Les héros martyrs Hakka : guerriers unificateurs de Taïwan

Plongez dans le riche passé de Taïwan à travers le prisme des martyrs Hakka : sanctuaires, légendes et héritage culturel !
Temple dédié aux martyrs Hakka à Hsinchu

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Au cœur de l’histoire taïwanaise, les Hakkas ont traversé des épreuves et des défis imposés par des adversaires redoutables, notamment les Hoklo et les Formosan. Ces guerriers, symboles de résistance et d’unification, ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective de Taïwan.

Aujourd’hui, ils sont honorés et célébrés à travers plus de 60 sanctuaires dédiés sur l’île, témoignant de leur bravoure et de leur sacrifice en tant que martyrs Hakka, ou 義民. Leur histoire, riche en leçons et en inspirations, mérite d’être revisitée pour comprendre l’impact profond qu’ils ont eu sur la formation et l’identité de la nation taïwanaise.

L’assimilation chinoise de Taïwan au XVIIe siècle

En 1683, l’empire Qing, d’origine mandchoue, s’est emparé du royaume de Formose, marquant ainsi la première fois que Taïwan fut intégrée à un État chinois. Cette annexion par la dynastie Qing a inauguré une période d’intense colonisation chinoise de l’île.

Bien avant cette ère, sous les dominations hollandaise et formosane, des vagues d’immigrants chinois, notamment les Hoklo et les Hakkas, avaient déjà foulé le sol taïwanais, fusionnant progressivement avec les communautés formosanes autochtones. Toutefois, c’est véritablement sous le règne des Qing que les cultures Han ont solidement pris racine à Taïwan.

Tandis que les peuples autochtones maintenaient leur suprématie sur les hauts plateaux de l’île, les plaines de l’ouest s’imprégnaient de la présence des communautés sinophones. Les Hoklo, pour leur part, s’établirent majoritairement dans les basses terres fertiles, tandis que les Hakkas, malgré leur supériorité numérique, optèrent pour une vie de frontaliers, se positionnant dans les régions vallonnées situées entre les territoires Hoklo et formosans.

Taïwan au carrefour des tensions

Entre les XVIIIe et XIXe siècles, Taïwan se caractérisait par un paysage politique marqué par un régionalisme exacerbé, des affrontements inter-factionnels et une instabilité civile palpable. En parallèle, des sociétés secrètes prospéraient, souvent ancrées dans des particularités locales, des affiliations ethniques ou des alliances de guildes.

L’autorité de l’empereur basé à Pékin sur Taïwan était, à cette époque, plutôt symbolique qu’effective. Face à ce vide de pouvoir central, les Taïwanais ont vu l’urgence de s’organiser. Ils ont alors créé des confréries distinctes, structurées autour d’enjeux ethniques, économiques et territoriaux.

Les tensions étaient palpables, et il n’était pas rare que des désaccords dégénèrent en véritables batailles territoriales. Ces conflits s’enflammaient avec une vélocité déconcertante, chaque partie sollicitant le renfort de ses clans ou factions alliés. Cette période tumultueuse est souvent désignée comme celle des « États en guerre » taïwanais.

Il y eut des moments où une convergence d’intérêts émergea parmi ces factions rivales. Cependant, ces rapprochements étaient généralement éphémères et se manifestaient sous la forme d’insurrections massives contre la dynastie Qing.

Afin de rétablir un semblant d’ordre et de contrer la montée des rebellions, la cour de Pékin décida de mobiliser des ressortissants taïwanais en créant des milices. Ces miliciens, désignés sous l’appellation mandarine « Yìmín », étaient issus de toutes les ethnies de l’île, que ce soient les Hoklo, les Hakka ou les autochtones formosans. Néanmoins, au sein de cette mosaïque, le rôle des Hakkas se distingua particulièrement.

les milices Hakka défenseurs de Taïwan au XVIIIe siècle

La stratégie des Qing a ouvert une porte inespérée pour les Hakkas, une communauté souvent reléguée à la marge. De diverses régions de Taïwan, des hommes Hakka, robustes et résolus, se sont joint aux rangs des administrations et des garnisons militaires.

Cette reconnaissance impériale, couplée à un soutien tangible, a permis à ce peuple autrefois marginalisé de s’ancrer fermement sur le sol taïwanais.

