Travail illégal à Taïwan : l’affaire Hung et Hou met en lumière les failles du système de courtage

Entre dépendance et exploitation, Taïwan fait face aux failles d’un modèle de recrutement de travailleurs étrangers à bout de souffle.

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La National Immigration Agency (NIA) a récemment annoncé avoir démantelé un réseau illégal de placement de travailleurs migrants, dirigé par un Taïwanais nommé Hung et son épouse indonésienne Hou. Le couple proposait des emplois non déclarés à des travailleurs migrants ayant fui leur employeur, souvent surnommés — à tort — « travailleurs en fuite ». Ces derniers, déjà présents légalement sur l’île, se retrouvent en situation irrégulière après avoir quitté des postes jugés abusifs ou sous-payés.

Selon la NIA, le couple plaçait ces travailleurs dans des emplois de nettoyage, manutention ou travaux de carrière, similaires à ceux exercés par des employés étrangers sous contrat officiel. Hung et Hou prélevaient une commission quotidienne de 500 à 1 100 NT$ sur chaque travailleur, accumulant près de 2 millions de NT$ en quatre mois.

Le courtage : une pratique légale… mais controversée

Cette affaire soulève une question plus large : celle du système officiel de courtage qui encadre l’emploi des plus de 810 000 travailleurs étrangers à Taïwan. Les courtiers agréés jouent un rôle clé dans le recrutement et la gestion des contrats, mais leur modèle économique repose souvent sur des frais exorbitants.

Avant même leur arrivée, les travailleurs doivent contracter des prêts importants pour payer les commissions et les coûts de placement — parfois auprès des courtiers eux-mêmes. Une fois employés, certains voient encore une partie de leur salaire prélevée, les laissant dans une spirale d’endettement qui s’apparente à une forme de travail forcé.

Les gouvernements d’Indonésie, du Vietnam ou des Philippines, ainsi que plusieurs ONG de défense des droits des travailleurs migrants, réclament depuis des années la suppression du système de courtage au profit d’accords gouvernement à gouvernement. Mais les autorités taïwanaises estiment que les courtiers « répondent à un besoin du marché » et hésitent à réformer le système.

Des travailleurs « 3D » et une dépendance structurelle

Taïwan peine à attirer sa propre main-d’œuvre vers les emplois dits « 3D » — Dirty, Dangerous, Demeaning (sales, dangereux et dévalorisants). Ces postes, souvent mal payés, concernent des secteurs essentiels : pêche, agriculture, construction et soins aux personnes âgées.
Or, les règles strictes limitant la possibilité pour les travailleurs étrangers de changer d’employeur ou de catégorie professionnelle les enferment dans des situations précaires. Certains quittent leur emploi initial pour tenter leur chance ailleurs, alimentant ainsi un marché parallèle où interviennent des recruteurs illégaux comme Hung et Hou.

Dans l’agriculture, cette dépendance devient criante : les exploitants ont besoin d’environ 100 000 travailleurs saisonniers, mais les quotas officiels n’autorisent que 12 000 recrutements. Résultat : une partie du secteur repose sur une main-d’œuvre irrégulière.

Un paradoxe gouvernemental

L’ironie est évidente : l’État poursuit les intermédiaires illégaux tout en tolérant un système légal qui crée les conditions de leur existence. Tant que les travailleurs étrangers ne pourront pas changer d’emploi plus librement ou obtenir de nouveaux contrats sans passer par un courtier, ces réseaux continueront d’émerger.

Cette affaire n’est donc pas seulement celle d’un couple frauduleux, mais bien le symptôme d’un système défaillant, où l’équilibre entre contrôle migratoire, besoins économiques et droits humains reste difficile à trouver.

A retenir 🙂

  • 🚨 Un couple taïwano-indonésien gérait un réseau illégal de placement de travailleurs migrants.
  • 💸 Les travailleurs payaient jusqu’à 1 100 NT$ par jour de commission.
  • 🧩 Le système officiel de courtage plonge de nombreux migrants dans la dette.
  • 🌾 Des secteurs clés, comme l’agriculture, dépendent déjà de travailleurs non déclarés.
  • ⚖️ Les autorités hésitent à réformer un modèle qui alimente pourtant les abus qu’elles dénoncent.

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À propos de l'auteur

  • Luc

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