Ma-anshan s’arrête, le débat nucléaire continue

La centrale Ma-anshan ferme, mais la question nucléaire persiste : symbole politique, stratégie énergétique et tensions identitaires.
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Le 17 mai 2025, la centrale nucléaire de Ma-anshan a été mise à l’arrêt, conformément à la durée de vie de 40 ans qui lui était prévue. Une fin annoncée, certes, mais qui ne marque en rien la fin du débat sur le nucléaire à Taïwan. Au contraire : cette fermeture risque bien de raviver les clivages politiques autour de l’énergie nucléaire, et de ramener sur le devant de la scène des tensions idéologiques, historiques et identitaires.

Un symbole plus qu’une source d’énergie

Ma-anshan ne fournissait même pas 3 % de l’énergie du pays. En 2016, le nucléaire ne représentait plus que 12 % du mix énergétique taïwanais. Autant dire que son poids réel dans l’approvisionnement est limité. Pourtant, la portée politique de cette centrale dépasse largement ses kilowattheures. Le KMT en avait fait un symbole, espérant obtenir un sursis de 20 ans supplémentaires pour la maintenir en activité.

Mais ce n’est pas nouveau : le nucléaire est depuis longtemps un champ de bataille politique. On se souvient tous des polémiques autour de la centrale n°4 de Gongliao : arrêts, reprises, pièces venues d’horizons divers — et des querelles intestines même au sein des pro-nucléaires. Mais pour le KMT, chaque réacteur semble incarner un retour à un âge d’or : celui d’un parti unique, d’une croissance soutenue et d’une autonomie énergétique rêvée.

Entre mémoire coloniale et risques sismiques

De son côté, le camp pan-Vert, historiquement anti-nucléaire, s’appuie sur des arguments solides : risques sismiques, gestion des déchets, mémoire coloniale. Le cas de l’île de Lanyu (Orchid Island) reste un traumatisme majeur : les habitants autochtones y ont vu s’installer un centre de déchets nucléaires sous le faux prétexte d’une usine de conserves. Un mensonge d’État, inscrit dans l’histoire des abus du pouvoir centralisé du KMT sur les populations locales.

Derrière l’opposition au nucléaire, il y a aussi une affirmation nationaliste : défendre l’environnement de Taïwan, c’est protéger son territoire contre les logiques d’exploitation centraliste ou néo-coloniale. Le rejet du nucléaire s’inscrit ainsi dans une volonté plus large de contrôle local, démocratique, écologique.

Le dilemme stratégique du DPP

Et pourtant, la situation actuelle est plus complexe qu’il n’y paraît. En cas d’invasion chinoise, les approvisionnements en gaz et pétrole seraient coupés. L’énergie nucléaire, plus autonome, pourrait alors représenter une carte stratégique pour maintenir les infrastructures vitales. Le DPP, bien qu’historiquement anti-nucléaire, a donc ouvert la porte à de petits réacteurs modulaires et même à la réactivation conditionnelle des centrales existantes si le pire devait se produire.

Mais ce virage ne peut pas être brutal. Le DPP est toujours soutenu par une frange importante de la société civile écologique, issue des mouvements sociaux des années 1990 et 2000. Fermer Ma-anshan aujourd’hui, c’est envoyer un signal à cette base militante. Même si, en coulisse, on prépare déjà une doctrine énergétique bien plus réaliste, et moins idéologique, pour affronter les risques géopolitiques.

Une fermeture qui en dit long

La fermeture de Ma-anshan ne résout rien. Elle illustre un moment de bascule : entre mémoire et stratégie, entre principes et réalités, entre passé autoritaire et futur incertain. Le débat sur le nucléaire à Taïwan ne fait que commencer, cette fois déconnecté de l’énergie, mais reconnecté à l’histoire, à la souveraineté et à la survie.

Et ce débat, aussi inconfortable soit-il, est nécessaire. Parce qu’il parle autant de notre rapport au pouvoir, qu’à notre rapport à la terre.


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À propos de l'auteur

  • Luc

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