Durant le XVIIIe siècle, face à d’incessantes insurrections des Hoklo et des populations indigènes, Pékin s’est appuyée sur les milices Hakka. Ces guerriers, dévoués à la cause, ont renforcé la précaire emprise de l’Empire sur Taïwan. Leur présence rassurante a fait d’eux, aux yeux de la population, les véritables gardiens de l’île.

En tombant au combat, que ce soit lors de la répression des mouvements insurrectionnels ou en défendant les territoires Hakka, ces hommes étaient souvent inhumés dans des sépultures collectives. Dans la tradition Hakka taïwanaise, le martyre mène souvent à la sacralisation. Ainsi, ces guerriers devenus esprits sont intégrés au panthéon Hakka et vénérés dans divers sanctuaires à travers l’île.

Il était clair que les intérêts des Hakkas divergeaient de ceux de l’Empire. Leur combat était personnel, alors que l’Empire cherchait simplement des forces sur le terrain. Cette coopération, bien que pragmatique, a été bénéfique pour les deux parties.

Pour les Hakkas, ces sanctuaires n’étaient pas de simples mémoriaux. Ils symbolisaient des lieux où l’identité, la fierté et la résilience Hakka se forgeaient. Ces espaces sacralisés rendaient hommage à ceux qui sont tombés, offrant à une communauté marginalisée l’espoir de s’épanouir au sein du paysage colonial de Taïwan.

La persévérance des Hakkas, qui sont restés le deuxième groupe ethnolinguistique de l’île malgré la majorité Hoklo et les peuples autochtones établis, témoigne que les sacrifices endurés n’ont pas été vains.

Les martyrs Hakka de Taïwan : le culte historique du sanctuaire de Xinpu

Un aspect remarquable des Hakkas de Taïwan, qui les distingue de leurs homologues d’autres régions, est le culte fervent qu’ils vouent aux martyrs. Cette spécificité culturelle s’ancre principalement dans le nord-ouest de Taïwan, avec le sanctuaire des martyrs de Xinpu (temple Fangliao Yimin) situé dans le comté de Hsinchu. Derrière ce lieu emblématique se cache une histoire captivante que nous allons vous narrer.

Vers la fin des années 1780, Taïwan traversait une période tumultueuse, marquée par une vaste insurrection. À la tête de cette rébellion se trouvait un Hoklo taïwanais, Lín Shuǎngwén (ou Lîm Sóng-Bûn en taïwanais), donnant son nom à cet épisode historique : la « rébellion de Lín Shuǎngwén ».

En 1787, les troupes loyales à Lín lancèrent une offensive contre les bastions Hakka dans le nord-ouest de Taïwan, région correspondant aujourd’hui à Hsinchu. Les affrontements furent sanglants et, dans leur sillage, de nombreux miliciens Hakka gisaient sans sépulture sur les champs de bataille.

La légende raconte qu’un groupe de villageois, mue par le respect des défunts, embaucha des charretiers pour rassembler et inhumier ces guerriers déchus. Chargés de ces dépouilles, ils entreprirent de se diriger vers un lieu de sépulture en montagne. Cependant, à la tombée de la nuit, les bœufs, comme s’ils étaient guidés par une force mystérieuse, refusèrent d’avancer davantage, s’arrêtant près du village de Xinpu. Y voyant un présage, les charretiers choisirent d’inhumer les défunts à cet endroit précis.

Au lever du jour, lorsqu’ils revinrent pour finaliser la sépulture, une vision étonnante les attendait : des fourmis s’employaient à ériger un mausolée pour les guerriers Hakka. Face à ce spectacle, la nouvelle se propagea rapidement. Une fois le tombeau finalisé, un temple fut érigé à cet emplacement, devenant un lieu de pèlerinage pour les Hakkas désireux de rendre hommage à ces martyrs.

Aujourd’hui, le sanctuaire des martyrs de Xinpu est non seulement un pilier central du culte Hakka à Taïwan, mais il est également à l’origine de nombreuses déclinaisons et extensions à travers l’île.

*Ce texte est traduit de l’anglais avec l’aimable autorisation du site Islandfolklore.com.
Retrouvez l’article original en cliquant sur le lien suivant.


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À propos de l'auteur

  • Island Folklore est un répertoire en ligne des contes populaires, de l'histoire, des légendes, des mythes et des traditions de Taïwan : Des contes autochtones austronésiens aux récits des colons sinisés, des coutumes importées par les colons japonais aux croyances introduites par les missionnaires indo-européens.

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