Posté en deux parties sur youtube par un réalisateur avec de faibles moyens, le film d’animation « vie du macaque des chemins de montagne » (山道猴子的一生) qui a déjà accumulé presque 10 millions de vue en 7 jours, devient le sujet de société qui occupe la une des réseaux sociaux et médias à Taiwan.
Un film sur Youtube raffle la une sur le net taïwanais
Une vidéo sur Youtube en mandarin fait fureur sur le net taiwanais depuis 7 jours : le moyen-métrage d’animation de 60 minutes « Vie du macaque des chemins de montagne » a accumulé jusqu’au 21 août presque 10 millions de vues sur youtube. Il évoque les boires et déboires d’un jeune employé de magasin de proximité motard obsédé par sa popularité sur les réseaux sociaux et accaparé par les réalités de la vie urbaine à Taipei.
Ce film d’animation posté en lecture libre sur la plateforme est devenu depuis une semaine le sujet le plus plébiscité sur les réseaux sociaux à Taiwan, et ce malgré la pauvreté des moyens exploités par son auteur Eric Duan, un youtubeur taiwanais et ancien militaire.
Ce film est en réalité un bricolage audiovisuel de 64 minutes en 2 parties qui malgré sa qualité technique moyenne, surprend par la justesse de son scénario, décrivant la réalité de la jeunesse taïwanaise obsédée par les réseaux sociaux (en particulier IG ou Instagram), sous-payée, alourdie de dettes, égocentrique, avec un zoom particulier sur le phénomène social méconnu des motards qui aiment sillonner en groupe les chemins de montagne comme la Route provinciale 9 (entre Taipei et Yilan 台九北宜公路) ou la 7 bis （台七乙公路), routes à la fois connues pour leurs trop nombreux virages sensationnels mais aussi la fréquence des accidents dans ces mêmes virages.
La vie simplement
« Le bonheur de votre vie dépend de la qualité de vos pensées. » Cette citation de Marc Aurèle (traduite en chinois) en début de film annonce la tonalité de ce film où se mêlent des histoires de séduction et d’amour, des amitiés entre motards, des réalités financières quotidiennes que connait un simple jeune employé de supérette et les différentes techniques de débridage de motos aux cylindrées lourdes. Véritable phénomène social, « vie du macaque » est devenu le sujet le plus discuté des repas de famille ou entre amis à Taiwan cet été. Un dessinateur de manga malaysien Kai E Soh a même dessiné une couverture de manga tellement la partie II du film l’a marqué.
Jean Chen, journaliste du site d’information taiwanais « the Reporter », remarque que l’auteur a bien montré subtilement comment il se défend contre un éventuel piratage par des internautes sinophones de l’autre côté du détroit (de Taiwan) : en inscrivant sur le t-shirt « ne jamais oublier son rêve initial, 1989.6.4 » en référence aux événements du 4 juin 1989.
Un film miroir d’une obsession du paraître
« Ce qui est le plus marquant, c’est que ce film dépeint véridiquement la manière dont les motards qui aiment se taper les virages sur la (route provinciale) 7 se parlent entre eux, leur coexistence avec les photographes qui s’exercent posés face à ces virages pour les plus belles prises de vues de leurs virages, et comment ensuite ces photos font la popularité de ces motards sur Instagram. » Dit Albert Wang, motard et propriétaire d’une moto lourde Honda CBR 1000 et habitué de ce milieu. « Ceux qui exhibent à l’arrière (de leur moto) leur copine légèrement habillée aux dimensions généreuses sont bien-sûr également les plus enviés. »
Tel un feuilleton télévisé dont les personnages passionnent le commun des internautes, « Vie du macaque » marque également car il montre bien combien la société taïwanaise vit dans une obsession de l’image (sur les réseaux sociaux) et s’alimente de rêves improbables de richesse et de notoriété en tentant par tous les moyens de dorer cette image.
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