Aujourd’hui, Insidetaiwan.net part à la rencontre de Julien Ferard. fondateur de Pineapple Web. Et il en est le Digital Marketing Specialist. Il est également un expatrié haut-savoyard à Taïwan depuis des années. Nous allons parler ensemble de son expérience, de son ressenti et bien sûr de tout ce qu’il aime à Taïwan.
Bonjour Julien. Merci d’avoir accepté cette interview en tant qu’expatrié français à Taïwan pour nous parler de cette aventure.
Peux-tu te présenter en quelques mots pour nos lecteurs ?
Je m’appelle Julien, j’ai 34 ans. Je suis originaire de Haute-Savoie (France) et je vis et travaille actuellement à New Taipei.
Depuis combien de temps vis tu à Taïwan et l’île était elle ta première expérience d’expatriation ?
Cela fait plus de 9 ans que je vis à Taiwan. C’est ma première expérience d’expatriation. J’ai beaucoup voyagé avant de m’installer mais je n’ai jamais fait de projet d’installation dans d’autres pays.
Qu’est-ce qui t’a amené à t’expatrier à Taïwan ?
Je suis venu à Taiwan pour la première fois en 2013. C’était pour un échange universitaire de deux semestres avec la NTU (National Taiwan University). Au terme des deux semestres, j’ai souhaité prolonger un peu mon expérience. J’ai, alors, trouvé du travail dans le marketing pour une entreprise locale. Je n’ai jamais planifié de rester à Taiwan sur le long terme. Mais d’année en année, j’ai eu envie de rester et me voilà 9 ans après toujours sur place
Pour construire ton projet d’expatriation, comment t’es tu organisé et quelles ont été tes sources ?
Je n’ai pas fait de « projet d’expatriation » donc je n’ai pas vraiment de conseil à donner à ce propos. Je pense cela dit que de venir pour les études est une excellente manière de « tester » le pays. Cela permet de minimiser les enjeux dans le cas ou l’expérience se passe mal.
En tant qu’expatrié, d’un point de vue culturel, quels sont les changements dans ta vie quotidienne auxquels tu as le plus de mal à t’adapter ?
Trois choses me viennent en tête :
- Le manque de proximité physique :
Les Taïwanais, entre amis, et même souvent en famille se serrent peu la main, ne se font pas la bise, et ne se prennent pas non plus dans les bras. Un signe de tête ou de main suffit en général à dire bonjour et au revoir. Comparativement à la France, peu de couples s’embrassent dans la rue par exemple. La distance physique à respecter entre deux personnes lors d’une discussion est aussi différente.
- Le respect de l’intime
Les Taïwanais sont assez conservateurs par rapport à tout ce qui touche à la sphère de l’intime. Il est difficile de se faire inviter chez des amis (on va plutôt au resto/bar) et beaucoup de discussions restent assez superficielles à moins de très bien connaitre la personne.
- La prévention
La plupart les parcs à Taiwan ont un panneau à l’entrée qui liste explicitement ce qu’il est interdit de faire dans le parc. Beaucoup d’endroits en nature sont interdits d’accès ou font l’objet d’une demande préalable de permis pour y accéder. Une grande partie des bords de rivière à Taipei/New Taipei ont des barrières qui rendent l’accès à la rivière inaccessible. Il serait inenvisageable de se poser comme à Paris en bord de Seine, les pieds dans le vide.
Est-ce qu’il y a eu des aspects de l’expatriation plus faciles ?
Les Taïwanais, de manière générale, sont gentils et serviables. Il est donc relativement facile de se faire comprendre et de se faire aider même si l’on ne maitrise pas bien la langue.
En habitant à New Taipei, on a accès à des centaines de randonnées, aux plages de l’océan pacifique et du détroit de Taiwan et tout cela en moins d’une heure de route. C’est un point de base idéal pour les amoureux de sport et de nature.
La nourriture est excellente et il y a une culture culinaire très riche qui est héritée de la population qui vient de plusieurs régions de Chine, de la population aborigène mais aussi des occupations multiples de l’ile par des pays étrangers.
Qu’est-ce qui te plaît le plus dans le mode de vie taïwanais et ce qui te plaît le moins en tant qu’expatrié ?
La vie est « pratique ». Les convenience stores sont absolument partout et l’on peut y faire absolument tout. Payer ses factures d’électricité, payer le parking, réserver un billet de train, réceptionner ou envoyer des colis, faire imprimer un document, retirer de l’argent… Il est également facile, rapide et peu cher de trouver quelqu’un qui peut intervenir sur un problème dans son logement, sur son véhicule ou tout autre service.
Le mode de vie est en partie influencé par le temps et les saisons. Il pleut souvent dans le nord et l’est de Taiwan, il fait très chaud l’été en milieu de journée et le soleil se couche relativement tôt toute l’année. Il faut donc adapter ses sorties à ce que la météo et les saisons nous offrent.
