Entre 1937 et 1945, au cœur de la Seconde guerre sino-japonaise, le Kuomintang (KMT) mobilise massivement l’image comme outil politique et militaire. Les affiches de propagande produites durant cette période visent un objectif clair : inciter la population à rejoindre l’armée et légitimer la lutte armée contre l’Empire japonais. Ces visuels, aujourd’hui conservés et largement diffusés en ligne, constituent des sources historiques majeures, à la fois artistiques, idéologiques et mémorielles. Leur étude permet de comprendre comment le régime nationaliste de la République de Chine (1912–1949) a façonné un imaginaire de guerre fondé sur la mobilisation totale, la diabolisation de l’ennemi et l’unité nationale.
Un contexte de guerre totale et de survie nationale
L’invasion japonaise à grande échelle débute en juillet 1937, plaçant la Chine nationaliste dans une situation de guerre existentielle. Le KMT, dirigé par Chiang Kai-shek, doit à la fois résister militairement, maintenir la cohésion interne et affirmer sa légitimité face aux communistes chinois.
Dans ce contexte, la propagande visuelle devient un instrument central de l’État, complémentaire aux discours, à la presse et à l’éducation politique. Les affiches s’adressent à une population largement rurale et peu alphabétisée, ce qui explique le recours à des images fortes, à des symboles immédiatement reconnaissables et à des slogans courts, percutants.
➡️ le soleil blanc à douze rayons, emblème du KMT, apparaît systématiquement, rappelant que la défense de la nation passe par l’allégeance au régime nationaliste.
Une esthétique hybride entre influences étrangères et codes chinois
Visuellement, ces affiches frappent par leur esthétique hybride. On y observe des soldats portant des casques de type Stahlhelm, hérités des coopérations militaires entre le KMT et l’Allemagne de l’entre-deux-guerres, ainsi que des équipements inspirés du matériel de la Première Guerre mondiale.
Cette iconographie occidentalisée cohabite avec des calligraphies chinoises puissantes, des compositions verticales et une palette chromatique dominée par le rouge, le bleu et le noir, couleurs associées respectivement au sacrifice, à la nation et à la violence du conflit.
➡️ certaines affiches montrent des soldats stylisés avançant en formation rigide, évoquant la discipline et la modernité militaire, tout en conservant une narration visuelle compréhensible pour un public chinois.


La figure de l’ennemi : déshumanisation et rupture idéologique
L’un des aspects les plus marquants de ces affiches réside dans la représentation du Japonais. L’ennemi y est fréquemment caricaturé : corps déformé, traits exagérés, attitudes brutales ou lâches. Cette déshumanisation vise à justifier la violence et à renforcer la détermination des combattants.
Ce choix iconographique marque une rupture nette avec la période antérieure à 1937, durant laquelle certains dirigeants du KMT, dont Sun Yat-sen et Chiang Kai-shek, adhéraient encore à une forme de pan-asianisme, nourrissant des liens avec des intellectuels et militaires japonais.
➡️ après 1937, cette vision disparaît totalement au profit d’une propagande où le Japon est présenté comme un envahisseur barbare, sans ambiguïté morale.
Mobiliser les corps et les esprits
Au-delà de la haine de l’ennemi, ces affiches cherchent à produire un engagement actif. Les slogans appellent à s’enrôler, à tenir jusqu’à la victoire finale et à accepter le sacrifice individuel pour la survie collective.
La guerre y est présentée comme une épreuve morale, où chaque citoyen a un rôle à jouer, qu’il soit soldat, travailleur ou soutien logistique.
➡️ certaines compositions montrent des poings serrés, des drapeaux plantés dans le sol ou des silhouettes avançant vers les flammes, symbolisant la détermination et l’irréversibilité du combat.


Interdiction et répression de la propagande nationaliste à Taïwan sous domination japonaise
À Taïwan, alors colonie de l’Empire japonais entre 1895 et 1945, la diffusion de ce type d’affiches du Kuomintang était strictement interdite. L’administration coloniale considérait toute référence à la République de Chine, à ses symboles – notamment le soleil blanc à douze rayons – ou à l’appel à la lutte contre le Japon comme un acte subversif relevant de la sédition. La possession, l’impression ou la circulation de matériel de propagande nationaliste exposait les contrevenants à des sanctions sévères, allant de l’arrestation à l’emprisonnement, dans un contexte de surveillance politique étroite.
Cette censure s’inscrivait dans une politique plus large d’éradication des sentiments chinois et de promotion de l’idéologie impériale japonaise, en particulier durant la période de mobilisation totale de la guerre du Pacifique. L’absence quasi totale de ces affiches dans l’espace public taïwanais durant la période coloniale rappelle ainsi que Taïwan n’était pas un simple arrière-front, mais un territoire étroitement contrôlé, où toute expression visuelle hostile à l’occupant était perçue comme une menace directe à l’ordre colonial.

🔹 L’essentiel à retenir
- 🖼️ La propagande visuelle est centrale dans l’effort de guerre du KMT
- ⚔️ L’ennemi japonais est volontairement caricaturé et déshumanisé
- 🌏 Influences allemandes et soviétiques visibles dans l’iconographie militaire
- ☀️ Le symbole du soleil blanc affirme la légitimité du régime nationaliste
- 📜 Ces affiches restent des sources historiques majeures, à lire avec recul

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