Au XVIIᵉ siècle, Taïwan devint l’un des terrains d’expansion les plus ambitieux de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC). Soucieuse d’assurer son monopole commercial en Asie, la compagnie chercha à transformer l’île en base stratégique entre la Chine et le Japon. Mais cette ambition se heurta à la résistance des peuples autochtones du sud-ouest de Formose. Entre 1635 et 1636, une série d’expéditions militaires allait changer le visage de l’île : la campagne de pacification néerlandaise, une opération à la fois brutale et fondatrice du pouvoir colonial européen à Taïwan.
Conquête et consolidation du pouvoir colonial
Entre 1635 et 1636, la Compagnie néerlandaise des Indes orientales (VOC) mena une série d’expéditions militaires pour soumettre les villages autochtones hostiles du sud-ouest de Formose. Ces opérations, connues sous le nom de « campagne de pacification néerlandaise », marquèrent un tournant décisif dans l’histoire coloniale de l’île.
Avant cette campagne, les Néerlandais ne contrôlaient guère plus que leur forteresse de Zeelandia, bâtie à Tayouan (actuel district d’Anping, à Tainan), et entretenaient une alliance fragile avec le village de Sinkan. Les autres villages de la région — Mattau, Bakloan, Soulang, Taccariang et Tevorang — menaient régulièrement des raids contre les colons et leurs alliés. L’incident le plus marquant eut lieu en 1629, lorsque soixante soldats néerlandais furent massacrés à Mattau.
Une riposte militaire décisive
Face à la menace, le gouverneur Hans Putmans, successeur du controversé Pieter Nuyts, obtint enfin des renforts de Batavia. En novembre 1635, il lança une offensive avec près de 500 soldats néerlandais et plusieurs dizaines de guerriers autochtones alliés.

Les troupes frappèrent d’abord Bakloan, puis marchèrent sur Mattau, principale force rebelle. Le village fut incendié, une trentaine de ses habitants exécutés, et les chefs forcés de reconnaître la souveraineté néerlandaise.
Peu après, d’autres villages — Soulang, Taccariang, Tevorang — se soumirent à leur tour, souvent sans combattre. Cette victoire militaire imposa ce que les historiens nomment aujourd’hui la « Pax Hollandica », une période de stabilité qui permit aux Néerlandais d’étendre leur contrôle sur une grande partie du sud-ouest de Taïwan.
Une domination politique et économique renforcée
La pacification eut des conséquences durables. D’un simple comptoir commercial, la colonie devint un territoire organisé. Les Néerlandais établirent le réseau des “Villages Unis” (Verenigde Dorpen), inspiré des Provinces-Unies de leur patrie. Ils développèrent le commerce des peaux de cerf, recrutèrent des travailleurs chinois pour cultiver les terres fertiles nouvellement acquises et firent appel aux guerriers autochtones pour d’autres campagnes militaires, comme lors du massacre de l’île de Lamey (1636) ou de la rébellion de Guo Huaiyi (1652).
Cette domination facilita aussi la mission des pasteurs réformés comme Robert Junius, qui utilisa la conversion religieuse comme outil d’intégration. En février 1636, une grande assemblée (Landdag) réunit les représentants de vingt-huit villages à Fort Zeelandia. Ce moment symbolisa la soumission collective des chefs autochtones et la reconnaissance formelle du pouvoir néerlandais.
Héritage historique
La campagne de pacification de 1635-1636 marque la naissance du véritable État colonial néerlandais à Taïwan. Elle transforma un simple port de commerce en colonie territoriale, structurant durablement le sud de l’île. Cependant, cette domination se construisit sur la violence, la soumission et la perte d’autonomie des peuples autochtones, dont la mémoire reste aujourd’hui au cœur des débats sur le passé colonial de Taïwan.
Elle incarne parfaitement la dualité du récit colonial. Pour les Néerlandais, elle représente une « pacification », symbole d’ordre, de progrès et de prospérité commerciale. Les documents de la VOC parlent d’une œuvre civilisatrice, d’une victoire sur la « barbarie », et d’un tournant vers la stabilité régionale.
Mais pour les peuples autochtones, cette même campagne fut synonyme de violence, d’humiliation et de perte de liberté. Les villages incendiés, les exécutions publiques et la soumission forcée des chefs laissèrent une profonde cicatrice dans la mémoire collective. Ce que les vainqueurs qualifiaient de pacification fut, pour les vaincus, une entreprise de domination et d’effacement culturel.
Aujourd’hui, les historiens taïwanais relisent ces événements à travers un autre prisme : celui des premiers conflits coloniaux entre Européens et sociétés austronésiennes. La campagne néerlandaise ne fut pas seulement une conquête militaire, mais le début d’un dialogue brisé entre deux visions du monde — l’une guidée par le commerce et la foi, l’autre par la terre et la mémoire.
📌 A retenir
- ✅ La campagne fut menée par Hans Putmans pour venger le massacre de Mattau en 1629.
- ✅ Elle aboutit à la soumission de vingt-huit villages autochtones en 1636.
- ✅ Elle marqua le passage d’un comptoir commercial à une colonie territoriale.
- ✅ Les Néerlandais instaurèrent la Pax Hollandica, fondant la stabilité coloniale dans le sud-ouest.
- ✅ La campagne ouvrit la voie à l’exploitation agricole, au commerce du cerf et à la mission chrétienne.

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