Echec de la procédure de rappels : le KMT garde sa majorité

Vingt‑quatre députés KMT et la maire de Hsinchu survivent à la vague de rappels. Taïwan échappe donc ainsi à une grande destitution.

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Ce 26 juillet, Taïwan a connu la plus grande vague de rappels de son histoire. Vingt-quatre députés du Kuomintang (KMT) et la maire suspendue de Hsinchu, Ann Kao (Kao Hung‑an), étaient soumis à un vote populaire visant à les destituer. Aucun n’a été renvoyé, ce qui laisse le KMT et le Parti du peuple taïwanais (TPP) en position de contrôler le Parlement

Pourquoi cette “Grande destitution” ?

Cette campagne provient d’initiatives citoyennes réunies sous le mot d’ordre « Anti‑communiste, protéger Taïwan ». Elles reprochaient aux élus du KMT d’entraver l’action gouvernementale, de réduire les budgets jugés essentiels et de se montrer trop conciliants avec Pékin. Ces griefs se traduisent par trois accusations principales :

  • Couper les budgets stratégiques : en 2025, la majorité KMT a amputé de 207,5 milliards de NT$ le budget du président Lai Ching‑te, touchant aussi bien les programmes de sous‑marins que le Conseil des peuples autochtones. Des électeurs – notamment des agriculteurs et des groupes autochtones – se sont sentis trahis par ces coupes.
  • Proximité avec la Chine : plusieurs militants craignent que des députés du KMT servent les intérêts de Pékin. L’initiative visait par exemple Fu Kun‑chi, chef de groupe du KMT, accusé de promouvoir des lois favorables à la Chine après avoir rencontré le politburo chinois à Pékin en 2024. Les organisateurs considéraient ces relations comme une menace pour la sécurité nationale.
  • Absence de probité : Ann Kao, élue TPP et première femme à diriger Hsinchu, a été condamnée en 2024 pour détournement de fonds et suspendue. Ses détracteurs estimaient qu’un rappel était nécessaire pour restaurer la confiance dans la mairie.

Comment fonctionne un rappel à Taïwan ?

Le droit taïwanais impose deux étapes pour démettre un élu :

  1. Lancer la procédure : les organisateurs doivent recueillir des signatures représentant au moins 10 % des électeurs de la circonscription. Cela confère un caractère exceptionnel à l’initiative.
  2. Seuil de participation et de votes : le rappel ne peut aboutir que si 25 % des électeurs inscrits votent en faveur et si les « oui » l’emportent sur les « non ».

Cette exigence, très élevée, illustre la volonté de garantir la stabilité des mandats. Cela complique toutefois la tâche pour les initiateurs, en particulier dans des fiefs électoraux solidement tenus par le KMT.

Des résultats qui illustrent les limites du système

Malgré une forte mobilisation citoyenne, seuls six des vingt‑cinq votes ont atteint le seuil de 25 % de participation nécessaire pour espérer démettre un élu. Dans ces six cas, les « non » l’ont dépassé. Dans les dix‑neuf autres circonscriptions, même cette barrière n’a pas été franchie. Deux exemples illustrent bien la situation :

  • Hsinchu : l’exemple d’Ann Kao : sur 356 bureaux dépouillés, 116 263 électeurs ont voté contre sa destitution et 80 814 pour, loin des 90 078 voix nécessaires pour franchir la barre des 25 %. Sa campagne a mis en avant l’idée que renvoyer la maire aurait déstabilisé la ville. Le résultat démontre l’efficacité de cet argument et le soutien de sa base.
  • Hualien : le test Fu Kun‑chi : dans cette circonscription, 65 300 voix se sont opposées au rappel et 48 969 l’ont soutenu. Les votes favorables dépassaient la barre minimale de 47 842 voix, mais la participation et la mobilisation du KMT local ont permis à Fu de rester en fonction. Ce cas montre que les réseaux locaux et la fidélité à un élu de longue date peuvent peser davantage que les critiques nationales.

Réactions et débats

Le Parti démocrate progressiste (DPP), qui soutenait implicitement ces rappels, a reconnu son échec et salué la participation citoyenne. Son secrétaire général, Lin Yu‑chang, a déclaré que cette démarche n’était « pas un affrontement partisan », mais une démonstration de pouvoir civique, et a promis d’ajuster la stratégie du parti pour mieux répondre aux attentes du public.

À l’inverse, Robert Tsao, co‑organisateur du mouvement et ex‑industriel des semi‑conducteurs, a mis en avant la « pénétration de Pékin » comme principal obstacle. Selon lui, les réseaux locaux du KMT dans les régions rurales rendent les destitutions presque impossibles. Cette affirmation suggère que la Chine jouerai un rôle plus profond dans la politique taïwanaise qu’on ne le pense, bien que cette lecture soit controversée.

Conséquences pour la politique taïwanaise

La survie des élus du KMT et de la maire de Hsinchu a plusieurs implications :

  • Maintien de la majorité d’opposition : le bloc KMT‑TPP conserve une majorité confortable qui lui permet de contenir l’agenda du président Lai Ching‑te au Parlement.
  • Remise en question des rappels : l’échec global montre qu’il est difficile d’utiliser l’outil du rappel pour renverser des majorités, notamment face à des électeurs fidèles et bien organisés.
  • Polarisation politique : la campagne a accentué le clivage entre partisans du dialogue avec Pékin et défenseurs d’une ligne plus ferme. Les accusations de “pro‑Chine” ou de “vendu” relancent le débat sur l’identité taïwanaise et ses relations avec la Chine.
  • Prochaines étapes : une seconde vague de rappels, prévue en août, cible sept autres députés du KMT. La mobilisation ou l’essoufflement de ce mouvement dira si la contestation s’affirme ou s’éteint.


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À propos de l'auteur

  • Luc

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