Festival du Double 9 : 重陽節 ou Chong­yang Festival

Tout savoir sur les traditions et tabous du Double 9 ou Chong­yang festival, de la légende de Hang King aux rituels de chrysanthème !
Festival du Double 9 - Copyright : Shutter Stock

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Dans le panorama des célébrations et des rituels qui forment le socle spirituel de Taiwan, le Chongyang festival ou Double 9 occupe une place particulière. Cette année il se fête ce lundi 23 octobre (soit le 9ème jour du 9ème mois). Né d’une légende ancienne, ce festival est devenu une tradition complexe qui reflète les croyances, les préoccupations et la philosophie de la culture taïwanaise.

Avant de vous guider à travers les coutumes, la gastronomie et les tabous de cette journée, il est essentiel de revisiter les origines mythologiques qui lui confèrent sa profondeur et sa signification.

Origine du Chong­yang Festival

Au sein des traditions de la Chine ancienne, la fête du Double 9, également connue sous le nom de Festival du Chongyang, occupe une place singulière. Selon une légende provenant de la dynastie Han de l’Est, une entité démoniaque associée à la peste infestait une rivière locale, entraînant une épidémie mortelle au sein de la population environnante.

Hang King, un individu affecté de manière tragique par la peste qui avait décimé sa famille, s’est engagé dans une quête de connaissance pour éradiquer cette entité maléfique. Il est parvenu à localiser un être céleste doté de compétences mystiques, désigné comme le patriarche d’une lignée spirituelle. Cette entité divine a informé Hang King que le neuvième jour du neuvième mois du calendrier lunaire serait particulièrement propice aux agissements du démon.

Sous l’instruction du patriarche céleste, Hang King a été doté de feuilles de Cornus et d’une infusion de chrysanthème, des éléments associés aux rituels d’exorcisme et de purification dans le canon spirituel chinois. On lui a également confié une épée mythique, capable de subjuguer des entités surnaturelles, ainsi que des formules incantatoires pour contrer les influences néfastes.

Au matin de la date indiquée, Hang King a distribué ces objets sacrés aux habitants du village, conformément aux directives du patriarche céleste. Lorsque le démon a émergé de son repaire fluvial, il a été immédiatement repoussé par l’odeur pénétrante des feuilles de Cornus et de l’infusion de chrysanthème. Se saisissant de cette opportunité, Hang King a employé l’épée divine pour anéantir le démon, libérant ainsi la communauté de son emprise.

Ce récit fondateur a donné naissance à une pratique rituelle observée chaque année le jour du Double 9, où les personnes grimpent à des altitudes plus élevées et utilisent des objets et des infusions similaires pour conjurer le mal. Ce comportement collectif est perçu non seulement comme un acte mémoriel mais également comme une stratégie d’évitement des calamités.

Coutumes liées au Chong­yang Festival

Un jour de sortie

Le festival du Double Neuf se déroule en automne, coïncidant avec la saison des récoltes. Cette période se caractérise par des conditions météorologiques clémentes, une luminosité accrue et une ambiance générale de joie due à l’abondance de la récolte. Ces éléments conjugués contribuent à créer une atmosphère à la fois festive et conviviale. En raison de ces conditions favorables, le festival est particulièrement propice à la réalisation d’activités en extérieur.

Alors, que vous soyez du genre à escalader une montagne ou simplement à vous balader dans un joli parc, le Double Ninth est votre ticket pour du fun en plein air. Allez, sortez et profitez de cette journée au max ! Mais n’oubliez pas d’appeler vos ainés pour leur souhaiter la santé. Et pourquoi pas organiser un pique nique avec eux ?

Cette année le maire de Taipei a décidé de rétablir une ancienne tradition : distribuer des aides aux personnes âgées résidentes à Taipei. Pour en savoir plus n’hésitez pas à lire notre article dédié.

Les traditions alimentaires liées au Chong­yang Festival

Lors de la célébration du Double 9, l’usage du chrysanthème est particulièrement à l’honneur tant dans la gastronomie que dans les traditions médicinales. Ce rituel s’articule principalement autour de la dégustation de vin de chrysanthème et de gâteaux élaborés à partir de cette fleur. Éminent ingrédient dans la pharmacopée chinoise traditionnelle, le chrysanthème est prisé pour ses propriétés curatives présumées. Dans l’antiquité, on lui attribuait la faculté de repousser les forces maléfiques et de prévenir les maladies saisonnières survenant au crépuscule de l’automne.

En outre, le mot « Jiu », qui signifie vin en chinois, joue un rôle intéressant dans cette célébration. Il se trouve que « Jiu » est un homonyme du terme chinois signifiant « long », ce qui évoque la notion de longévité. Cette coïncidence linguistique ajoute une couche symbolique à la dégustation du vin de chrysanthème, faisant ainsi écho à des aspirations à une vie longue et saine.

Certains anciens dégustent un gâteau appelé : le gâteau de Chongyang. Il s’agit d’un gâteau traditionnel consommé lors du festival de Chongyang. Un mélange composé principalement de farine de riz et de sucre est cuit au four et à la vapeur, puis décoré de jujubes, de châtaignes et d’amandes. Comme le mot pour « gâteau » (糕) ressemble à celui pour « hauteur » (高) en chinois, les gens le considèrent comme un aliment porte-bonheur.

Tabous et festival

Dans le contexte du Double 9, des tabous spécifiques sont à observer avec rigueur. Pour illustrer, selon les coutumes traditionnelles, les femmes sont dissuadées de se livrer à des tâches ménagères durant cette journée. Cette prescription n’est pas simplement un rituel arbitraire, mais un geste de déférence à l’égard des aînés de la communauté. Le non-respect de cette règle peut être interprété comme un acte d’irrévérence qui pourrait potentiellement entraîner de la malchance dans la vie de la personne fautive.

En outre, la coutume taïwanaise interdit expressément l’usage du terme « bonne fête » pendant cette célébration. Ce tabou repose sur la symbolique du chiffre neuf dans la culture chinoise et taïwanaise, qui est le chiffre le plus élevé et, par extension, associé à de grandes malchances. Par conséquent, souhaiter « bonne fête » serait incongru en cette journée dédiée à l’évitement du malheur. Ainsi, la norme sociale veut que l’on préfère des vœux de bonne santé, soit à l’individu directement concerné, soit à l’ensemble de sa famille. Ce choix de mots est en harmonie avec l’esprit d’évitement du malheur qui caractérise cette fête.


Vous souhaitez en apprendre plus sur la société taïwanaise et les fêtes célébrées ? Lisez nos articles dédiés :


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À propos de l'auteur

  • Luc

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