Qui sont les Taïwanais aujourd’hui ?

Un panorama clair du peuple taïwanais : autochtones, Han, nouveaux résidents, diaspora et évolution de l’identité nationale à Taïwan.
Les Bunum en 1900 - Copyright : Wiki Commons

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L’expression « Taïwanais » semble simple, mais elle recouvre une réalité historique, ethnique et politique complexe. L’île a connu, en quelques siècles, l’arrivée successive de peuples austronésiens, de migrants han venus du Fujian et du Guangdong, de réfugiés du régime nationaliste chinois, puis de nouvelles vagues d’immigration venues d’Asie et du reste du monde. Parallèlement, l’identité taïwanaise s’est affirmée au fil de la colonisation japonaise, de l’autoritarisme du Kuomintang et de la démocratisation. Aujourd’hui, parler des Taïwanais, c’est donc autant décrire une mosaïque de populations que comprendre comment elles se pensent comme un même peuple.

Un peuple issu de multiples vagues migratoires

Les Taïwanais regroupent d’abord les peuples autochtones austronésiens, présents sur l’île bien avant l’arrivée des colons han. Ces populations indigènes, aujourd’hui reconnues officiellement comme « peuples autochtones de Taïwan », représentent environ 2 à 3 % de la population et se composent de groupes variés (Amis, Paiwan, Atayal, Bunun, Tao, etc.), avec leurs langues, leurs rites et leurs territoires spécifiques.

À partir du XVIIᵉ siècle, de vastes flux migratoires venus du Fujian et du Guangdong amènent des populations han parlant majoritairement le hokkien (Taïwanais / Tai-gi) et le hakka. Ces migrants deviennent, au fil des générations, le cœur démographique de l’île : aujourd’hui, les Taïwanais d’origine hoklo représentent environ 70 % de la population, les Hakkas autour de 10–15 %, tandis que les descendants des migrants arrivés après 1945, souvent désignés comme « waishengren » (外省人, « continentaux »), constituent une minorité plus réduite.

Depuis les années 1990, une nouvelle catégorie est apparue : les « nouveaux résidents » (新住民). Il s’agit notamment de conjoints venus de Chine continentale, du Vietnam, de l’Indonésie, des Philippines, de la Thaïlande ou d’ailleurs, ainsi que de leurs enfants. Leur arrivée reflète l’intégration de Taïwan aux flux migratoires mondiaux et contribue à redéfinir la notion même de « Taïwanais » dans un sens plus civique que strictement ethnique.

Une représentation d’un Formosan selon Caspar Schmalkalden – Copyright : Wiki Commons

Définir « Taïwanais » : entre histoire, mémoire et identité

Le terme « Taïwanais » n’a pas toujours désigné la même réalité. Sous la colonisation japonaise (1895–1945), les habitants de l’île sont administrés comme sujets de l’Empire, mais développent progressivement une conscience locale distincte, nourrie à la fois par l’oppression coloniale et par les mouvements politiques et culturels.

Après 1945, avec la prise de contrôle par la République de Chine et l’arrivée de nombreux immigrés du continent, la société se structure autour de la distinction entre « natifs de Taïwan » (本省人, Hokkien, Hakka, autochtones) et « continentaux » (外省人). Les traumatismes du massacre du 28 février 1947, de la Terreur blanche et des décennies de loi martiale renforcent l’idée que les expériences historiques de ces groupes diffèrent.

Depuis la démocratisation des années 1980–1990, la notion de « Taïwanais » s’est élargie. Dans l’usage courant, elle désigne soit :

  • les personnes « nées et élevées à Taïwan », par opposition à celles arrivées plus tard ;
  • soit, de plus en plus, tous les résidents qui se reconnaissent dans la société taïwanaise, quelle que soit leur origine familiale.

Les enquêtes d’opinion récentes montrent qu’une large majorité des habitants se définissent aujourd’hui d’abord comme Taïwanais, et non comme Chinois, même si une part non négligeable continue d’adopter une double identité (Taïwanais et Chinois). Cette évolution reflète le poids de l’expérience historique locale, la démocratisation, mais aussi les tensions avec Pékin et l’observation du cas de Hong Kong.

