier, et j’ai très envie d’y retourner.

Kamomé International Reel 2022

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À propos de l'auteur

  • Luc

    Fondateur du webzine francophone Insidetaiwan.net Consultant en développement international 🚀des entreprises en Asie du Sud-Est #Taiwan #Tourisme #Société #Culture #Business #Histoire #Foodie

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