Tu es le fondateur de Pineapple Web, Je te laisse nous présenter ta société.
J’ai créé Pineapple Web avec mon associé, Maxime Lefèvre, en 2017. Notre entreprise est 100% taïwanaise. Nous sommes une agence digitale qui proposons un service complet allant de la création de sites internet et d’applications web sur mesure à la promotion de nos clients en ligne que ce soit avec de la publicité ou avec du SEO (référencement naturel).
Nous travaillons principalement avec des entreprises taïwanaises qui ont une portée internationale et des entreprises étrangères qui souhaitent intégrer le marché asiatique.
Est-ce facile de créer une société à Taïwan quand on est français et expatrié ?
Ouvrir une entreprise n’est pas compliqué en soit. Je conseille de faire appel à un comptable certifié (CPA) pour s’occuper des démarches administratives.
Ce qui est compliqué, c’est d’obtenir son visa de résident via son entreprise car il existe un minimum de capital à apporter à la création de la boite et un minimum de chiffre d’affaire assez élevé à réaliser dès les premières années pour conserver son visa.
Cependant, il existe des dispositifs mis en place par le gouvernement qui permettent de créer son entreprise avec des conditions privilégiées. C’est le cas du visa entrepreneur qui permet de créer son entreprise avec peu de capital mais avec des conditions qui restent assez difficiles pour le renouvellement.
Quelles sont les difficultés auxquelles tu dois faire face en tant qu’entrepreneur expatrié ?
La langue clairement, que ce soit à l’oral ou à l’écrit. J’ai un niveau intermédiaire qui ne suffit pas pour utiliser le chinois en rendez-vous ou au téléphone avec des clients.
Le système bancaire est archaïque. Il considère les étrangers (même avec un APRC) comme des clients à risque pour la banque. Il est donc difficile d’ouvrir un compte pour déposer le capital à la création de l’entreprise. Et il est quasi impossible de contracter un prêt pour un expatrié.
L’importance d’avoir son tampon d’entreprise et son tampon avec son nom/prénom dès qu’il y a une démarche à faire auprès des banques ou de l’administration. J’y suis désormais habitué mais j’ai perdu beaucoup de temps en transport au début à retourner chercher mes tampons laissés au bureau.
Comment décrirais tu le milieu des affaires à Taïwan ?
Le milieu des affaires est très dynamique. L’économie Taïwanaise a connu une belle croissance an 2021 et est composée d’industries de pointe leaders sur le marché mondial.
L’industrie à Taiwan occupe une place importante dans l’économie. De plus en plus d’entreprises qui historiquement ont toujours fait de l’ODM/OEM cherchent désormais à créer leur propre marque (OBM). Elles cherchent à vendre directement au consommateur final sur le marché mondial. C’est autant d’opportunités pour Pineapple Web, car toutes ces entreprises ont désormais besoin de supports marketing et de visibilité.
Es-tu en contact avec la communauté française de Taïwan et est-elle dynamique ?
En tant qu’expatrié, je connais pas mal de Français installés à Taiwan depuis plusieurs années. Notamment par le biais de Pineapple Web. Je pense que la communauté entrepreneuriale française est l’une des plus dynamiques à Taiwan. Pour celà nous pouvons remercier la CCIFT et la French Tech.
Quels conseils donnerais tu à quelqu’un qui voudrait s’installer à Taïwan ?
Tout dépend de la situation initiale de la personne concernée et des personnes qu’elle amène avec elle.
Pour une personne jeune, célibataire et sans enfant, je conseille de venir sur place en PVT ou en échange universitaire dans un premier temps. Cela permet d’expérimenter la vie à Taiwan en tant qu’expatrié avant de s’installer à plus long terme.
As-tu d’autres projets tant personnels que professionnels ?
Personnellement, je prévois d’aller en France pour quelques mois après 3 ans sans voir ma famille et mes amis.
Professionnellement, nous travaillons actuellement sur un système e-commerce hybride. Nous l’avons développé en interne et il permettra aux clients d’avoir un site e-commerce très rapide, 100% personnalisé, et très simple à manager.
Et pour finir, peux-tu nous donner 3 lieux où on a de grandes chances de te croiser, toi l’expatrié, à Taïwan ?
A Sunshine Sports Park en semaine, à Dapinglin dans le quartier où je travaille. Et le week end vous pouvez me trouver sur la côte est, en bord de mer ou en montagne!
Si vous souhaitez en savoir plus sur la CCIFT n’hésitez pas à lire notre interview de Stéphane Peden, son directeur général. Vous pouvez également prendre contact avec Julien par l’intermédiaire de ses réseaux sociaux :
- Son profil LinkedIn, en cliquant ici
- La page Facebook de sa société, en suivant ce lien
- Le site internet de Pineapple Web en cliquant ici