Langues, religions et culture : un socle commun

La société taïwanaise se caractérise par une grande diversité linguistique. La langue officielle est le mandarin (guoyu), utilisé dans l’administration et l’éducation. Mais une partie importante de la population parle au quotidien le taiwanais (hokkien), d’autres le hakka, et les peuples autochtones conservent – souvent avec difficulté – leurs langues austronésiennes. Taïwan met de plus en plus en place des politiques de revitalisation linguistique, dans les écoles et les médias, afin de préserver ces idiomes menacés.

Sur le plan religieux, la majorité des Taïwanais pratiquent une combinaison de bouddhisme, de taoïsme et de cultes populaires mêlés à un fort culte des ancêtres. Les temples, les processions de Mazu, les fêtes comme le Nouvel An lunaire, la Fête des lanternes ou la Fête des fantômes structurent le calendrier social et renforcent le sentiment d’appartenance. Des minorités chrétiennes (protestantes et catholiques), musulmanes et d’autres confessions complètent ce paysage pluriel.

Dans ce contexte, on parle souvent de « culture taïwanaise » pour désigner un ensemble de pratiques, de cuisines, de fêtes et de références communes, nées du mélange entre héritages chinois, austronésiens, japonais et influences globales contemporaines. Les Taïwanais partagent ainsi des éléments forts : l’importance de la famille, la valorisation de l’éducation, une culture politique marquée par la démocratie et les droits civiques, et un rapport très vivant à l’espace public (marchés de nuit, street food, mobilisations citoyennes).

Une diaspora active et un peuple tourné vers le monde

Les Taïwanais de la diaspora forment une extension importante du peuple taïwanais. On trouve de fortes communautés en Amérique du Nord (États-Unis, Canada), en Asie du Sud-Est, au Japon, en Australie ou encore en Europe (notamment en France, au Royaume-Uni et en Allemagne).

Ces communautés, installées depuis les années 1950–1980 pour des raisons d’études, d’emploi ou de contexte politique, ont contribué à diffuser l’image de Taïwan à l’étranger, à soutenir les mouvements démocratiques et à créer des réseaux économiques et scientifiques. Aujourd’hui encore, une part importante des étudiants taïwanais choisissent de partir à l’étranger, tandis que de nombreux binationaux ou « Taïwanais de retour » apportent à l’île des compétences et des expériences internationales.

Cette circulation permanente entre l’île et le monde alimente une identité taïwanaise ouverte, marquée par la mobilité, le plurilinguisme et une forte capacité d’adaptation aux standards internationaux, que ce soit dans la technologie, la recherche, la culture ou les industries créatives.

Identité taïwanaise : une construction toujours en cours

Être Taïwanais aujourd’hui, ce n’est donc pas seulement appartenir à une origine ethnique particulière, mais se reconnaître dans une expérience historique partagée, un espace politique démocratique et un projet de société. La montée de l’auto-identification comme « Taïwanais » dans les sondages, le débat sur les langues locales, la revalorisation des peuples autochtones et la visibilité croissante des nouveaux résidents témoignent d’une identité en constante redéfinition.

Cette identité reste traversée par des tensions : rapport à la Chine, débats sur le statut international de Taïwan, fractures mémorielles entre générations ou entre groupes (autochtone/han, natifs/continentaux, etc.). Mais c’est précisément dans la manière de gérer ces tensions – par le débat public, les élections, la justice transitionnelle et la reconnaissance de la diversité – que se construit, jour après jour, la réponse à une question simple en apparence : qui sont les Taïwanais ?

📝 À retenir

  • 🌏 Taïwan est une société multiethnique, combinant peuples autochtones austronésiens, majorité han (hoklo, hakka, waishengren) et nouveaux résidents.
  • 🧬 Le mot « Taïwanais » peut désigner soit les natifs de l’île, soit l’ensemble des résidents qui s’identifient à Taïwan.
  • 🗣️ Les langues (mandarin, taïwanais, hakka, langues autochtones) et les religions populaires forment un socle culturel commun malgré la diversité.
  • 🌍 Une importante diaspora taïwanaise contribue au rayonnement du pays et renforce les liens économiques, scientifiques et culturels avec le reste du monde.
  • 🗳️ Les enquêtes d’opinion montrent une montée continue de l’identité taïwanaise, liée à la démocratisation et aux tensions régionales.

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À propos de l'auteur

  • Luc

    Fondateur du webzine francophone Insidetaiwan.net
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